Une communication à mes amis,
en ce dernier jour de mai.
L'irrationalité internet
Nombreux sont ceux qui m'ont téléphoné pour protester. Ce matin, il n'ont pas reçu leur journal! Je m'en excuse auprès d''eux. La raison était qu'hier nuit je suis devenu stérile. La faute en est à cette maudite informatique, ou plus exactement au serveur de Dailymotion qui a refusé opinâtrement d'encoder le deuxième mouvement de la sonate de Mozart en la mineur. Après avoir usé deux informaticiens, qui tout l'après-midi et le débur de la soirée ont inlassablement repris une à une les quelques 75 étapes qui vont de l'enregistrement à la délivrance sur le blog, l'obsession m'a gagné. Rationnellement il est impossible qu'un mouvement de dix minutes ne puisse passer alors que d'autres, plus longs ont été enregistrés sans encombre. Mais - avis aux zététiciens qui reprochent à la parapsychologie son manque de rigueur - les diableries aléatoires de l'internet ne sont pas moins intrigantes. J'ai songé un instant de m'inscrire à youtube mais le même phénomène risque de se reproduire.Il reste que je me suis battu stupidement contre l'irrationnel electronique, comme ces poules décérébrées qui tournent inlassablement en rond. J'ai abandonné la partie, moulu, vidé, vers cinq heures du matin. Ainsi que vous le constatez avec un hochement de tête de commisération, j'étais devenu débile. Et c'est vrai. Ce matin j'ai demandé à des professionnels du blog ce qu'ils en pensaient. Ils m'ont répondu : il n'y a rien à faire. Cela nous arrive constamment, et nous avons toujours un type qui est là pour ça. Il fait la poule décervelée jusqu'à ce que ça marche. - Mais comment prévenir une telle défaillance, quelle est la règle? - La règle? C'est que l'informatique, à ce degré de compexité (la video sur le net), c'est comme le piston : quand ça marche, ça marche, et quand ça ne marche pas, ça ne marche pas !.
Assez glosé sur ce sujet. J'ai découvert avec plaisir que bien des internautes se branchent sur le blog avant d'aller au travail, le matin. Les statistiques, très favorables, donnent la progression suivante du 3 février à ce soir du 31 mai :
1712 , 4915, 7239, 11528 visites pour un total de 25402 visites, avec un pic avant-hier de 730 visites. Ces chiffres sont à prendre avec précaution. Ils sont un bon exemple du pouvoir de désinformation des statistiques avec leur fausse précision illusoire. Un chiffre comme 11 160 peut aussi bien représenter une réalité de 300, 500 ou 1000 visiteurs réels? On a certes retranché les moteurs de recherche comme sphere, qui captent tous les nouveaux billets, mais un même visiteur peut se brancher plusieurs fois dans la journée. J'apprends aussi que si vous vous connectez au blog de x minutes en x minutes, cela ne compte que pour une seule visite. Quelle est la valeur de x? Il faut faire des tests pour le savoir, et ces tests sont aléatoires comme tout ce qui est parapsychologique et informatique! C'est ce qui fait la beauté de la chose. Vite, vite, que je mé réfugie dans une partition de Mozart ! Au moins dans une sonate, pourtant d'une bien plus grande complexité, plus vous creusez, plus la clarté et l'ordre apparaissent. Tout est rationnel et explicable... et pourtant quel mystère sous-jacent en dépit de la précision de l'architecture musicale. Dans un logiciel au contraire, tout est irrationnel dès que l'on creuse, mais aucun mystère ne se tapit derrière le chaos. De la contingence pure.
En ce dernier jour de mai
J'ai pensé à un texte merveilleux qui ouvre un de mes journaux calligraphiés de ma jeunesse. J'avais alors coutume de me retirer une semaine de printemps ou d'automne, dans un endroit magique : Saint Cyprien dans le Périgord noir, vallée de l'Eure du côté de Louviers, ou encore, Valéscure, au pied du Mont Vinaigre. Et j'errai pendant des dizaines de kilomètres dans des paysages magiques, hybrides des mirages de la solitude et des richesses de la terre fertile.
La page reproduite ci-contre, a été jetée sur le papier, comme ces pétales de fleurs de cerisier qu'emporte la brise de printemps. Elle est datée du 21 avril 1963...44 ans se sont depuis écoulée.
En voici la transcription :
Dans l'hotêllerie, le dernier jour de l'année.
Une lampe est ma seule compagne
un grincement de porte est la seule voix que j'entends
L'année se termine. J'ai parcouru mille lieues
et je suis encore loin de mon pays.
Accourez mes soucis ! Accourez mes peines !
Je vais passer en revue toute ma vie.
Les années écoulées n'ont pas cessé de me meurtrir le coeur
quels tourments lui réserve l'année nouvelle?
J'ai laissé en route maints compagnons de ma jeunessse. Ceux-là m'ont laissé le repos.
Mais debout lâche voyageur !
Le printemps revient pour toi, les roses vont s'épanouir pour toi, et tu voudrais mourir? Sors dans la plus suave nuit de l'année... Il pleut des fleurs de prunier qui sècheront tes larmes d'enfant.
Ces vers me touchent beaucoup. Ils proviennent de Tai-Chou-Louen et sont extraits de La Flûte de Jade. Ce florilège de la poésie chinoise, on le sait, a inspiré Le Chant de la terre, de Mahler, en particulier les poèmes de Li-Tai-Po, un des plus grands poètes chinois. Ce qui frappe dans ces courtes poésies, est leur sincérité, leur extrême sensibilité, empreinte de détachement feint, mais aussi d'une nostalgie presque post romantique. Voici une autre porte d'entrée vers la Chine. Mais ce fond merveilleux d'humanité at été dévasté au cours des siècles par l'invasion successive des Mongols cruels, des communistes déments, et aujourd'hui de Matrix omniprésent, vulgaire et deshumanisé. L'âme chinoise s'est réfugiée, colombe apeurée, dans les recoins de la poésie. On n'ose dire de la peinture, cette dernière ayant subi de plein fouet le déferlement d'une spéculation meurtrière. Relisez La Flûte de Jade, ou lisez-là si vous ne la possedez pas. Elle n'est plus en vente; mais dans le net, vous pourrez sans doute vous en procurer un exemplaire. (Editions Piazza). N'hesitez pas à acheter l'édition originale, si vous avez le chance de tomber dessus, car elle seule donne les références et les dates des poètes.
J'ai envie de vous transmettre quelques "salons imaginaires" de L'Entretien dans lesquels l'ex dissident soviétique Vladimir Zoubov, décode des poésies de La Flûte de Jade, devant un auditoire de snobs intellectuels et de bobos. Après tout le sujet en est conforme à la lettre et à l'esprit du blog : l'information qui se cache derrière l'information.
Il est vrai que ces séquences de l'Entretien sont marquées par le carré noir, et que j'ai une certaine réticence de les livrer à la toile. Mais, outre le fait que le public de ce blog est très restreint et indulgent à mon égard, la fréquentation des séquences de Apocalypsis cum Figuris m'encourage à continuer. Et c'est pourquoi je voudrais bien finir ce duo d'amour si ambigu entre Lasse et Clara. Ceux qui l'ont lu, savent que le héros s'apprête à tuer celle qui s'est révélée une espionne machiavélique. Encore une Idylle qui tourne mal ! Mais tout peut encore être sauvé. Dans le roman, tout peut être possible.