Chronique
Des statistiques et des hommes
C'est le jour des statistiques. La progression n'a jamais été aussi forte, puisque nous sommes passés de 16876 visites au mois d'août, qui était un record, à 26281 visites, sur un total de 95844 visites depuis le mois de février. On a fait en un jour ce que l'on faisait en un mois au début de cette aventure, alors que rien n'a été tenté pour créer des liens extérieurs. Le bouche à oreille à seul joué. Il doit bien y avoir une explication.
Ce qui en revanche a un sens, est la multiplication des commentaires et l'instauration progressive d'un lien de confiance, souvent émouvant entre les internautes et un solitaire au soir de sa vie, et aussi, des dialogues entre internautes, comme dans un forum. Le contraste entre les chiffres flatteurs en apparence mais dépourvus de sens et les confidences et les interrogations d'amis lointains et inconnus, emplies d'émotion et d'angoissant questionnement, est frappant, et peut servir de métaphore entre la fonction pensée digitale et deshumanisée et la fonction sentiment appliqué à une logique et à un raisonnement généralement tout à fait valides.
Un phénomène encore plus incompréhensible se poursuit de plus belle. Le billet N°1 de Marina Fédier , rédigé en Juillet, a commencé de se réveiller au mois d'Août pour atteindre le chiffre record de 1000 visites début septembre, alors que tous ses autres billets se tenaient dans la limite raisonnable des 25 à 200 visites. Aujourd'hui il a atteint le chiffre de 11 043 visites, et la progression semble se poursuivre et même s''accélérer. Le thème traité est le Yin et le Yang thème exploré selon la clé jungienne et posté cette nuit.
On m'objectera que nous aurions tort de nous plaindre que la mariée est trop belle, mais on se tromperait. Un résultat inexpliqué, défavorable ou même favorable est toujours inquiétant. Je connais ainsi des entreprises dont le chiffre d'affaires se mit à s'emballer à un moment de son histoire. La progression continua pendant un an, deux ans, à la troisième année l'entreprise excitée par son succès finit par l'attribuer à l'excellence de sa stratégie et le bon management de sa direction générale. La quatrième année de bons résultats, il lui fallut recourir au crédit, l'expansion rapide du volume des ventes provoquant un déficit de trésorerie. Puis on construisit de nouveaux bureaux, de nouvelles usines, on absorba des concurrents. Le problème est que rien n'expliquait cette vogue, ni la suprématie des produits, ni le business plan tout à fait banal , ni une image de marque prestigieuse. Puis...
"le nuage qui ne bougeait jamais n'est plus" selon un koan de mummon. Le chiffre d'effondra d'une manière aussi soudaine et inexplicable que son ascension. En fait le succès, la pression de devoir produire sans cesse plus, l'enthousiasme des clients de référence; finit par altérer l'équilibre de l'entreprise, saisie par le démon du "greed", de la rapacité-recherche du profit court terme.
Accès à la culture humaniste
Je suis parti du postulat que les livres pour enfants, relatifs au décodage de l'oeuvre d'art, sont l'idéal pour s'initier à l'art et en particulier à l'art moderne. J'en ai choisi trois à la librairie du Musée d'Art Moderne de la ville de Paris.
Bien que certains passages soient intéressants, j'ai été impressionné par la montagne d'érudition authentique mais déshumanisé proposée aux gosses, et deux sortes de tics à la mode. D'une part on s'adresse à l'enfant en un charabia censé être celui qu'il emploie à l'école. D'autre part on truffe le texte d'allusions sophistiquée très parisiennes.
Dan un de ces livres "comment savoir si c'est de l'art", on se garde bien d'expliquer quoi que ce soit aux bambins, de peur de les influencer et de leur imposer un point de vue dominant. C'est à eux de répondre aux questions que pose le prof. et de se faire par leurs réponses une image personnelle créative et motivante de l'oeuvre d'art. Le problème est que je serais bien incapable de répondre moi-même aux question du prof. Je n'y comprends souvent rien, et j'imagine le desarroi des enfants. Autre travers : la politisation. On fait disserter les élèves de la 6e à la 3e sur le sort tragique des sans papiers, et de là à la critique des mesures de Nocolas Sarkozy. Ailleurs, les chefs d'oeuvre mêlent à des oeuvre incontestées de Piero della Francesca ou de Picasso, une cargaison de peintres français ou plus tôt adulés par les bobos. On donne ainsi à étudier aux enfants, Monory, Debré ou Annette Messager. Je n'ai rien contre ces artistes, mais c'est comme on alternait en classe de lettres, l'explication de textes de La Bruyère avec celle d'un Gerard de Villiers. Il est vrai que TinTin sert aussi de support de réflexion pour les enfants de préférence à Marivaux ou à Thomas Mann. Je prépare pour demain un billet sur ces ouvrages de vulgarisation.