Éducation
C'est Benjamin Franklin, je crois, qui a affirmé à propos de l'éducation de l'enfant :
Exigence sans amour détruit
Amour sans exigence ne construit pas
Exigence et amour sont nécessaires
Le but de l'éducation est de structurer l'enfant en lui donnant un "moi existentiel" fort, capable de s'adapter à la société, et de faire la part des choses entre ses instincts, et les désirs qui proviennent de son être authentique.
Il nous faut pour cela être à l'écoute pour faire émerger cet être authentique, source d'eau vive, qui représente sa véritable personnalité, son unicité parmi tous les autres enfants.
Au départ, le petit enfant et mu par ses instincts et des pulsions qui doivent être vécues mais maîtrisées. Une éducation "morale" est destinée à lui inculquer les bases de la religion (au sens large du terme) de ses parents, la culture de sa communauté, grâce à l'école, les visites de musées, des lectures enrichissantes... Les règles et les interdits sont nécessaires pour le structurer, mais il faut prendre garde que trop d'exigence peut en faire un révolté. Ainsi que le dit Dürkheim, il est un temps où l'enfant est prêt à assimiler les contraintes et à comprendre les exigences (être propre, manger plutôt que dévorer etc...). Ce timing est nécessaire et délicat, car il suffit de l'avancer imprudemment de quelque mois, pour démolir tout le travail déjà effectué.
Il faut évidemment entourer l'enfant d'amour, mais trop d'amour peut aussi étouffer l'être naissant, en faire un douillet, vulnérable à toutes les atteintes que la vie lui réservera. Il faut donc toujours ménager des plages de liberté afin de faire émerger l'être essentiel. C'est particulièrement difficile, car il n'est pas aisé d'être à l'écoute des désirs, des inclinaisons naturelles de l'enfant alors que les parents ont toujours tendance à projeter leurs rêves et à influencer le destin de l'enfant. Combien programment leur enfant pour qu'il accomplisse un destin qu'ils n'ont pu vivre. La famille Kennedy en est un exemple et Rose Kennedy est le type même de la mère d'acier qui pour le meilleur comme pour le pire, a infléchi le destin de ses enfants pour réaliser celui qu'elle croyait être celui de la dynastie. C'est évidemment un cas limite, mais combien de parents qui n'ont pas fait d'études, et qui se sont enrichis su le tas, obligent des enfants à passer par des enseignements souvent stériles, (l'ENA, Sciences Po, les Prépas...) alors qu'ils sont faits pour apprendre dans le grand livre de la vie? Alors que certains sont doués pour les études et d'autres à l'aise dans les activités manuelles, considérées comme deshonorantes par leurs parents?
Un de mes amis me raconta qu'il avait dit à un Coréen avec qui il déjeunait, que son fils venait d'avoir un an. Le Coreen lui apprit que c'était considéré comme un âge important dans son pays, et qu'à cette occasion on faisait une grande fête. On l'habillait comme un petit homme et on l'installait devant une table où étaient disposés toutes sortes d'objets : du papier, des tubes de peinture et des pinceaux, des crayons, un jeu de mccano ou encore de la pâte à modeler, et on observait ce qui attirait l'enfant. Le rôle des parents consiste ainsi à favoriser l'éveil de l'enfant en de coulant dans ses désirs et ses talents authentiques, non issus d'un conditionnement.
Certes pour déconditionner, faut-il encore avoir conditionner au préalable, c'est à dire inculquer les bases de la culture et les fondements du jugement, du discernement et de la morale, mais les deux attitudes antagonistes peuvent se succéder selon un rythme continu et harmonieux, plutôt que par crises. Mais l'équilibre de l'enfant est à se prix. Il sera acquis pour la vie et en fera une source perpetuelle d'eau vive.