Le nuage qui ne bougeait jamais...
. . . n'est plus.
Ce sont les deux derniers vers d'un hai-ku japonais qui illustre le danger de se reposer sur de fausses certitudes. Il est particulièrement approprié dans un monde de mutations rapides comme le notre, et le cauchemar que vivent les bourses à la suite de l'effondrement de l'immobilier américain, vient nous le rappeler. La première question qui se pose est la suivante : comment personne n'a-t-il vu rien approcher ? En effet le phénomène a saisi le monde financier par surprise, sans aucun signe avant-coureur autre que les mises en garde de gens politiquement et économiquement incorrects. On vivait sur un modèle concocté à MIT et à Harvard, transplanté à Wharton, et en vigueur depuis plusieurs années. Pis encore, il était cloné à des centaines d'exemplaires, et régnait sans conteste. Nul ne se serait avisé de faire remarquer qu'il était déconnexé du réel, et qu'il fabriquait del'hyper-réel. Nul encore n'aurait relevé qu'il est malsain d'accepter un système voyant le futur dans le rétroviseur, et protégé par les critiques et les contestations, par une sorte d'acceptation tacite, celle qui caractérise les trous noirs. Celui-ci en l'occurrence appartenait au noyau sémantique Matrix, dit aussi "esprit de Davos".
Suivre le développement du cyclone, assister à l'élargissement du train d'onde qui part du caillou lancé dans la mare, ses interférences avec l'économie dite réelle (ce qui montre que celle qui a engendré la bulle financière est fantasmatique), est une aventure passionnante, que je me propose de suivre en votre compagnie. Ainsi "Les nuits d'août" dont la dernière livraison est terminée voici quelques jours pourrait-elle être relayée par "cauchemars d' août" et faire l'objet de masterclasses.
J'ai déjà parlé dans un précédent article, d'un disciple particulièrement doué, avec qui j'entretiens des contacts téléphoniques constants et prolongés. J'ai commencé aujourd'hui à lui parler des fondamentaux qui expliquent la crise boursière immobilière, et qui datent déjà de quelques décénnies. Mais au bout de deux heures, il a décroché, et m'a prié de fixer les premisses du désastre dans le blog. Ainsi trouverez-vous une "masterclass pour Alexandre" qui fait partie de l'Entretien et qui est en fait un enseignement à l'envers, puisque le maître Armin Necromonte, enseigne à Lars Hall-Bentzinger, commment mettre au point une machine financière suicidaire ayant toute l'apparence du pragmatisme affiché par Matrix. Mon fils, directeur chez Lehmann Brothers, m'a déjà expliqué les mécanismes compliqués qui ont conduit à la crise actuelle, mais ce n'est qu'une information. J'essaierai de mettre au jour celle qu'il ne connaît pas et que ses collègues ne veulent pas connaître : l'information derrière l'information.