Sur les traces d'Arthur Koestler
Correspondances et couplages
ou quoi de commun entre la phénoménologie, la graphologie, le tarot, l'astrologie et le manège génétique?
Le grand psychologue Jean Piaget était taraudé par une obsession. Il avait reconnu en même temps que Sr Karl Popper, que le conscient n'est pas réductible à son substrat neurologique ou hormonal. Le conscient n'a pas de masse, pas d'énergie, pas de temps (Niels Bohr a montré qu'il était "plat" et qu'il générait le présent. Cette observation avait échappé à Piaget qui s'enlisait sur la psychologie du temps, égaré par son collègue Paul Fraisse. (cf. Traité de Psychologie expérimentale vol I, PUF et Fraisse, PUF. ). Dès lors se posait le problème insoluble du couplage entre les deux univers. Dans la thèse interractionniste, les représentations du réel, sont des particules dépourvues de masse et de matiérialité. Comment pourraient-elles interagir avec des décharges de neurocepteurs et hormones ou des impulsions électriques neuronales dotées d'une masse et d'une énergie. On est conduit à supposer l'existence d'un tiers inclus (selon la terminologie des contradictoires de Stéphane Lupasco) à la fois matériel et immatériel Ce qui à l'époque paraissait une absurdité, à la notre nous est familiarisée par le double statut du réel : onde immaterielle ou particules discrètes.
Il existe une seconde explication nommée le parallélisme. Les deux mondes matériel et immatériel, ont en commun une communauté de structures. Le conscient serait ainsi un modèle du cerveau. On en vient à supposer que lorsqu'on modifie un des paramètres d'un système, le paramètre correspondant serait également modifié, sans masse et sans énergie. Il suffirait que deux systèmes soient homomorphes (en correspondance structurelle) pour qu'ils aient même comportement.
Or cette problématique va si loin qu'elle se heurte au scientifiquement correct, non qu'on dissimule les réponses, mais qu'on réponde aux enfants trop curieux : ton petit frère a été déposé par une cigogne... ou dans un chou-fleur. La plupart du temps l'enfant se contente de cette explication et l'oublie.
Voici donc un exemple de questions sulfureuses.
Nous savons tous que l'ordre dans lequel sont concaténées les allèles (les séquences qui sont imprimées dans la spirale génétique) que cet ordre détermine les traits de comportement ou anatomiques : blondeur, autorité; sens esthétique prédisposition au cancer, etc;
Le génôme se présente comme les deux colonnes d'un dictionnaire; celle de gauche, une structure formelle signifiante : séquence spécifique d'allèles, celle de droite, la signification correspondante: yeux bleus ou caractère extraverti. Le couplage entre les deux colonnes est purement arbitraire, et pourtant il fonctionne. Il en est sorti des expériences impressionnantes réalisées sous l'égide de L'IMI. On connait le codage, mais qui a fait le code?
Les disciplines dites à tort initiatiques n'ont rien à voir avec la parapsychologie. Elles sont composées d'un système cohérent signifiant, dont les signes sont déclinés dans toutes les combinaisons possibles. On dit qu'ils forment une famille raisonnable de questions. A chaque élément du système signifiant (écriture descendante, Mars carré Vénus ou le chariot) correspond un élément du système signifié (tendance à la dépression, conflit avec la femme). La combinatoire des signes vitaux est donc couplée à la combinatoire des signifiants abstraits. (par exemple les trigrammes du I C'hing). A titre d'exemple, le dictionnaire formel de I C'hing affiche toutes les combinaisons possibles des héxagrammes, comme le répertoire des formes scripturales épuise toutes combinaisons graphiques possibles. Le dictionnaire signifié, lui, reproduit toutes les situations envisageables de l'existence ou du comportement. La manière dont la vie est ainsi découpée en tranches existentielle, dépend bien entendu de la discipline et de la culture qui la pratique.
Nous voici donc en présence d'un dictionnaire composé de deux colonnes épuisant chacune la combinatoire - à gauche de formes abstraites, - à droite de toutes les situations qui peuvent nous arriver (mariage, deuils, perte d'un emploi...)
Pour que le système fonctionne, il faut qu'un dispositif de choix aléatoire (le tirage des cartes, le lancer de la pièce, le thème astrologique) soit sélectionné. L'interprétation se fait en lisant la colonne de droite qui transforme la forme en situation existentielle.
Koestler a montré que dans toutes les pratiques divinatoires, le choix est aléatoire, et c'est ce qui nous choque. Nous ne supportons pas que parce que nous sommes nés cinq minutes après, notre tempérament passe de la précision tatillonne à l'imprudence et à la hardiesse. Et on a raison d'être choqués. Après tout n'est-ce pas révoltant de penser que parce que c'est tel spermatozoïde qui a vaincu la compétition au millième de seconde près, je serai cardiaque comme mon père ou cancéreux comme ma mère? Et puis que faire des jumeaux astrologiques ou génétiques, ceux qui sont nés en même temps? La réponse à cette question est plus aisée. Le facteur astrologique, génétique ou psychologique, n'est qu'un des éléments de l'évaluation du comportement, il faut y ajouter les facteurs culturels et sociaux, génétiques ou psychanalytiques. En aucun cas on ne pourra déduire d'une seule méthode prédictive, des conclusions sensées sur un sujet.
Il ne faut pas confondre l'emploi prédictif des méthodes divinatoires traditionnelles, qui ne peuvent que donner des indices sur la personnalité du sujet, avec les pratiques ésotérique ayant la prétention de prédire l'avenir et qui sont le fait de charlatans.
De toutes les pratiques dites divinatoires, : graphologie, i C'hing, tarot, astrologies chinois et humaniste, la plus sophistiquée est sans aucun doutes l'astrologie occidentale humaniste. La colonne de gauche, ou système formel est une sorte d'horloge d'une complexité infernale, formée d'un cadran glissant (le zodiaque) et d'une dizaine d'aiguilles (les planètes) indiquant l'heure et formant en outre des formes indentifiées (gestalten) . La colonne de droite, est censé fixer toutes les situations existentielles de la vie, et la combinatoire correspondantes est empruntée aux travaux de C.G. Jung.
Reste à savoir pourquoi lorsqu'on est lion on tend à être plus afirmatifs et extravertis que lorsqu'on est capricorne. Pourquoi aussi les prédictions sont entâchées bien souvent d'imprécisions, comme tous les tests psychotechniques un peu élaborés; ou ... la météo.
En savoir plus sur le fonctionnement du thème astrologique et son interprétation, permet d'affiner notre modèle de la personnalité d'une manière considérable. La description astrologique est infiniment plus subtile et plus fine que celle fournie par les tests psychotechniques, et c'estl e spécialiste qui parle ici, ayant passé plusieurs années à étudier à l'INNOP les tests projectifs et graphométrique.
Marina Fédier, qui dans le cadre de ses séminaires de développement culturel utilise les outils de l'astrologie humaniste, proposera dans ce blog une série d'introduction à cette doscipline injustement rangée dans la rubrique des élucubrations de Madame Soleil.