LE SURMOI
C'est une censure morale, ensemble de contraintes subies du fait de nos parents, nos éducateurs et de notre evironnement socioculturel.
Cette fonction d'autorité et de censure morale oblige la personne à renoncer à certaines satisfactions instinctuelles. C'est une sorte de carapace imposée par notre milieu afin de mettre l'individu en accord avec son entourage.
Le surmoi comprend les valeurs qui nous stucturent, de ce fait il exerce une influence positive pendant l'adolescence, mais à l'âge adulte il devient impératif de mettre ces valeurs en question, pour les aligner avec notre personnalité profonde et avec les besoins renouvelés d'une société en pleine mutation comme la notre.
On a de plus en plus besoin de producteurs et de créateurs, et non d'épigones et de reproducteurs de pratiques héritées d'un passé révolu. Cette remise en cause est vitale dans un monde changeant à une vitesse accélérée.
Il faut cependant se méfier à propos de ce que nous croyons être notre personnalité authentique. Quand une idée, un sentiment ou un jugement nous frappent comme une évidence, il n'est pas sûr qu'ils proviennent de nous mêmes. Ils ont peut-être été injectés sournoisement et naturellement pas notre environnement. C'est d'ailleurs le but des "hidden persuaders", ces images tapies dans l'image, cette information derrière l'information, qui nous manipulent à notre insu et qui font partie de notre conditionnement naturel.
La question de l'authenticité de la provenance de nos idées est importante, et elle est particulièrement explorée dans Virus, l'ouvrage de Bruno Lussato, et dans ce blog qui le prolonge. Y répondre nous évite de tomber dans le piège de la désinformation. Malheureusement il est difficile de trouver une pierre de touche universelle qui nous permette de faire la part de l'authentique et du stéréotype.
Nos valeurs ne sont pas sorties du néant mais de circonstances dont l'évolution entraine l'obsolescence de certaines et en consolide d'autres.
La télévision, l'Internet, des blogs comme celui-ci, peuvent constituer un rempart contre les pesanteurs de la loi, et peuvent nous inviter à la méditation. Il n'est que penser à la vague médiatique en faveur de l'écologie et du développement durable.
Le Moi fort établit ses propres critères de valeurs à partir d'une réévaluation de ceux qui ont été transmises par le passé et qui peuplent le Surmoi. En revanche un Moi faible, cède à une censure volontaire du Surmoi et ne pense plus, manoeuvré par les préjugés sociaux et familiaux.
LE ÇA
Le ça (id de la psychanalyse) est plus ou moins inconscient. Il comprend aussi bien des souvenirs d'événements depuis longtemps oubliés que d'autres refoulés parce que trop douloureux. Les faire émerger à la surface du conscient est le but de la psychanalyse. En effet le ça charrie des complexes qui absorbent une partie de notre énergie disponible. C'est un espace psychologique où tombe pêle-mêle, emotions, instincts, qui accompagnent le bien ou le mal vécu et en particulier tous les événements qui nous ont blessé et les voix que nous ne voulons pas entendre.
LE SOI
Le soi (self) comprend la totalité de la personnalité et embrasse aussi bien le conscient que l'inconscient. C.G. Jung distingue l'inconscient personnel, individuel, et l'inconscient collectif forgé par l'histoire de l'humanité et par le vécu collectif qui façonne les lois. Il comprend le patrimoine psychologique d'où sont issus les archétypes, réservoir de figures emblématiques comme le héros, le sage, le tout-puissant, anges et démons. Les archétypes se trouvent dans ce qu'on nomme les grands rêves, grandioses constructions d'apparence quasi prophétique et fortement chargées d'émotion, dans lesquelles nous pressentons une signification cachée et propre à l'espèce humaine.
L'inconscient instinctogène fournit les énergies qui nous animent jour et nuit. Son origine est innée et non acquise. La libido apparaît ainsi comme l'énergie qui irrigue notre moi, et qui émane de l'ensemble des instincts, dont la pulsion sexuelle n'est qu'un cas particulier, peut-être surévaluée par le premier Freud et surtout ses épigones.
La frustration ressentie par l'inhibition des instincts se répercute dans la répartition de l'énergie psychologique. La psychanalyse s'est tout particulièrement interessée aux complexes qui dérivent de ces frustrations et vise à les sublimer, c'est à dire décharger l'énergie provenant des frustrations sur des activités utiles ayant un lien symbolique avec la cause des frustrations. Le cas des soeurs Brontë est souvent cité comme exemple d'un déni d'amour produisant une importante oeuvre littéraire.
LES FONCTIONS C.G.Jung distingue quatre fonctions : deux qui gouvernent le jugement des hommes, deux modes de perception du monde environnant et de nous mêmes.
LES DEUX FONCTIONS DE JUGEMENT: le couple Pensée-sentiment.
C'est un axe bipolaire relatif aux jugements de valeur que nous portons sur le monde.
La pensée, c'est l'objectivité froide alors que le sentiment est chargé d'affectivité et plus ou moins subjectif. Les deux fonctions sont antagonistes et s'ecleuent l'une l'autre. On ne peut en même temps dire : "je t'aime" et expliquer l'analyse multicritères effectuée par un logiciel pour expliquer les raisons de ce sentiment. Réciproquement on ne peut justifier auprès d'un investisseur une alliance avec un concurrent en disant "il me plait, je l'aime".
LES DEUX FONCTIONS DE PERCEPTION : le couple Sensation-intuition.
De même ces deux fonctions sont antagonistes.
La sensation réside dans les apparences, c'est une fonction du réel ressenti, constaté ici et maintenantgrâce à nos cinq sens, alors que l'intuition va au delà des apparences, il s'agit d'un pressenti et non d'un ressenti. Alors que la sensation est rationnelle et consciente, elle s'appuie sur des constats, l'intuition ne s'explique pas, son origine est voilée, elle est à prendre ou à laisser. C'est un senti intérieur qui va au delà de l'espace et du temps.
L'intuition est la fonction la plus délicate, la plus difficile à définir. C'est une voix intérieure, une idée surgie à l'improviste, inexplicable. Comme on l'a dit elle peut contredire notre ressenti et notre pensée rationnelle. Par exemple nous pouvons avoir toutes les raisons de trouver une nouvelle connaissance sympathique et fiable, alors qu'une voix intérieure nous souffle : méfie-toi, il y a quelque chose de malsain chez cet homme. J'ai un mauvais pressentiment.
Mais cette fulgurance peut être confondue avec les mirages du désir et de la peur. Il est donc nécessaire de passer ses intuitions au crible de la pensée pour essayer d'évaluer ces signaux intérieurs et démasquer ces fantasmes du désir et de l'angoisse, les distinguer de ces signaux intérieurs qui révèlent l'être essentiel.
Une intuition se développe par l'écoute et la méditation. Elle favorise l'émergence d'une vocation, la découverte d'une direction intime, d'une nécessité intérieure (selon le mot de Kandinsky) qui attend d'être libérée.
L'EQUILIBRE DES FONCTIONS Nous possédons tous les quatre fonctions, mais à des degrés divers, et l'hypertrophie de l'une peut étouffer la fonction antagoniste.
Par un phénomène de compensation, l'inconscient présente un équilibre fonctionnel inverse de celui du conscient. Un type sentiment refoulera sa fonction pensée, qui pourra faire irruption lorsque la cloison qui réfrène l'inconscient devient poreuse.
Les femmes sont généralement plus à l'aise dans la fonction intuition-sentiment souvent sudéveloppées, que les hommes qui sont davantage pensée-sensation. Ces derniers sont plus tournés vers la pensée rationnelle et intellectuelle. Ils montrent une aptitude au raisonnement, à l'analyse et à la synthèse, à l'organisation abstraite et à la conceptualisation. Il privilégient un ordre cohérent et établissent des passerelles entre des concepts et des domaines très différents grâce à leur aptitude à l'analyse-synthèse des situations.
Ce n'est pas pour autant que la fonction pensée est synonyme d'intelligence, loin s'en faut. La pensée peut être de mauvaise qualité : desséchée, coupée de la réalité, privée de renouvellement, facteur de sclérose. Les exemples abondent dans les bureaucraties.
Le jugement affectif qui sous-tend le sentiment n'est pas totalement irrationnel. On se dit "je l'aime parce que..." Les femmes établissent sur des préférences réfléchies le choix favorable ou défavorable d'un partenaire, le sentiment synthétique à la fois base et aboutissement de la relation est l'amour. Les pièces de Shakespeare on mis particulièrement l'accent sur la fonction sentiment, sur l'expression des passions et les femmes y jouent un rôle déterminant (Cordelia, Desdemone, Miranda).
L'INTROVERSION - EXTRAVERSION Il s'agit de deux attitudes antagonistes face à la vie, formulées par C.G. Jung et dont le néologisme est passé dans le langage courant. (On dit de quelqu'un qu'il est introverti ou extraverti). La domination d'une des attitudes se traduit par une relation spécifique au monde intérieur ou extérieur. L'extraverti se laisse absorber par l'objet alors que l'introverti se replie sur lui-même et tend à se perdre dans le rêve et l'utopie.
Chez l'extraverti sommeille, dans l'inconscient une tendance à l'introversion, de même que l'inconscient de l'introverti contient un pôle puissant d'extraversion. Mais ces instances étant dans l'ombre sont régressives et d'une qualité inférieure. C.G.Jung a noté que l'extraversion de l'introverti, lorsqu'elle surgit au cours d'une perte de contrôle, est excessive. L'introverti est fasciné par l'objet, il est atteint par une frénésie de possession ou une audace dans les rapports qui le précipite vers les autres, et le monde d'une manière imprudente. De même l'extraverti en crise d'introversion se montrera peureux, angoissé, hypocondriaque ou tourné exclusivement envers lui même.
Un exemple donné par C.G. Jung, donnera un contenu familier à ces deux instances.
Deux amis se promenant tombent sur un château superbe. L'extraverti propose de s'y rendre et de sonner au portail, l'introverti le retient : est-ce qu'il n'y a pas un chien dangereux? Est-on autorisés à le visiter?
LE COUPLE ANIMA-ANIMUS
Avec lui nous voici au centre de la psyché. C'est l'essence de l'être, bisexué, animé par deux principes antagonistes ; le principe masculin (le Yang, le positif) et le principe masculin (le Yin, négatif).
Pour C.G.Jung, l'anima se trouve dans l'inconscient de l'homme. Elle est complémentaire à sa nature masculine. Pour la femme, réciproquement, l'animus est inconscient et complémentaire ) sa nature féminine.
Le fait que l'homme ait une part féminine en lui n'entraîne aucune ambiguïté mais au contrare l'intégration des deux pôles conduit à un équilibre subtil entre la volonté et la puissance masculine et l'esprit de finesse et la sensibilité de l'anima. C'est grâce à son anima que l'homme peut communiquer profondément avec la femme, sur qui il projette bien souvent son image idéalisé. C'est le coup de foudre avec tous ses dangers et ses bonheurs. C'est la fusion avec la femme, qui permet de l'arracher à son univers rationnel et de devenir créateur.
Malheureusement, la projection peut être suivie par des déceptions cuisantes quand elle n'est pas ancrée sur la réalité, et qu'elle se substitue à la femme réelle. Un cas tristement célèbre est celui d'Hector Berlioz qui s'éprit follement d'une actrice irlandaise Miss Harriett Simson qui jouait Juliette et Ophélie. Il se maria avec Ophélie, mais au lendemain de ses noces, ce fut Harriett Simson qui se présenta dans tout sa médiocrité. Après leur divorce, le voici tomber dans un piège identique. L'Ophélie était cette fois une virago : Marie Recio.
L'anima apparaît dans l'oeuvre de Goethe sous le nom de l'éternel féminin, et de la lointaine bien-aimée chez Beethoven. La mère joue un rôle déterminant sur la formation de l'anima. Notamment elle apparaît sous un jour négatif lorsqu'elle est absente, autoritaire ou abusive.
De même grâce à sa composante yang, l'animus, la femme parvient à l'affirmation de soi. Si l'anima est ce qui unit et rassemble et une fonction globale, l'animus confère à la femme esprit d'analyse et énergie tournée vers l'action. C'est le pouvoir de s'assumer et de se prendre en charge, pôle volontariste animé par une pensée logique.
Ainsi l'homme et la femme passent-ils par des phases successives Yang (animus chez la femme) et Yin (anima chez l'homme) comme des diastoles et des systoles qui assurent la respiration vitale du psychisme. Il faut noter en effet que Yin n'est aucunement un signe de passivité, mais de réceptivité au monde intérieur qui permet l'émergence de l'intuition. Une femme passive peut être considérée comme mutilée, et ceci indépendamment de toute connotation pathologique ou thérapeutique. Du principe Yang découle l'initiative, l'audace, l'esprit d'entreprise, le nomadisme. Nous rejoignons ainsi Dürckheim dont l'être essentiel atteint l'harmonie du Yin et du Yang, l'équilibre des quatre fonctions, permettant de se libérer du moi existentiel façonné par nos conditionnements et se manifestant par la persona et un ego développé. De l'harmonie entre le moi existentiel et l'être essentiel, nait la personnalité réalisée, qui bien qu'ancrée dans le réel devient créatrice.