Chronique italienne N°21
Revue de presse
DANGER NUCLÉAIRE
La centrale de Kashiwazaki, la plus grande du monde, a déjà connu quatre incidents en dix ans. "Les données relatives à la sécurité sont fausses". Il Corriere della Sera du 17 juillet, p.11.
Le problème essentiel qui se pose, est celui de la malveillance inhumaine des terroristes et de l'erreur humaine des technocrates (cf. le billet de Marina Fedier sur l'eau stagnante : ils voient tout sauf l'essentiel).
Il existe une seule parade : loger les réacteurs dans des cavernes enfouies dans le sol. Ainsi en cas d'attaque aérienne ou de tremblement de terre, les parois de la caverne s'effondreront sur le réacteur, le scellant pour l'éternité. Deux objections :
1. Cela ne résoud pas le problème d'une infiltration terroriste.
2. Je vous parie une swatch contre une Breguet, que les cavernes ne verront pas le jour. Elle se révèleront plus coûteuses que les autres solutions, et si un jour un malheur devait arriver (cf. Rêves de Kurosawa), l'homme trouvera toujours une solution. (cf. La Prédominance du Crétin, de Fruttero e Lucentini op. inlassablement cité).
Une question : si le pire devait arriver, quelles en seraient les conséquences? L'homme ne peut regarder le soleil ni la mort, dans les yeux, cela vaut pour la mort de l'espèce.
Aliments frelatés
Corriere della Sera, 10 juillet 2007.
Vendre des aliments frelatés n'est plus un délit. Il n'y aura que des amendes pouvant atteindre au maximum 100 000 €
Sans commentaires.
Culture selon octopus
Nicole Kidman entraîne son cerveau tous les jours. Et toi, qu'as-tu fait aujourd'hui pour ton esprit.
Plus de 10 millions de personnes dans le monde entier d'entraînent avec Brain Training du Dr. Kawashima. Découvre ton âge cérébral * et stimulent ton esprit en quelques minutes par jour, avec une série d'exercices simples et amusants. etc... La seconde édition : More Brain Training est en route.
* âge mental n'est pas un terme scientifique, il a été simplement créé pour mesurer ton score dans le jeu.
Photo : Nicole Kidman (dont on connaît les perfromances intellectuelles), mordillant un crayon en signe d'intense concentration mentale, lit un fascicule. Elle est proprement ravissante. Les bienfaiteurs de ce multiplicateur d'intelligence sont les fameux savants de Nitendo. Qui dit mieux?
Le travail fatigue, des millions de gens sont usés. Dans la liste il y a aussi les danseurs, les portiers et les barmen.
Parmi les épargnés par l'usure on trouve les politiciens, les syndicalistes; les professeurs universitaires, les pilotes.
Ces propos sont inadmissibles. Allez voir se démener nos malheureux députés, en train de serrer des mains suantes à des milliers d'imbéciles, les gens de Nicolas Sarkozy qui ont dû renoncer à une vie de famille normale et des syndicalistes qui passent le temps à semer la zizanie chez une populace inerte ! Quant aux professeurs universitaires, dont je suis, je puis témoigner que toute ma vie j'ai travaillé vingt heures par jour, dont une par semaine, réservée à l'enseignement et une à préparer mes cours. Le reste est épuisant : réunions, séminaires, batailles pour de maigres privilèges, recherches de crédit pour décrocher une place d'avion de deuxième classe et une chambre d'hôtel, de troisième. Il y a de quoi être aigri contre les salauds d'entrepreneurs, qui ne font que créer des emplois et gagner du fric. Et aigri, je le suis. Comme bien d'autres de mes collègues, je me suis pointé chez Larguiller. (Oui, c'était moi!).
Vous croyez que je plaisante? Et bien non. Voici la définition officielle du mot "usant" (usurante). "Qui use, qui déchire. Activité usante : un travail qui soumet le corps, l'esprit à une usure excessive, c'est à dire une dégradation suite à un fonctionnement prolongé".
Or, comme vous le constatez, je travaille non stop de sept heures de matin à cinq heures, dont quatre passées de une heure à cinq heures du matin. J'ai fait le calcul. J'aurais dû prendre ma retraite à l'âge de vingt quatre ans, tout de suite après avoir décroché mon diplôme. J'ai l'intention d'exiger la rétroactivité et j'incite mes collègues professeurs, fonctionnaires, ronds-de-cuir, diplomates, pilotes de ligne, syndicalistes et politiciens à se joindre à moi contre ces propos discriminatoires. Nous revendiquons notre droit à la paresse ... pardon, lapsus calami, notre droit au non travail.
Meurtre au polonium
Ou ils sont fous, ou c'est moi qui le suis. Voici un gugus qui s'amuse à tirer la queue du tigre qui dort (à moitié) et ce qui dernier rêve à son élimination. Comme il n'y a rien de plus simple que de louer les services d'un honnête tueur à gages, discrétion assurée, ou au pire, si on cherche les ennuis, un accident style Diana, l'affaire aurait été vite conclue pour quelques milliers de dollars. (Je ne connais pas les tarifs, mais je puis me renseigner, discrétion assurée). Or, ils trouvent le moyen de monopoliser une escouade au complet pendant des mois, puis de signer le meurtre avec un moyen qui les désignent sans confusion. Comme cela ne suffit pas, il faut aussi le signer. L'auteur du crime prendra soin de laisser des traces radioactives dans tous les lieux où il traîne, avant de regagner la mère patrie. Deux hypothèses s'affrontent :
1. Les gens des services secrets sont un ramassis de sombres crétins, paranoïaques et dépensiers. Ils sont dirigés par ces bureaucrates dont parle Marina Fédier dans "eau vive". Il s'agit ici d'eau stagnante et l'agencement du meurtre a été fait avec l'intelligence qui caractérise les chefs de ces services : ils voient rien, ils comprennent rien, ils n'écoutent rien, mais ils agissent.
2. Il s'agit d'un montage machavélique dirigé contre la Russie (c'est la thèse russe).
Les images ne mentent jamais.
Interrogeons-les. Scrutez le visage pathétique d'Alexander Litvinenko (Corriere della Sera 17 juillet 2007), passé, il faut l'avouer par Photoshop. Le drame est tout entier dans l'expression triste, désabusée, les yeux las et accusateurs, fixés vers le lointain. Une victime vouée à une mort atroce.
Ajoutons quand même qu'Alexander est un ex-colonel du KGB, ce qui n'est pas un brevet de sainteté.
Voici le féroce Lugovoi, ex agent russe, et accusé d'avoir empoisonné son ex-camarade.
La bouche est accusatrice, les yeux d'un fanatique, aimeriez-vous affronter un tel adversaire?
"Le gouvernement Poutine n'a pas compris avec quel sérieux nous traitons le cas de l'ex-espion occis.
(Le Foreign Office)
La photo ci-contre du ministre des affaires étrangères David Milliban, exprime cette farouche résolution qui nous rassure : justice sera rendue, proclame le visage tendu et l'expression intelligente de ce haut personnage. Poutine n'a qu'a bien se tenir.
Meurtre au polonium, mes commentaires
Mais qu'est-ce qui leur prend? Pour se débarrasser d'un gugus qui les titille, il suffit d'un simple tueur à gages professionnel, ou mieux une simple égratignure avec une rose dont les épines sont contaminés par le Sida. Et puis, un accident de voiture est si vite arrivé, voyez Diana. Hé bien, non. Ils surclassent le kidnapping d'Omar, à Milan. Il leur faut une escouade de berbouze sur entraînées sur le pied de guerre pendant des mois, et puis, l'utilisation du polonium afin de bien montrer qu'il s'agit d'un meurtre, et d'un meurtre politique. Pour compléter l'ensemble, le tueur laisse ses traces radioactives dans tous les hôtels où il traîne. On croit réver. Ou le point de vue déjà exprimé dans le précédent journal, que les espions sont des débiles congénitaux, mi-paranoïaques, mi-profiteurs, obéissant aux ordres des bureaucrates décrits dans "eau vive" de Marina Fédier. est valable. Ou il faut penser qu'il s'agit d'un montage habilement agencé pour compromettre les pauvres agents de l'ex. KGB. Dans le premier cas, c'est de l'intox, dans le second, de la désinformation.
Culture contemporaine
Ci-contre un extrait de Libero. La pietà a été reproduite dans de nombreux quotidiens.
Voici un témoignage réconfortant pour la santé de la perenne Italie, berceau de la chrétienté et patrie de Mickey l'Ange et du Homard de Vinci. Tout d'abord, et contrairement à la Moratti qui se croit -non pas à Téhéran, mais dans la Rome du Moyen Age, ces images témoignent de la plus sainte ferveur catholique. La vierge, habillée en Prada, tient entre ses bras, une sorte de poupée désarticulée et au visage indécis comme un otage de Fautrier. Image poignante. L'image de gauche, montre les horreurs de la prostitution et vous en verrez de pires dans le Jardin des Délices de Bosch et dans le rétable de Mathis le peintre, à Colmar.
Puis, c'est bien la première fois que j'assiste à un tel engouement du public et des média pour une exposition d'art d'avant garde. Cela montre qu'enfin les journalistes ont compris leur mission : éduquer le grand public, l'édifier et lui montrer par l'exemple combien l'Art peut enchanter le monde. Tout est donc pour le mieux dans le meilleur des mondes médiatiques, comme dirait l'émule de Fruttero e Lucentini, le bon docteur Pangloss.