Délicieuses catastrophes
J’ai rêvé que Vanessa Paradis me quittait après une lune de miel ratée.
J’ai rêvé que le fisc me réclame deux milliards de dollars d’impôt sur la fortune.
J’ai rêvé que l’aile droite de ma villa de 1000 mètres carrés a été vandalisée
J’ai rêvé que le tirage de mon dernier ouvrage a dégringolé : on n’en vend plus que 100.000 par mois.
J’ai rêvé que Poutine vient de me confisquer mon usine d’aluminium, ce qui me contraint à m’exiler sur la côte d’Azur et à Courchevel avec à peine cent milliards d’euros en banque.
J’ai rêvé que le Canard Enchaîné m’accuse, preuves à l’appui, d’avoir bénéficié d’une subvention de un milliard pour mes casinos.
J’ai rêvé que j’ai raté d’une voix le prix Nobel .
A propos de catastrophes, un ouvrage sur la physique des catastrophes écrit par une très jolie jeune femme, vient d’être promue par le Figaro Magazine. J’ai lu les bonnes feuilles dans l’espoir de découvrir ce qui fait l’essence de la haute littérature d’aujourd’hui. J’en suis resté sur ma faim. Au début j’ai admiré l’agencement des périodes, la richesse de son vocabulaire, mais beaucoup moins que celui des « Bienveillantes » par exemple. Le contraste est pénible entre la préciosité de la rédaction et l’insignifiance du contenu. On devine que pour chaque phrase, l’auteur essaie de convoquer tous les pouvoirs de la langue française, et travaille devant une série de dictionnaires ouverts à une marque invisible. La recherche est tellement originale, que la forme oblitère le fond. Je me souviens de certaines formules de Borges, que j’ai tant admiré : « au fond, un miroir inquiétait le corridor » ou encore « nous fatiguâmes pendant tout l’après-midi, toute la collection d’atlas reliés"