Rumeurs de l'Inde éternelle : mensonge, patriotisme et dollar
Une communication d'Emmanuel Dyan
Des tonnes de documentation officielle, des kilogrammes d'ouvrages d'experts, des milliers de conférences, déversent quotidiennement le paysage géopolitique de l'Inde, comme de la Chine ou de la Russie. Or, ainsi que le démontre le théorème de Russell Ackoff, ce qui est important n'est plus de s'ouvrir à l'information mais de se protéger de l'information. Un surplus d'information annihile l'information, ne laissant passer qu'un océan de données mal digérées, mal calibrées, mal assimilées. C'est d'ailleurs la différence qui existe entre la connaissance et la donnée. On peut trop souvent comparer à un tout-à-l'égoût ce flot qui déferle en sursaturant le sens. Que faire alors? Filtrer, filtrer avec discernement, accepter que la subjectivité prenne le pas sur la neutre tiédeur factuelle. Un rapport d'expert n'a pas de centre de gravité, il vient de toutes parts, n'a ni goût, ni odeur, ni saveur. L'Inde privée de goût, d'arômes, de saveurs raffinées est-ce l'Inde?
Je demande toujours à mes correspondants de l'ISD, trop prolixes, d'aller à l'essentiel. De retirer, de retrancher, de filtrer, de couper, de l'information en fonction de leur discernement personnel. Ils ont beaucoup de mal à soutenir le rythme, et insidieusement infiltrent progressivement de la gangue dans le creuset de métal précieux. Emmanuel Dyan, commence à connaître un peu ce pays. Sa connaissance ne se mesure ni en interviewes officielles, ni en piochage de rapports d'experts, ceux-là même que coache Marina Fédier dans ses séminaires géopolitique. Elle vient de ce qu'il partage les préoccupations de ses camarades qui au fin fond de l'Inde essaient de s'approprier avec avidité de ses connaissances pour mieux les dupliquer et nous les revendre après à bas prix, en ruinant les Dyan et autres agents européens de développement des pays asiatiques.
Dyan insiste pour me présenter des rapports circonstanciés. Je n'en veux pas ! Je désire qu'actuellement, sans réfléchir, vous me disiez quelles sont les caractéristiques majeures qui vous séparent de vos homologues indiens? Il y a des années que vous les formez, que vous les pratiquez, que vous les regarder vivre, dépenser, communiquer entre eux bien entendu, car un étranger on s'en méfie. Alors parlez ! Je suis d'autant plus pressant qu'un de mes clients a confié la direction à un Indien très intelligent, mais très personnel et établissant des barrages entre son boss et ses collaborateurs. Le Boss expérimente le dilemme de Wotan relatif à l'autonomie. Où on laisse les rênes à l'indien, sans contrôle réel et il est motivé pour le plus grand bien du business; ou on lui lance la gestapo financière et on lui rogne les ailes et celle du développement. Toute information sur le comportement non décrit dans les universités de ce peuple intelligent et mystérieux, sera la bienvenue.
Respirez, respirez
Un yoga très particulier ou le soufisme à l'envers
On dit que les indiens apprennent à respirer et c'est sans doute vrai. Ils respirent à fond, contrôlent et accroissent le volume d'air inspiré. Le problème est que s'ils respirent, ils mentent comme ils respirent, d'une manière rituelle, naturelle, essentielle, harmonieuse. Un chinois va vous mentir parce que vous êtes par définition le barbare, et vous tromper est une bonne action. Un marchand de tapis va vous mentir pour le business, comme un réparateur français de voitures d'occasion. Un polonais va vous mentir d'une manière tordue, par vice, pour le plaisir. Un islamiste va vous mentir selon les préceptes d'Allah, parce que vous êtes un infidèle. Un politicien va vous mentir parce que c'est son job et qu'il apprend cela sur les bancs de l'hémicycle.
Un indien va vous mentir, à vous et aux autres, peut-être même à lui même, parce que cela lui est naturel. Vous demandez à un passant le chemin de l'hôpital. C'est tout droit, dit l'un, à gauche, dit l'autre, alors que la pancarte vous montre que vous êtes devant. Les deux connaissent la vérité, mais ils mentent, comme ça.
Dollars, euros, oseille, fric...
C'est le seul antidote au mensonge. Ils sont capables de travailler dix huit heures par jour pour une liasse d'argent. Pour de l'argent ils sont prêts à tout, même à ne pas mentir !
Patriotisme, pacifisme et violence
Ce sont des pacifiques, de non-violents... Sauf si on en enfreint les règles et les rituels. Des révolutionnaires, qui fomentent des désordres, des malfrats qui spolient une victime dans un train, sont immédiatement pris à partie et traités avec la violence la plus sauvage, allant jusqu'à la mort.
On ne badine pas non plus avec la patrie. Elle n'est pas seulement un lieu d'appartenance, mais aussi de séparation avec l'étranger. Ce dernier n'est pas assimilé et ne doit pas l'être. Encore un coin du monde où Medusa n'a pas cours.
Comme en Russie, on y va, non pour y apprendre mais pour y enseigner. Le tranfert de connaissance se fait à sens unique sans qu'on en tire une reconnaissance quelconque. Pourquoi alors? Actuellement les informaticiens sont très intelligents mais dépourvus de sens de l'organisation et de l'efficacité. C'est ce que nous leur apportons. Alleluia !