Henri Dutilleux à l'honneur à Versailles
Nicolas Sarkozy absent, Claude Guéant très présent, Gergiev adulé.
Henri Dutilleux dans la Galerie des Glaces ouverte pour lui tout seul !
Le concert d'hier à Versailles a commencé dans la pagaille. En partie grâce à Pagaillon qui a mis tous les bâtons dans les roues avec un insigne mépris des artistes. On peut féliciter le choix qui l'avait nommé jadis ministre de la culture! Jack Lang - que je n'aime pas - était d'une autre stature!
Tout s'est ligué contre la malheureuse soirée. Pour commencer les embouteillages de départ de vacances. Puis le "dialogue" entre les syndicalistes voyous et Nicolas Sarkozy. Ceux-ci avançant la rue comme argument et refusant de discuter. Les téléspectateurs ont pu admirer la patience et la fermeté du Président face à de véritables malfrats,qui ne parlaient que de rapports de force avec un ton plus que menaçant. Le Président essaya de leur expliquer que l'on ne pouvait favoriser une classe sociale par ailleurs fort bien pourvue au détriment de la majorité des français qui travaillent et qui n'ont pas les moyens de faire du chantage. Peine perdue.
Le soir le Président - déjà ébranlé par son divorce (quel gâchis qu'un amour qui tourne à l'obsession!) finit la journée épuisé. On le serait à moins. Au dernier moment on lui représenta qu'on avait besoin de lui ailleurs que dans une salle de concert : au bureau ! On imagine la déception de ceux qui s'étaient précipités non pour entendre un des plus grands chef du monde, et acclamer le plus grand de nos compositeurs, mais pour avoir une chance de serrer la main à Nicolas Sarkozy? Heureusement ils n'étaient pas très nombreux, et l'assistance passa une des soirées culturelles les plus mémorables.
La Chapelle était un cadre difficile par son acoustique mais Dutilleux qui se trouvait à la répétition trouva remarquable la manière dont Gergiev déjoua les pièges sonores d'une salle trop réverbérante. Le maître fut plus qu'admiratif pour le chef russe, mais aussi pour l'orchestre du Mariiensky dont le travail fut remarquable d'intelligence et le son splendide, et la plus grande des danseuses étoiles russes, qui interprêta d'une manière émouvante la mort du cygne. Dutilleux s'exclama : "combien de milliers d'heures de travail pour aboutir à ces cinq minutes sublimes! " La maître déplora que les excellents instrumentistes qui accompagnèrent la danseuse, ne furent pas acclamé comme il se doit, car leur qualité était digne des plus grands éloges.
A la table d'honneur se trouvaient le ministre de la culture, Claude Guéant et madame Guéant - particulièrement enthousiastes, Gérard Mortier, le directeur de l'Opéra de Paris, madame Lauvergeon qui est membre - comme moi - de l'Association pour la promotion du Théâtre Mariinsky de Saint Petersbourg, la danseuse étoile, et une légende vivante : la plus grande danseuse russe encore vivante. Jamais je ne regrettai autant de ne pas parler russe, car elle était à ma droite et je ne pouvais communiquer avec elle? Nous en avions envie tous deux pourtant!
Une des révélations de la soirée - y compris pour Dutilleux lui-même - fut la similtude frappante entre "mystère de l'instant" son oeuvre exécutée par Valery Gergiev et les Tableaux d'une Exposition. Il pensait que l'immense talent de coloriste du chef russe facilita la mise en regard des deux compositions. Je me trouvais moi-même au premier rang, entre Henri Dutilleux et Claude Guéant et entendre d'aussi près le prestigieux orchestre du Mariiensky, dans le cadre admirable, où Mozart s'était produit, était un privilège dont tous avons été conscients. Un seul couac : la cloche procurée par l'orchestre de Radio France était un ton et demi trop haut, on imagine la dissonance! Fort heureusement l'assistant n'y vit que du feu, ce à quoi il fallait s'attendre.
Après le concert et avant le diner avait lieu une visite de la galerie des glaces, restaurée depuis deux mois mais encore fermée au public. On nous fit attendre Henri Dutilleux et moi même afin que nous soyons seuls à découvrir ce chef d'oeuvre resplendissant. Les artisans français sont les meilleurs du monde et ils le prouvèrent une fois de plus par leur remiseà neuf de ces salles somptueuses. Nous fumes escortés par des guides et des collaborateurs aussi aimables que compétents, tous impressionnés par le moment historique que constituait la découverte des appartements et de la galerie par notre plus grand compositeur. Dutilleux lui aussi estima un immense privilège que de s'être promené librement, seul avec moi, dans ces immenses salles, vides, éclairées par la lumière des bougies et plus belles de nuit que de jour. Nous ne pouvions nous empêcher de nous demander où sont passés les Louis XIV ! Ce n'est ni Bush, ni Pinault, qui peuvent rivaliser avec les rois-soleil ni avec Nicolas Fouquet. Chaque siècle a les mécènes qu'il mérite.
Je rencontrai Oil Egg Derryck Pacha au milieu d'amis russes, mais contrairement à mon intention première je n'eus aucune envie de me joindre à lui. La distance entre l'homme d'affaire russe, avec ses Yachts et se jets, sa proclamation maintes fois répétée qu'il n'était qu'un "business man", et les splendeurs de la soirée, étaient trop grande. Je me cantonnai à ceux que j'aime et qui furent sincèrement émus par la beauté et la noblesse de ce spectacle d'élévation, deux grands amis de la France, ce que n'est pas Oil egg Derick Pacha - pas pour l'instant -. J'entends les familles Suzowsky et Petroglu, dont les enfants sont un peu mes petits fils adoptifs et se passionnent pour la culture.
Album de famille. Marina Fédier, Sehran S. , Bruno Lussato, Estera Lussato, ma belle-fille
Je fus heureux de voir un de mes plus chers complices, dont vous entendre parler sous peu, car il a compilé un volume de citations extraordinaires que j'espère distiller tous les jours pour le plaisir de mes internautes.
Au total, en dépit de l'absence du Président, la soirée était exceptionnelle? Une confidence : avoir contribué à la jonction entre Dutilleux et Gergiev, me semble plus important que d'assister à un sommet des grands de ce monde. On m'objectera que les raisins sont trop verts! C'est sans doute vrai. Si j'en avais eu l'occasion j'aurais amélioré les contacts entre les leaders planétaires, mais quelle grosse tête je me serais fait ! Je n'ai déjà que trop tendance à l'égocentrisme, je serais devenu tout à fait insupportable... Et j'aurai perdu définitivement mon être essentiel, pour employer le langage de Marina Fédier.
Sehran S., Alexandre P. ; Pierre Lussato.
Pour l'ami du quebec qui a apprécié ma belle-fille je joins à son intention quelques photos de l'album de famille de la soirée.
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