Je suis, donc je suis
Les axiomes de base de la Théorie de l'Information Psychologique (TIP).
NOTE : Le texte original de la TIP (Théorie de l'Information Psychologique) par la suite intitulé : éléments pour une Théorie... est retranscrit en noir. En revanche les commentaires et les modifications effectuées après 1970 sont transcrits en brun.
Le terme d'Information psychologique, laisse entendre que l'on différencie une information physique, biologique etc... de l'information mentale. Ceci est conforme à la théorie des trois mondes de Poppert, l'élément commun qui les relient étant l'information.
L'AXIOME DE DÉPART : L'existence des phénomènes de conscience.
Je suis conscient (aware) d'objets qui m'entourent et qui sont présent dans ce que je puis nommer conscient, ou état de conscience. Ce peut être une douleur, une vision, un son, une vague sensation cénésthésique. Même pendant le sommeil des images, des conversations, des idées peuvent être présentes, encore que je ne le connaisse qu'au petit matin, au réveil, et que je les situe au moment où j'était endormi. Ce qui entraine une caractéristique du conscient : il se trouve dans l'ici et maintenant, car je n'ai aucune garantie que ce dont je crois me souvenir, se soit réellement produit, où à ce moment là, tout ce que je puis affirmer, c'est que dans mon conscient coexistent un objet (image, idée, vision, audition, paroles prononcées) et une adresse qui leur affecte une place dans une hiérarchie temporelle que j'ai établie plus ou moins artificiellement et qui me permet de classer les objets conscients.
Définitions
Je me trouve bien embarrassé pour désigner ces objets présents dans mon conscient : idées, images, sensations, bruits et paroles, sentiments et émotions... Je les appelerai représentations notées r1, r2, r n.
Ces représentations n'ont pas de composition ni de contour bien défini. Elles présentent cependant une certaine cohérence qui provient de ce qu'elles comprennent des éléments constituants ou psychèmes qui sont en quelque sorte agglutinés, ou agrégés par une sorte de tendance centripète pour former la représentation. Par exemple si j'imagine une chaise, les pieds et le dossier sont rassemblés. S'ils viennent à manquer la représentation se désagrège.
Par ailleurs l'instabilité règne dans l'amas que forment les représentations. Non seulement il est en perpetuelle mutation, mais il suffit que je l'observe pour qu'il se modifie.
Je nommerai Champ de représentation R, l'ensemble des représentations et des psychèmes qui le composent à un instant t. Je nomme instant un état donné du champ de représentation R. S'il subit une modification même minime, c'est qu'un nouveau R va lui succéder, qui sera associé à un instant t+1. La succession des instants, donne une impression de mouvement, comme celle qui apparaît lorsqu'on fait défiler à 32 images seconde, des vues dans la projection d'un film.
DISCUSSION. On pourrait prendre cet axiome pour un postulat, car je l'ai formulé comme une évidence non analysée. Or un grand nombre de scientifiques de l'époque béhavioriste et les suiveurs de Pavlov, affirmaient l'axiome contraire : le conscient n'existe pas, ce n'est que ... une émanation de nos processus hormonaux (Changeux) ou neurologiques (Pavlov, Nogroponte), ou enfin, une entité non scientifiquement recevable puisque non reproductible, non mesurable, non objectivable (béhavioristes). L'introspection, ou approche en première personne n'est pas admissible car elle est essentiellement subjective et ne peut être fixée en laboratoire. Ajoutons que les réflexologues soviétiques avaient postulé que la conscience est le produit du capitalisme bourgeois.
Or, tous ces points de vue se brisent à une contradiction interne insoluble, détectée par Pauli et par Niels Bohr.
LE PARADOXE NIELS BOHR. Les instruments de mesure produisent des informations que je ne puis en fin de compte connaître que parce que je suis conscient. Mais si je nie l'existence, ou même la validité de ma perception, cela signifie qu'à moins de travailler en dormant, ou en état comateux, il faut bien que tout passe par mon conscient.
En utilisant notre terminologie, je ne puis connaître et manipuler le monde extérieur "objectif" qu'à travers l'écran de mon conscient. Non seulement le champ R n'est pas un épiphénomène sécrété par le cerveau comme le foie secrète la bile, mais c'est exactement le contraire qui se vérifie : le monde "objectif" extérieur est inféré par l'ensemble de nos représentations. Cela ne signifie pas qu'il n'existe pas (thèse solipsiste) mais tout simplement que je ne puis le connaître qu'en tant que système de représentations.
DISCUSSION. Non seulement il est faux d'affirmer que le cerveau est le territoire et que le champ R est la carte que nous dressons des mécanismes neuronaux, mais c'est le contraire qui se produit : le champ R est le territoire, c'est la seule apprehension par voie directe que nous ayons de la réalité, le cerveau n'est qu'une partie de la carte de cette réalité inférée à partir de notre expérience sensible.
Dans la prochaine masterclass, nous montrerons grâce à l'axiome de Bohr, que non seulement le conscient R est le territoire, et le monde extérieur, la carte inférée par R, mais que les propriétés de R sont totalement incompatibles avec la réalité biologique explorée par les neurosciences et avec la réalité physique. On peut donc affirmer que je suis vivant parce que j'ai un champ R. Si je considère le contenu de R comme ce que je suis, le fait d'en être conscient (conscience réflexive) est également une partie de R. Je suis donc non pas parceque je pense, comme le disait Descartes, mais parce que je suis. Quand je rêve, je ne pense pas bien souvent, mais je suis néanmoins.