CHRONIQUE
NI VENUES NI CONNUES
CES IMAGES OSCILLANTES.
VOUS VOUS APPROCHEZ A NOUVEAU ....IMAGES OSCILLANTES
Ces phrases qui ont été si longtemps familières à mon cœur de vieillard, sont en même temps celles d’un jeune homme. Wolfgang les composa lorsqu’il croyait prendre un départ définitif, fondamental et sans retour de sa vie d’homme pour aborder les rives du Léthé. Lande désespérée, ensevelie dans l’ennui et la mort de l’esprit. Il ne lui apparaissait pas alors qu’il accouchait d’une nouvelle œuvre mais d’un nouveau génie. En effet, au flamboyant Faust 1 succéda une œuvre révolutionnaire, étonnante, ni vue ni connue et tellement méconnue que même ces meilleurs connaisseurs la contemplaient avec stupeur. Nous parlons dans ce billet du grand renouvellement et de la tabula rasa des grandes Landes inconnues et énigmatiques telles que le purgatoire de Dante. Goethe finit par prendre tellement conscience de l’accueil qui serait réservé à cette terra incognita que pour ne pas entendre le son aigrelet et crillard des critiques, il en interdit la publication. Le manuscrit jalousement enfermé dans un coffre ne fut soumis au public qu’à la mort de l’auteur. Il avait peut-être raison si l’on considère le temps fixé par Beethoven à l’assimilation du dernier quatuor : 50 ans, plus du double pour Goethe.
La première fois que je lus le chef d’œuvre de Goethe, je le jugeais comme tous mes contemporains. Une œuvre en retrait, manquant de vitalité et portant tous les signes de l’épuisement. Dix ans plus tard, nous primes l’habitude Marina et moi de commenter chaque soir quelques groupes de vers. A ce moment là, chacun avait commencé un parcours très différent voir même divergent mais en même temps, nous comparions chaque bribe de mots aux évènements qui nous heurtaient, aux êtres et aux choses.
Quelle fut notre stupéfaction de découvrir derrière chaque mot des évocations, des rappels qui nous apportaient comme un reflet assourdi et poignant des évènements de ces années. Au début, ce qui nous frappa, c’était un mélange de nostalgie caché sous une iro nie légère et spirituelle. Vers la fin d’autres dessins apparaissent dont on citera l’opposition de l’esprit grec et la rudesse germanique. Dans tout, il est extrêmement difficile de concilier clarté plastique et faculté de jouir, puis trouble et inversement de l’hédonisme grec et la ronde sans fin des idées de l’idéal germanique. Pensons notamment aux magnifiques manifestations pseudo grecques qui en imposaient à des foules ayant perdu tout sens ni raison. Le rêve mussolinien avait chercher de refondre Rome et Munich. La France répudia au contraire radicalement toute tentative de mystère pour adopter le champ clair et cela depuis deux siècles.
En réalité, tout ceci fut construit sur le mythe, sur des utopies, sur une soif destructrice de changement.
On croyait ainsi découvrir des choses ni vues ni connues. Malheureusement, le vide auquel je me vis confronté, ne fut pas produit par une fertile confrontation du message de quelque génie mais par des cauchemars de la morphine idéologique.
Que Dieu préserve les hommes qui tombent ainsi dans les pièges ….. et entraina ma chute et celle de bien d’autres.
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