Chronique italienne N°2
Il serait trop fastidieux de dépouiller et d’analyser les différentes rubriques, depuis les événements internationaux jusqu'aux disputes entre adolescents et forces de l’ordre. Je me bornerai ici à jeter quelques observations prises au hasard et tout à fait subjectives.
1. 60% des italiens sont contre Prodi. Motif : il n’a tenu que les promesses négatives : accroissement des charges et des impôts, poids accru d’une bureaucratie tatillonne, corruption, et incapacité totale à gérer les affaires du pays, comme autrefois des tâches qu’on lui a confiées. On déteste Berlusconi qui avait tendance à confondre ses affaires personnelles avec celles du pays, mais on trouve à présent que les choses sont bien pires avec Prodi. On regrette de l’avoir élu par réaction contre Berlusconi, mais c’est trop tard pour le plaindre, il y est, il s’accrochera, et on en a pour cinq ans.
2. D’une manière générale les italiens pensent que leurs dirigeants sont pires que les nôtres et que l’Italie souffre d’un morcellement de petits partis dont des factions révolutionnaires dont l’influence sur Prodi est considérable et occulte. On pense que la bipolarisation de la France est une chance pour le pays, surtout si la gauche abandonne des positions idéologiques d’un autre temps en semant la discorde et la haine. On préfère la position pragmatique de Ségolène Royal tout en s’étonnant qu’elle ait sciemment trompé ses électeurs sur les 35 heures et le Smig à 1500 euros, pour des raisons d’obédience idéologique.
3. Nicolas Sarkozy bénéficie d’une sympathie générale aussi bien à gauche qu’à droite. On pense que son pari est presque impossible à tenir et on espère pour lui qu’il aura le courage de tenir ses positions sans se laisser infléchir ni intimider, auquel cas, ses discours ne seront que… des discours, des gesticulations,. On aura alors perdu en France une grande opportunité qui ne se représentera pas de sitôt.
4. Les journaux accordent une importance croissante aux arts plastiques.
La biennale de Venise, Maurizio Cattelan à Francfort, la foire de Bâle, suscitent un fort intérêt et des artistes comme Tracy Emin, Sophie Calle, Ugo Rondinoni (très apprécié par notre ami Bonnet) ou Chris Ofili voisinent parmi les célébrités avec les Cavalli, les Armani ou les Lagerfeld. Notons à ce sujet, que les journaux plutôt de gauche montrent un plus grand intérêt pour la culture en marche que ceux de droite. Cela montre qu’en Italie comme en France, la culture de haut niveau est plus voisine de Medusa que de Force de la terre.
5. En dépit d’interprétations fortement antagonistes des événements, par les différents médias, le ton reste toujours correct, et on est loin des insultes et des slogans haineux des journaux d’opposition français. Des Nouvel Obs, des Marianne, des Canard Enchaîné, des Libération, n’ont pas d’équivalent dans le régistre des imprécations sectaires, dans les médias italiens.
6. La désinformation Matrix infiltrée par les Etats-Unis, est générale et fournit le prêt à penser général. Citons : l’indignation pour la peine de mort infligée au bourreaux irakiens, sans un mot sur les dizaines de milliers de victimes du génocides, et transformant ainsi le prévenu en un homme comme les autres. Citons aussi l’anathème jeté sur la Russie, la critique acerbe de la Pologne et le soutien au couple Merckel-Sarkozy.
7. Grand pessimisme sur le sort réservé à Israël et relative à l’intoxication réussie qui consiste à créditer les palestiniens d’une légitimité morale et de continuer à affubler l’état juif de l’accusation de bourreaux.
Demain, la suite des commentaires sur mon quotidien.