Que voici un beau slogan : "qui protège". Mais qui protège de qui, et de quoi? La formule est à la fois agressive et passive. Agressive parce qu'on suggère que l'on court un danger : celui de la dictature Sarkozienne, et nous avons là un procédé de désinformation classique : pendant qu'on passe sous silence les véritables dangers que nous avons provoqués; on les dénonce à l'état imaginaire chez nos adversaires. C'est ce que l'on appelle le "miroir", et le miroir rend fou. Mais la formule est également révélatrice d'une passivité inquiétante : appel au cocooning, à l'assistanat, au refus du risque inhérent à la condition d'homme libre.
La bibliothèque J'ai écrit un article qui fait l'inventaire de quelques livres qui hantent ma chambre à coucher et mon esprit, liste assortie de quelques commentaires.. Parmi eux, deux sont de saison : Power de Greene, la connaissance inutile de Revel. On trouvera également dans cette énumération un commentaire du premier mouvement de la célèbre Sonate au Clair de lune de Beethoven, remarquable par la désinformation qui s'y attache. J'ai joint la version à peu près authentique et inconnue, que vous pouvez consulter en cliquant ici. ►♦
POWER Les lois du pouvoir
J'ai toujours manifesté une inquiétude à propos des legislatives. On a tellement parlé d'une vague bleue, voire d'un tsunami bleu ecchymose, comme disent des socialistes, que j'ai craint une démobilisation des électeurs, qui affaibliraient la légitimité de la droite. Mais il y a d'autres dangers qui guettent le président, et les bons auteurs nous les signalent sans ambiguïté.
Machiavel nous apprend que lorsqu'il y a l'état de grâce, le Prince doit immédiatement prendre les mesures les plus radicales, les plus impopulaires, et anéantir complètement ses ennemis à terre (une des 48 lois de Greene). Le résultat sera de provoquer une révolte, des manfestations, l'accusation de despotisme etc... Mais outre que les rivaux anéantis ne sont plus en état de se plaindre, cela donnera à réfléchir aux autres, et les autres joueront les courtisans pour se partager les dépouilles de leurs ex amis.
En revanche, si l'on effectue un compromis, tôt ou tard, on sera obligés de sévir au coup par coup et à chaque fois on récoltera insultes, critiques et moqueries qui finiront par user le pouvoir.
Certes, pour gagner les élections, il est indispensable de faire des compromis Mais jamais au dépens de l'Idée qui nous légitime. En revanche, une fois les élections gagnées, il faut se hâter de prendre des mesures irreversibles. Thierry Breton, me confiait au cours d'un déjeuner, que le secret de sa réussite était la vitesse de réaction : dès que tous les vecteurs sont alignés, il faut foncer et viser l'irreversible en brûlant ses vaisseaux.
La posologie des antibiotiques
Nous savons tous que mieux vaut ne pas prendre d'antibiotiques que d'en prendre en quantité insuffisante, ce qu'on ne manque pas de faire, dès que notre état de santé s'améliore. Mais il est difficile de rattrapper l'erreur, car dans l'intervalle l'ennemi est devenu un expert.
Ce qui peut préoccuper chez Nicolas Sarkozy, n'est pas sa politique d'ouverture radicale. Il embrasse ses adversaires pour mieux les étouffer. Ce qui inquiète c'est la rupture de cohérence du noeud sémantique Force de la terre, qu'il incarne. En effet si son objectif avoué est de faire rentrer en France les grandes fortunes, grâce à des mesures très onéreuses et qui ne manqueront pas de lui être reprochées, ces mesures ont été si édulcorées, que l'on dépensera les budgets, mais il n'y aurait pas grand chose à gagner. Les exilés sont trop avisés pour revenir. Sarkozy, champion de la droite tient le discours de la gauche, et ce qui est plus grave, les faits. Le bouclier fiscal ne touchera pas grand monde, les heures supplémentaires censées être au prix normal sont engluées dans un maquis fiscal, et tout est à l'avenant. Quant à la culture, parlons-en. Lorsque j'étais jeune, le Louvre et tous les musées nationaux étaient gratuits le Dimanche. Ce fut la gauche qui supprima la gratuité, mais depuis, le prix sont dissuasifs pour des bourses modestes, des jeunes, des retraités...
Le résultat est prévisible : c'est du loose-loose, du perdant-perdant. Où on est pour la promotion du travail et il faut aller et combattre le cooconing, ou on veut rapatrier les grandes fortunes, mais il ne faut pas alors priver de tout intérêt les entrepreneurs pour la rupture. Cette rupture sera dans les mots. Un exemple, la suppression totale des droits de succession, de l'impôt de solidarité forcée incitera les riches que n'aiment pas la gauche, à rester en exil. Et ce n'est pas en faisant des compromis qu'on évitera des manifestations. Bien au contraire. Nicolas Sarkozy risque de dépenser en pure perte. Espérons qu'il potessera Virus et qu'il cessera de vouloir imiter les bobos de la nuit parisienne.