Chroniques italiennes N°11
Les quatre cavaliers de l'Apocalypse
Ci dessous la page de garde d'un des volumes du manuscrit "éléphant," ( L'Entretien)
Le premier, monté sur un cheval blanc, promettait la victoire. Il partit sous les acclamations de la multitude. Il annonçait un monde meilleur, où la globalisation, le libre-échange, la technologie informatique, la découverte de nouvelles ressources, suspendraient le cours de l'histoire. Il partit pour combattre l'obscurantisme, et ne revint jamais.
Le second, monté sur un cheval rouge, sûr de sa force et de sa virilité, combattit les mécréants, les esclaves et les corrompus. Il les domina, massacra hommes femmes et vieillards, et les survivants, il les réduisit en esclavage.
Le troisième, monté sur un cheval noir, expliqua qu'il fallait économiser les ressources, que la planète n'était pas un pourvoyeur éternel ni sans fin. On mesura ainsi l'énergie, l'eau, le pain et l'huile, et le temps. Il fut secondé par une armée de bureaucrates zélés qui, comme des sauterelles, firent main basse sur toutes les denrées épargnées par le second.
Le quatrième, monté sur un cheval jaune, assécha les océans, noya les terres fertiles, et fit de la planète verte, une terre jaune où des ossements pourrissaient.
Que l'on se garde bien de voir dans ces commentaires de l'Apocalypse, une quelconque allusion aux quelques désagréments qui se profilent à l'horizon. Grâce à la nouvelle Société, l'argent coulera à flot pour certains, animant les mères contre les mères, les frères, contre les frères, les ennemis se coalisant pour attaquer leurs amis respectifs au moment où ceux-ci affutent le poignard de la trahison.
L'argent virtuel, bulle irisée. Voyez-là osciller dans le firmament des valeurs étoiles, à gauche, à droite, plus haut vers le soleil, puis comme Icare, plongeant vers l'océan. L'homme contrôlera enfin la planète, faisant de la Sibérie un paradis touristique où pousseront palmiers et cédrats, noyant les plages et les basses terres, hâtant la fonte de la calotte glaciaire afin de faire pousser dans la plateforme fertile, des puits et des transformateurs.
Mais soyons sans crainte, l'homme saura toujours trouver une solution. (Fruttero et Lucentini, la prédominance du crétin).
Commentaire : j'ai tout à fait envie de publier dans ce blog, dans un coin ignoré de ses mailles, deux chants prophétiques de L'Entretien. Le premier est un commentaire sur un tryptique de Beckman, Le Départ, l'autre a été lu à un conformiste bon teint; Il faillit avoir une attaque...