Chronique Hawaiienne… au pays du cliché !
Kee Beach, Kauai
Je suis de retour d’Hawaii, où j’ai passé deux semaines à sillonner trois îles de l’archipel – Oahu, Kauai et Big Island – en compagnie d’Olivier Millagou, un artiste français.
Afin de financer ce voyage, nous avons obtenu une bourse de l’association Cultures France, rattachée au Ministère des Affaires étrangères, qui tente de promouvoir la diffusion des artistes français à l’étranger.
Pourquoi Hawaii ? Parce que c’est un de ces lieux fantasmatiques, farcis de clichés et d’idées reçues. Et que Millagou, justement, travaille beaucoup sur, autour et avec les clichés. En même temps qu’il intègre dans sa pratique le détournement d’images issues de la culture populaire, en particulier liés à la musique rock et au surf.
Aller voir ces lieux tellement « carte postale » nous intéressait donc, afin de tenter d’en saisir la teneur véritable.
Hulemalu, Kauai
Wailua, Kauai
Car nous avons tous à peu près les même images qui surgissent dans la tête à la simple évocation du mot « Hawaii », en particulier celles de plages sur lesquelles s’alanguissent quantité de cocotiers.
L’une des grandes surprise de nos pérégrinations fut de constater que ces clichés sont bel et bien surfaits, et que le paradis décrit dans les cartes postales tient pour partie de la désinformation. Non que le binôme plage + cocotiers soit inexistant, mais il est loin de constituer une tendance lourde. Avoir parcouru plus de 2.000 km en voiture nous l’a confirmé… et bien au-delà. Si certaines sont splendides, beaucoup de plages se sont à l’inverse révélées décevantes. Pas des lieux sordides, mais plutôt plastiquement sans intérêt, assez neutres, ou pour certaines pas si éloignées de ce qu’on peut trouver dans le sud de la France, du côté de Saint-Tropez ou de Saint-Raphaël.
L’autre grande surprise fut la grande diversité naturelle : à Hawaii, bien que solidement implanté, le palmier n’est pas (seul) roi. La nature est multiple et rapidement changeante, y compris sur les bords de mer. Ce qui donne à certaines très belles plages des reliefs inattendus.
Autre cliché battu en brèche : la célèbre plage de Waikiki, à Honolulu, est une horreur sans intérêt, bordée par une très longue avenue où se déploient, en un gigantesque centre commercial à ciel ouvert, toutes les marques de luxe de la planète. Toute la côte de la ville est par ailleurs littéralement défigurée par un urbanisme envahissant, fait d’aberrations architecturales (il n’y a pas une seule tour qui ait un quelconque intérêt !).
C’est donc lorsqu’on sort des sentiers battus, sur la magnifique île de Kauai ou en arpentant le sud très aride de la Big Island ou encore ses rives recouvertes de lave ou de sable noir, que l’on se trouve entraîné au bout du monde, dans des atmosphères inattendues et attachantes.
South Point, Big Island
South Point, Big Island
En outre Millagou, étant toujours très absorbé par la couleur noire et le côté obscur des choses, nous avions décidé de produire une nouvelle série d’image, intitulée « After Sunset », toutes réalisées selon le même protocole. Tous les soirs nous avons donc choisi quelques points de vue, que nous avons photographiés après le coucher du soleil, et juste avant la tombée de la nuit. Avec la volonté de donner à voir ces beaux paysages, toujours représentés hauts en couleurs, d’une autre façon, avec d’autres textures… au-delà du cliché ! Et donc d’en proposer une autre lecture.
Les images étant en production, je ne peux encore rien en montrer. Je me contente donc de livrer quelques « clichés » de voyage, à commencer par celui de Kee Beach, véritable plage du bout du monde car la plus à l’ouest de tout l’archipel.
Kalapana, Big Island
Anahola Beach, Kauai