Chronique
Doutes pédagogiques
Hier j'ai reparcouru la Flute Enchantée et La Tempête pour vérifier certaines notations. Comme je l'ai signalé, ces billets ne sont pas adressés au profane, car il est indispensable que l'internaute se familiarise avec le texte originel et les commentaires qui l'accompagnent. Mes notes sont intensément personnelles et établissent un lien subjectif entre l'oeuvre et ses prolongements les plus lointains, les plus secrets dans tout mon être. Elles sont loin cependant d'être purement arbitraires, car elles projettent sur le texte une lumière caractéristique qui risquerait de disparaître sous la description toute crue des musicologues. Cette approche vous permettra -une fois que vous aurez pris connaissance de l'oeuvre- de découvrir ces correspondances secrètes, ce que les peintrees chinois appelaient des veines de dragon.
Cette approche lacunaire, fragmentée se justifie encore plus s'agissant de Faust, énorme monument qui exige des tombereaux de commentaires pour en approcher la surface. Je me contenterai dès lors d'entrouvrir une ou deux portes au hasard, de passer mon nez et de humer l'ambiance qui s'en dégage. On trouvera très peu de sentiment, peu d'émotion - sauf dans la dédicace très personnelle - et beaucoup de subtilité, d'ironie et construction logique d'une cohérence confondantes. Le contraire du tumulte psychique shakespearien.
Aujourd'hui, j'ai reçu Frédéric Bonnet, qui à force de compétence, d'objectivité et d'honnêteté, est en train de se faire une sérieuse réputation, en marge des canaux commerciaux et mondains qui infiltrent le milieu de l'Art. Son dernier billet ne manquera pas de décourager ceux qui cherchent un voie royale dans le maquis de l'Art contemporain. Il risque de décourager et de décevoir les chercheurs de recettes. Le vide qui s'en dégage m'incite à reprendre pour ce blog une application de mon travail sur la Théorie de l'Information Psychologique, appliquéee au jugement artistique. Cela exige un souffle et un travail soutenus, qui ne sont accessibles qu'en masterclasses.
Le problème majeur est le suivant : l'Art vit de l'argent, celui-ci est détenu par des financiers, les galeries et les réseaux d'artistes pénètrent les réseaux et déforment le goût des collectionneurs en fonction de leur intérêt. Comment voulez-vous former un jeune financier suroccupé aux critères du goût; et près solidement en main par un establishment omniprésent et omnipotent? Surtout quand le maître est peu connu et famélique?
S'agissant de Faust, je me contenterai d'aligner quelques séquences extraites notamment de S220 de l'Entretien. Je les ai tout simplement trouvées dans le Blog.