Une communication à mes amis
Comme je me l'étais proposé, devant l'intérêt suscité par L'Entretien non seulement dans ce blog, mais aussi avant-hier au cours d'une séance avec quelques collègues, j'ai pris la décision d'en délivrer quelques une des pages les plus difficiles, ou les plus contraires aux usages littéraires. Dans les articles précédant cette note, vous découvrirez le prologue de l'Entretien, "voix dans la nuit" dans sa version calligraphiée originale, sur le codex, dit Pepys I. Tout à l'heure, l'ensemble recevra la visite de M.Thierry Delcourt qui succède à Madame Monique Cohen, à la Direction des manuscrits anciens de la Bibliothèque Nationale de France, point de chute de L'Entretien, et de M. Fous de la même direction, qui le connaît bien et qui a été de ceux qui m'ont encouragé. A la suite de ce texte original, j'ai joint un décodage. Il apparaîtra ainsi au lecteur, que loin d'être ésotérique ni symbolique, ce dialogue énigmatique est simplement condensé à l'extrême, comme les passages initiatiques de Apocalypsis cum Figuris, nom complet de l'ensemble. Ici comme partout ailleurs, les extraits de cette oeuvre personnelle présentent une information qui cache une information, d'où la nécessité d'un décodage.
Le prologue qui constitue la séquence initiale de L'Entretien, tient dans les deux premières pages d'un ensemble qui en comprend plus de quatre mille, ce qui donne une idée de la densité du manuscrit, élaboré depuis plus de quarante ans et qui ne commence qu'à présent une incursion dans le monde extérieur. C'est à la suite d'un enchaînement de circonstances dont je me suis déjà expliqué ailleurs. Mon fils, homme positif et optimiste, détestant tout particulièrement ce manuscrit, qu'il trouve à raison sinistre et négatif, je me demandai ce qu'il deviendrait après ma mort. Quels que fussent les doutes que j'entretenais à son sujet, je pensais qu'il eût été regrettable qu'il soit détruit par des mains mal intentionnées ou négligentes. C'est alors que Claude Mediavilla, m'incita à le montrer à la BNF et en particulier au Departement des Manuscrits, où il reçut un accueil plus qu'enthousiaste et que Monique Cohen me fit l'honneur de le considérer comme une partie du patrimoine culturel de notre pays. M. Fous et ses collègues eurent la gentillesse de lire des parties significatives du texte (qui peut en lire la totalité des quatre mille grandes pages?) et ainsi fut décidée la donation. Mais j'essayai d'en transcrire le maximum sur ordinateur, et j'en tirai plusieurs tapuscrits, dans lesquels je tentai de trouver avec Photoshop, un équivalent à l'écriture manuelle. Enfin, je tentai d'en lancer dans la toile quelques extraits, pour voir. C'est que ces pages ont été écrites sans la moindre préméditation, sous l'empire d'une pressante nécessité intérieure, et je n'en comprenais pas moi-même le sens, comme, j'étais incapable d'en prévoir le déroulement, encore moins le communiquer à qui que ce soit. C'est ainsi que pendant quarante ans le texte a continué de proliferer dans l'ombre, comme un champignon vénéneux, ou ce pommes de terre non stérilisées qui bourgonnent intempestivement dans les pièces sombres.
J'ai l'intention de regrouper toutes les séquences initiatiques, que l'on pourrait intituler "voix prophétiques" et qui doivent vraisemblablement surgir de cet inconscient prophétique dont parle Carl Gustav Jung et que je tiens peut-être d'un ancêtre du XVIII siècle. Prophétique ou pas, il exprime une vision du futur et qui compte tenu du moment où ont été rédigées les premières pages, n'est que trop vérifiée par cette orée du XXe siècle.
J'aime bien les canulars, et ils abondent dans L'Entretien comme des produits dérivés ou des simulacres, en marge du manuscrit original. Notamment je me suis amusé à déguiser ce texte sévère et laconique, en son contraire : un thriller dans le style de Ludlum. Vous le rencontrerez dans la version romancée : attente dans les ténèbres. Vous y ferez la connaissance d'un bellâtre qui m'est fort sympathique : Gregor Gregoriadis, directeur du Marketing de Spectre.
L'aube a envahi ma chambre, il est 6 heures trente et depuis minuit, près de trois cent internautes ont visité ce blog, se succédant à intervalles réguliers. Qui sont-ils? Et pourquoi cette affluence soudaine? Par dessus le marché, le serveur, saturé a refusé de fonctionner et j'ai perdu une séquence que j'ai du refaire. J'ai beaucoup d'affection pour ces amis inconnus et muets, que je sens comme penchés derrière mon épaule, pendant que mes doigts rentrent en contact quasi mediumnique avec le clavier.