La nuit étoilée, deux séances mémorables
La manifestation des Capucins.
J'ai particulièrement affectionné cette oeuvre d'une subtilité, d'une poésie, d'un raffinement qui vont de par avec une originalité frappante.J'eus l'idée de réunir dans mon auditorium, autour de quelques amateurs, trois personnalités : un spécialiste de Van Gogh qui commenta le tableau agrandi, le Pr. Luminet, grand spécialiste des trous noirs, venu avec des films impressionnants et le Maître Henri Dutilleux qui aima beaucoup l'environnement enthousiaste et recueilli.
La seconde manifestation se déroula sous de mauvais auspices car on venait de dévaliser au cours d'un hold up sanglant la quali totalité de ma collection d'instrument d'écritures la toute première au monde.
On rendit hommage au maître et à l'oeuvre par l'affectation de l'auditorium à la Nuit Etoilée. La grande poetesse Claudine Helft composa un poème à ce propos, merveilleusement calligraphié en bleu sur fond translucide, par Claude Médiavilla, qui fit également le pupitre de méditation, et demanda à un grand glyptologue et calligraphe sur pierre, de réaliser le pupitre lui-même, marqué HD.
Malheureusement les nécessités d'une insonorisation totale (pour éviter un procès avec l'habitant du premier, une avocate! porta atteinte à l'acoustique. On dut compenser par un réglage très rigoureux des Hartley-Quad-Decca et des gigantesque HP de basse, et l'électronique réalisée par un génie de l'electronique, Mark Levinson; l'insuffisance de réverbération. Henri Dutilleux fut un peu déçu par rapport à l'audition dans mon premier auditorium.
Je ne résiste pas à propos de cette trop bienveillante manifestation d'amitié qui m'honore particulièrement, de la placer dans le contexte partisans et détracteurs de la musique enregistrée.Ces quelques appréciations du maître montre que loin de mépriser les bons enregistrements, qu'il écoutait souvent (comme la plupart des chefs que je connais, de Leibowitz à Eischenbach) il les utilisait et les appréciait. Certes, rien ne vaut le "sur le vif" mais on ne peut y entendre ce qu'on cherche, quand on le cherche, et de la qualité désirée.
Rappelons les commentaires de notre ami Monsù Eusèbe Taillefine en train de me prendre à partie. Dans ce contexte incongru; ils sont à la fois révélateurs d'un état d'esprit et fort réjouissants.
C'est Emmanuel Dyan qui a trouvé la référence à chercher sous Tamino (et non Pamino comme je l'ai fait par erreur)
"Tartarin de Tarascon (C'est moi) racontait à Remigis, le 9 décembre dernier, sa détestation pour le public des concerts qui voyage dans le monde entier pour écouter ses idoles. Karajan hier, Gergiev aujourd'hui.
Notre Tartarin, qui n'en est pas à une contradiction près, se déteste-t-il lui même?
Lui qui naguère
fréquentait Bayreuth et Salzbourg, certainement pour quelques randonnées sur le Monschberg ou des promenades dans la forêt de Fleckel. J'ignorais que je connûsse ces sites que mon critique en échange ne doit pas hésiter à visiter. Qu'il revendique donc ses randonnées alpestres, et me laisse à mon ignorance.
Notre Tartarin se targue d'être un vrai connaisseur et c'est par conséquent en vrai connaisseur qu'il regarde la retransmission de Tristan sur un petit écran de télévision dont le son nous ferait confondre l'orchestre philharmonique de Vierzon avec celui de la Scala.
A vrai dire je ne pensais ni à Vierzon, ni à la Scala, mais tout simplement à Tristan et Isolde.
Une de ses connaissances, Eusèbe Tartefine, a préféré écouter le samedi soir 7 décembre une violoniste au Théâtre des Champs-Elysées.
Quelle offense à l'art!
Cette jeune violoniste s'appelle Julia Fisher, c'est une musicienne remarquable. Notre Tartarin qui sait tout sur tout, la qualifie de jeune violoniste à la mode jouant un florilège exquis. Il omet de préciser qu'il ne l'a jamais entendue. Tartarin ne sait évidemment pas grand chose sur rien, puisque contrairement à Eusèbe, il est loin d'avoir dans les oreilles un vrai dictionnaire des interprétations. C'est d'ailleurs ce qu'il revendique stupidement. Le problème n'est évidemment pas la musicienne qui on le lui concède à l'avance, est certainement tout à fait remarquable Le problème est la juxtaposition malencontreuse et contre nature des deux oeuvres antinomiques.
Comme tout bon bourgeois qui se veut cultivé, Tartarin préfère la conserve au spectacle vivant. On ne peut l'en blâmer. C'est dans l'air du temps. Je ne savais pas que j'étais un bon bourgeois qui se veut cultivé. Je préfère ressembler à Edouard Herriot qui dit que la culture est ce qui reste quand on a tout oublié. Ackoff ne dit rien d'autre quand il proclame que l'important est de ce protéger de l'information, pas de s'en gaver. Mais Monsieur Taillefine doit avoir bien du mal à atteindre cet état, qu'on atteint difficilement quand on est boulimiques àun tel degré..
Voir et tenter d'entendre Tristan sur un téléviseur semble aussi pertinent que regarder des reproductions de tableaux de Vermeer ou du Caravage sur des timbres poste. C'est vrai pour les timbres poste, mais il y a aussi de bons fac-simile, et des chaînes et home-cinéma, qui ne méritent pas tant de mépris. Henri Dutilleux serait-il aussi un tartarin? Quant aux conserves de haute qualité, je me suis laissé dire que bien des M. Eusèbe ont fait des efforts financiers considérables pour en acquérir de qualité moindre que celle de votre serviteur. On ne peut comparer un Pionneer Full Definition de 1,5 m. Sans être compétent je puis faire la différence entre l'orchestre de Vierzon et celui du Met. Et d'ailleurs on l'entend même sur bien de vieux disques qui jouissent d'une réputation légendaire, qui font pâlir bien des interprétations sur le vif. M.Eusèbe prétendrait-il que mon interprétation des Ballades Op10 sur mon Steinway de concert serait supérieure à l'enregistrement de ces pièces par Katchen?
Dans son film, la cérémonie, Jean-Claude Chabrol met en scène ces bons bourgeois, satisfaits et suffisants, se réunir autour du téléviseur pour regarder Don Juan dirigé par Karajan. Pour l'occasion, ils ont revêtus smoking et robe longue et sabré le champagne. M.Eusèbe retarde, il y a belle lurette que ces bourgeois ont d'autres chats à fouetter pour écouter Don Juan. Ils ont des occupations plus nobles : être à Louxor quand il faut y être; se presser à des soirées people, essayer de se faire inviter chez Georges Cohen sur son Yacht... Tartarin semble oublier que Patrice Chéreau est avant tout un homme de théâtre et que c'est dans un théâtre que l'on peut apprécier son travail.
Eusèbe Tartafine a vu toutes ses mises en scène depuis plus de 25 ans dans des théâtres en France et à l'étranger et il ne lui viendrait même pas à l'idée de donner le moindre point de vue sur une retransmission sur tube cathodique. Je voudrais bien savoir comment le noble connaisseur Tartafine, s'y prendrerait pour analyser la version du Ring qu'on ne peut guère approfondir qu'à partir d'un DVD? Il diffère en tout cas dela majeure partie d'excellents professionnels et critiques, qui ne se privent pas de nous donner leur point de vue alors que cette idée "impensable" frappe de paralysie Monsù Eusèbe?
Tartarin déteste le public qui voyage pour la musique, il doit tout autant détester celui qui voyage pour le théâtre. Mais il n'en parle pas parce que le théâtre ne l'intéresse pas. En omettant le fait que ce sont de grands dramaturges et créateurs dramatiques qui l'ont accompagné toute la vie, sans discontinuer. En fait Tartarin a peut être peur de parler de Shakespeare comme Taillefine parle de Karajan, en préférant Gielgud à Shakespeare.
Eusèbe Tartefine lui enverra prochainement une carte postale de Milan et lui parlera de Tristan, c'est à dire du théâtre tel que Wagner l'a pensé: celui qui se vit sur place à l'opéra, pas devant un écran. Monsù Eusèbe a fait une découverte bouleversante: que Wagner n'a pas pensé à l'écrande télévision. Malheureusement comme beaucoup de fausses bonnes idées, elle trahit l'esprit et la lettre du dramaturge, qui aspirait au théatre invisible et qui conseillait à Malvida von Maysenbuck de fermer les yeux pendant la Walkyrie, ou encore qui aspirait à l'audition musicale de loin, derrière un écran. Ce fut le propagateur des projection cinématographiques. Oui, Monsù Eusèbe a peut-être , en dépit de ses centaines de représentations, quelques petits détails à apprendre, mais comment lorsqu'on est si occupés à voyager?
Tamino