Dissymétries
La dissymétrie est un des indicateurs les plus sûrs de la présence d'un noeud sémantique. Lorsqu'elle touche un parti politique, une classe sociologique, une entreprise, et qu'elle est relativement peu importante, le noeud a une faible prégnance. En revanche lorsqu'elle touche l'ensemble de la maquette médiatique "octopus" et un pays, voire un continent tout entier, on peut alors parler d'un noeud à forte intensité, voire d'un véritable "trou noir", où l'information incongruente (politiquement incorrecte) est happée par le vortex et devient inaccessible. Dans 1984 d'Orwell comme en Chine certains mots sont interdits. En supprimant le mot liberté, la chose devient impensable. En prohibant certaines statistiques révélatrices, ce qu'elles révèlent est occulté, il s'agit proprement d'escamotage d'informations.
Statistiques banales et dérangeantes
Mon fils vient de me transmettre une statistique que j'avais déjà lu dans le Figaro (du 19 juin 2007) et où il apparaît que 94% des musulmans et 75% des africains ou de personnes ayant un parent africain, votent Ségolène Royal et 80% des catholiques pratiquants votent Nicolas Sarkozy. Cela appelle un certain nombre de remarques .
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1°) Les musulmans et les africains sont à prédominance Djihad, étant donné la forte prégnance du Coran et des dits de Mahomet. Les catholiques pratiquants appartiennent à un noeud sémantique en disparition : Autel, qui était en relation étroite au XIXe siècle avec Force de la Terre régressif. (La bourgeoisie conservatrice). Or Medusa est également concentrée à gauche, ce qui montre que la carte politique coïncide avec celle des noeuds sémantiques et que la bipolarisation de la France est due à la séparation des idéologies.
2°) Le fait d'introduire un facteur ethnique dans les statistiques, ne signifie pas nécessairement qu'il tende à dévaloriser une classe spécifique.
3°) En revanche la publication de corrélations éventuelles entre l'ethnie, la religion ou le pays d'origine, et les français de souche, les bretons ou les corses, risque d'induire des comportements positifs ou négatifs dans une population qui n'est que trop portée aux généralisations. On tombe alors dans le piège dénoncé par Korzybsky, le père de la sémantique générale qui proscrivait l'usage de verbe être. (Un tel est un juif, un tel est un maghrébin etc.)
4°) Mais on tombe dans un autre piège encore plus redoutable : occulter un fait (ou une observation factuelle) parce que les inférences qui peuvent en être tirées peuvent renforcer tel ou tel jugement. On se trouve alors dans le cas type d'une information pervertie : au lieu de partir du fait vers le jugement, on filtre et on manipule les faits en fonction du jugement.
5°) Cela conduit à considérer deux catégories de faits : ceux qui sont admissibles par le noeud sémantique, ceux qui doivent être occultés, ou du moins minimisés. La maquette "octopus" (le modèle factice de réalité construit par les médias) admet ainsi plusieurs faits contradictoires admis par les neouds sémantiques qui le gouvernent. Mais lorsqu'un fait dérange TOUS les noeuds sémantiques admis, il est exclu de toutes les régions de la maquette Octopus. Il n'a plus d'existence médiatique. Il est présent sur le terrain, mais à la façon d'un chanteur de varoétés privé de micros, ou d'un violon sans caisse de résonance. Les expériences conduites à L'Annenberg School of Communications, montraient que lorsque le "vu à la télévision" contredisaient l'expérience ici et maintenant sur le tas, c'était le simulacre qui s'érigeait en réel.
6°) Les totems et les tabous, s'attachent au nom. En Occident les mots totems comme BBB, Bleu, Blanc, Beur, ou tabous lorsqu'ils sont connotés nétgativement comme "arabe, africain, maghrébin, bonne, paresseux, cancre, français d'origine" ont une importance considérable. Il n'est pas admis qu'il puisse exister des arabes violents, des africains sales, des juifs m'as-tu vu, des arméniens avares.
La dissymétrie vue par Jean-François Revel
L'auteur appelle la désinformation un mensonge complexe et on ne saurait le contredire. Il a décrit avec un talent qui me fait hélas défaut, la dissymétrie entre le traitement des informations selon qu'elles étayent la gauche ou la droite, et qui est révélatrice de la dominance du trou noir gauchiste. (Médusa et Diamant Vertueux).
... Le mensonge de gauche se présente, par nécessité, en beaucoup plus grande quantité que le mensonge de droite.
Le mot même de gauche y est un mensonge. Il désignait, à l'origine, les défenseurs de la liberté; du droit, du bonheur et de la paix. Il est arboré aujourd'hui par la majorité des régimes despotiques, répressifs et impérialistes, dans lesquels tous ceux qui n'appartiennent pas à la classe dirigeante vivent dans la pauvreté, voire la misère. En dépit de cette situation, on entretient par habitude l'idée que la gauche, au lieu d'être cette collection de mastodontes totalitaires qui encombrent la planète; serait une fragile, faible et minuscule flamme de justice, résitant à l'éteignoir d'une droite gigantesque, omniprésente et omnipotentne. Aussi les mensonges de droite sont-ils beaucoup plus dénoncés que les mensonges de gauche; puisqu'ils passent pour constituer le seul véritable danger, et la seule tromperie scandaleuse. Continuons de flétrir avec toute la sévérité qu'ils méritent, aussi longtmes qu'ils seront parmi nous, l'apartheid et le général Pinochet, mais n'allons pas prétendre que ce sont là des sujets dont on n'etnend pas parler et qui bénéficient d'un silence complice...
... On détaille les atrocités passées des puissances coloniales, fort justement, mais beaucoup plus souvent que les atrocités présentes des régimes "progressistes" issus de la décolonisation.
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Jean-François Revel, La Connaissance inutile. Grasset , 1988