Bruno Lussato

Une calligraphie à quoi ça sert?

Voici une question qui caractérise l'inculte. Et une poterie chinoise Ming; affectée d'infîmes craquelures,signe d'extrême raffinement? Et une peinture de Botticelli?

Inculte parce que celui qui n'a pas acquis " le Connoirseurhip ne peut qu'appliquer de faux critères naïfs ou décalés. Les uns nous diront : tiens j'aime bien la belle écriture décorative, on peut en faire des cartes de visites, de beaux dépliants publicitaires, des logos vendeurs. Un milliardaire chinois s'extasiera devant un rouleau lourdement chargé d'ors de soie brochée et de paysages spectaculaires. Une poterie chinoise, on peut y mettre de la salade, mais il vaut mieux qu'elle soit intacte. Enfin Botticelli ça vaut des prix fous, c'est un formidable investissement qu'il faut prendre au sérieux. (Voir le dernier billet de Bonnet).

Comment expliquer l'extraordinaire renom des grands calligraphes chinois et japonais; dépassant celui des peintres, la fascination qu'exercent depuis le VIIIe siècle les manuscrits irlandais? C'est que pour l'homme cultivé, une calligraphie réussie exige un sens miraculeux de l'équilibre, des dizaines d'années de travail et une méticulosité, une précision qui coexiste avec un élan spontané. Le maître mot est "fusion des contraires", Yin et Yang, harmonie Zen. La calligraphie est art de méditation mais ne supporte pas le décoratif, le superficiel. Le signe, calculé au millimètre près dans sa texture, sa couleur, sa densité, ne peut se comparer dans sa complexité, qu'à une fugue de Bach.

A quoi sert la calligraphie? A rien si on désigne par rien la recherche de l'être essentiel, la proximité des Maîtres suprèmes dont Claude Médiavilla est un exemple illustre. A tout pour accéder au moyeu de l'être, sa part fixe, stable, souveraine.

Non, on ne peut tout acheter; les grandes oeuvres ne sont pas à vendre, elles se méritent. Médiavilla a composé pour Oleg, des voeux. Selon la manière dont il les recevra, mon jugement sur sa sensibilité, sera influencé..