Monday, 3 August 2009
CHRONIQUE
REFLUX
Après le flux, le reflux. Mes idées péremptoires prennent de l'eau de toutes parts et je me prends à douter de ce que je pensais être des évidences.
LA CRISE
J'avais, vous vous souvenez, opté pour un scénario pessimiste en deux temps : 1. un désastre financier, avec des courants contraires : inflation à la base, déflation au sommet ; 2. une catastrophe au sens de René Thom, c'est à dire la rupture du cycle monétaire et la réapparition du troc comme système alternatif en attendant que des bassins monétaires ne s'édifient sur l'or. Or, Obama déclare que c'est la fin de la récéssion. Tant mieux, mais j'aurai aiguillé mes lecteurs sur une fausse route.
LE MINGEI
2. Non sans outrecuidance j'ai intitulé notre collection Mingei : Western Mingei Kan. Philippe Boudin, profitant de mon enthousiasme et de mon expérience, m'a désinformé. C'est ainsi qu'il me vendit une grand crochet de bouilloire de 47 cm Daikoku, me vantant son exceptionnelle quailté et son exceptionnelle dimension. Mais je viens de découvrir un véritable chef d'oeuvre chez Montgomery d'une taille de plus de 70 cm et d'un bois superbement veiné. Boudin a également limité les points forts de Montgomery aux collections de 23 assiettes, en oubliant les trésors des pièces modernes.
Dès le début, Marina l'a mis en garde contre l'envahissement de petites pièces mineures. Elle a milité pour de grandes pièces et des oeuvres modernes et originales. En pure perte. Il est temps à présent que cela change et que M.Boudin profite de sa présence au Japon pour équilibrer notre collection.Il est également indispensable qu'il trouve le temps de documenter les premières pièces que nous avons acheté, ce que font tous les antiquaires et tous les grands marchands.
J'ai ma part de responsabilité, car j'ai regardé d'une manière impartiale et superficielle le livre "Beauté Eternelle" et j'ai une responsabilité auprès de Oleg Deripasca, mon commanditaire. J'aurais découvert ainsi les lacunes dont nous souffrons et qu e Marina avait signalé à M.Boudin, en pure perte. Il nous manque de grandes pièces esthétiques originales et modernes : plats
et jarres. Nous sommes également très faibles en ce qui concerne les sculptures et les pièces votives, les enseignes et les sculptures d'animaux.
L'ILLUSION POLIAKOFF
Mais il est évident que ma plus grande désillusion, celle qui affecta ma santé et perturba mon équilibre, est le fruit de mon "wishful thinking" qui me conduisit à prendre mon désir pour une réalité. Désir de me sentir proche d'un jeune homme que j'admirais et pour qui j'éprouvais une affection presque dans limites, doublée d'une fascination mortifère, réalité du peu que je représentais pour lui.
En repassant le film de évènements, je visualise l’évolution des relations entre Axel et moi. Je fus d’emblée conquis par la distinction, l’élégance naturelle, la politesse extrême de ce jeune homme dont je portais l’archétype en moi depuis la fin de la guerre et dont je fis le portrait, avant que con père ne fût né. Il adorait se cultiver et me téléphonait presque tous les jours pour des cours d’initiation à l’art et à la systémique. Plus tard je lui présentai Eschenbach, je le vis vibrer à la Flûte Enchantée, et heureux de m’avoir pour coach lors de la visite de Nolde ou de Kiefer… Quels moment de pur bonheur … Cet homme si froid fut des rares à venir me voir alors que je gisais inconscient dans mon lit d’hôpital. Sandrine me raconta qu’il pleurait et que toute l’après midi il me veilla me prenant la main affectueusement. Mais il alternait ces moments, rares, d’affection avec de longues périodes pendant lesquelles, comme Kundry dans Parsifal il disparaissait sans qu’on puisse entrer en communication avec lui.
Au fur et à mesure que le temps passé, les deux faces de son comportement se radicalisèrent. Dans ces phases d’affection il devenait de plus en plus heureux de me voir, à la fin il avait même l’expression éclatante de félicité qu’il réserve à son père. Mais lorsqu’il se détournait il devenait insultant et méprisant, d’une manière d’autant plus humiliante qu’elle ne se cachait plus. Il donna ainsi l’ordre de ne pas révéler où il se trouvait afin que je ne puisse l’atteindre. Il m‘évita ostensiblement.
Perdu dans ces contradictions je lui demandai s’il voulait signer les quatre covenants : confiance totale, respect, ponctualité, permanence totale. Un jour après il me donna sa réponse : non. Et de fait non seulement il tint parole, mais il pratiqua les covenants à l’envers : méfiance , irrespect et humiliations, lapins, et inconstance. Il était particulièrement conscient de son attitude à la limite du sadisme : il m’avoua « si j’était à votre place, je romprais immédiatement tout contact ».
Je lui prêtais des qualités dont certaines étaient bien réelles. IL aima toujours pactiser avec les travailleurs de la base, et Carrefour où je l’introduisis, les ELS, manutentionnaires et caissières conservèrent de lui un souvenir attendri. En revanche il n’hésitait pas à couper les têtes des prétentieux. C’était pensais-je un gros travailleur, austère et autoritaire, orgueilleux et d’une intelligence foudroyante d’après une de ses directrices, Madame Sidonie Crapote une intrigante invétérée qui me faisait la cour.
Puis la crise éclata. La dernière fois que je le vis, chez moi, il se plaignit à moi qu’il doutait de mon affection et que jamais je ne mettrais ma vie en jeu pour lui, comme je le ferais pour Socrate Papadopoulos.
Entretemps, il tissa des liens qui se révélèrent des toiles d’araignées. D’une part il demanda à Marina de lui trouver un appartement auprès de moi et qui corresponde à des exigences très pointues. Marina lui trouva l’idéal, et j’insistai pour qu’il y habite. Il insista également pour prendre la succession de Socrate et créer une collection Poliakoff Lussato. On imagine ma joie. Je relançai les deux marchands de référence qui s’étaient privés de vendre leurs pièces les plus rares, pour constituer cette collection. Mais Axel ne se fia pas à moi et voulut l’avis d’experts confirmés ce que je fis aussitôt. Quelques amis pensent que même s’il ne me soupçonnait pas de prendre des commissions, cette double relation économique se superposa à celle du professeur respectable et du grand père affectueux. J’étais devenu une sorte de courtier. Et il méprisait ceux qui dépendaient financièrement de lui.
Là où je me fis des illusions, c’est lorsque je pensai qu’un jeune homme hédoniste, frayant avec la jeunesse dorée et désœuvrée de la côte, achetant des Ferrari dernier modèle, et participant comme Lindsay Owen-Jones à des compétitions automobiles, que tous courtisaient, et préoccupé par son apparence, que cet enfant gâté qui ne connut jamais la pauvreté, pouvait se lier à un vieux professeur sans fortune, malade et ne pouvant l’initier qu’à des activités artistiques, désormais inutiles.
Quant à son père, le charme personnifié, je crus à sa sincérité lorsqu’il me dit qu’il me considérait comme faisant partie de sa famille. En fait, je lui fis économiser beaucoup d’argent et cela joua un rôle. Mais il montra son mépris à San Remo, où il s‘abstint de me recevoir en dépit de ses premiers mails où il exprimait sa joie de me revoir. Que s'est-il passé deux jours après?
DU BLOG-NOTES
LA JUNGLE
Les magouilles, les grandes manœuvres ou politique et commerce s’entremêlent ,la loi du plus fort, les contrats obliques et les courtisans aux trajectoires sinueuses, ont existé de tous temps. « Dès que la prudence s’unit à la perspicacité, on vit naître une grande hypocrisie » disait une sentence chinoise de la Flûte de Jade.
Ce qui change aujourd’hui c’est le changement d’échelle entrainé par la mondialisation, et la brutalité d’un monde inculte, sans manières ni finesse. Dès lors, la faille devient gouffre, le gouffre abîme.
Que lisons-nous dans la presse internationale ? Que les arabes et les groupes américains se disputent la propriété (on dit aujourd’hui le contrôle) des hôtels de luxe, ceux qui plus que tous autres biens ne supportent d’être traités comme de vulgaires items en stock. On veut rénover le Crillon à grands frais, mais ce rafraichissement va-t-il être garant de la qualité d’un service personnalisé et de classe ?
On apprend une fois de plus que les Etats-Unis tablent sur la fin de la récession et se remettent au travail. J’ai toujours affirmé qu’ils sont le seul pays à avoir les clés de la survie, et ceci pour trois raisons : 1. Ils peuvent vivre en autarcie. 2. Lorsqu’ils sont dans le malheur, au lieu de compter sur l’Etat-Providence et de se lamenter, ils retroussent les manches et repartent de zéro. 3. Ils sont tous animés d’un forte sentiment nationaliste qui intègre aussi bien les noirs que les juifs, les mexicains que les descendants du Mayflower.
J'avais toujours affirmé que les banques n'apportent aucune richesse, elles permettent de la gérer sans apporter de réelle valeur ajoutée. Ce sont les industries, pour les produits de masse, les artisans et PME pour les produits de qualité, qui font la richesse réelle d'une nation, et elles sont rançonnées par les banques comme autrefois les paysans par les fermiers généraux. Et de fait ce sont les banques qui récoltent et gardent pour le confort de leurs dirigeants, l'essentiel de la richesse scripturale. Les excellents résultats de nos banques le confirment. Lorsque l'une est sacrifiée à des vindictes personnelles comme Lehman Brothers, nombreux sont qui , comme la Barclay's se partagent leurs dépouilles.
On apprend aussi que l'immobilier à DUBAI a baissé de moitié depuis l'année dernière. Les résidents, pour la plupart ont acheté leur appartement sans même les voir, pour des raisons purement spéculatives.
CHRONIQUE
RÉPONSE A DES COMMENTAIRES
Les dits commentaires portent la mention : ne pas répondre à ce commentaire.
C'est pourquoi je vais mettre au point certains propos qui me sembrent excessifs.
POIL À GRATTER
Q. Merci à qui ?
R.Merci à vous !
FERRAND
Le mot "fourvoyé" vient souvent dans les popos du commentateur. D'après lui j'aurais mieux fait de fréquenter de hauts personnages comme le ministre de l'éducation et de la recherche scientifique qui a le mérite de prendre le car comme les autres quidams, et qu'il s'offre aimablement de me présenter , plutôt que ces oligarques flamboyants sortis de rien, mal élevés, nouveaux riches, qui risquent de retomber dans le néant d'où ils sont sortis. L'un d'eux vient de sacrifier trois de ses yatchs sur quatre. Ces gens-là ne présentent aucun intérêt et fleurent bon le "mougik' en dépit des litres de Chanel dont ils s'aspergent copieusement.
Dans l'ensemble Ferrand a tout à fait raison, mais c'est encore plus juste pour la classe moyenne qui infeste les tours et fait montre d'encore plus d'arrogance. On les a vus, ce petits Russes, à l'oeuvre au Royal de San Remo, où leur marmaille se répandait dans la piscine et le hall, en hurlant , semant le desordre sous le regard complaisnts de leurs parents. On les appelait " I barbari " ,les barbares. Et encore, San Remo était trop familial pour attirer les émirs arabes qui sévissent au Carlton ou au Martinez et dont on tait l'attitude conquérante et méprisante.
Mais Ferrand pratique l'amalgame. Les oligarques que je connais, il est vrai sont issus de milieux pauvres, qu'il nomme d'une manière méprisante "sortis de rien". Il leur a fallu un courage insensé, une volonté admirable, un travail acharné, pour parvenir au sommet. Un certain nombre d'entre eux, comme D*** ont été de grands physiciens nucléaires ou d'insignes électroniciens avant de se lancer dans l'aventure par soif d'action. D'autres sont des entrepreneurs-nés et ont appris sur le tas. Tous sont des hommes très intelligents, comprenant à mi-mot le monde, et aussi racés que les Poliakoff, dont j'ai conté la trahison, qui sont très religieux et bien nés, leur dynastie ayant joué un rôle considérable dans l'histoire de Russie.
Ma formation d'ingénieur et de professeur au Conservatoire des Arts et Métiers, m'a appris à honorer et respecter ceux qui au pix du sacrifice de leurs loisir et d'une vie familiale épanouie ont voulu accéder à des hautes sphères. Peu y sont arrivés, car nous sommes en France, pays des castes. Je ne vais donc pas me renier parce que mes plus chers amis sont russes. S'il vous fallait un autre exemple, vous savez que j'ai aidé un nombre considérable de Français, d'Allemands, de Polonais, et même un Turc. Je les ai éduqués, introduits dans des milieux propices à leur carrière et leur développement culturel. Toujours j'ai été payé par l'ingratitude.
Continuer à lire "Le journal du 3 août 2009, suite."
Sunday, 2 August 2009
CHRONIQUE
CASTES
Hier soir me téléphone un charmant arriviste prefessionnel: Boris Borodine, BB pour les amis. Doté pour tout bagage d'un charme caché, d'une belle voix et d'un gentil gratter de guitarre, il attire les plus belles femmes, les plus riches, les plus intelligentes, sans avoir pour autant un physique de don Juan. Quel est son secret?
Manifestant la plus sincère admiration, la plus féconde solidarité, pratiquant le name dropping sans citer de noms, BB était très convainquant je l'avoue. Je le chargeai d'une mission qu'il se faisait fort de mener à bien. C'était voici quelques mois ! Depuis, silence radio. Il s'est excusé hier de son silence prolongé, sans donner la moindre raison mais réitérant ses sentiments profonds d'amitié, assortis d'un "aidez-moi !, moi je vous aide". Et je dois reconnaître que dansle passé, il est venu en aide à un de mes meilleurs amis, ce qui est beaucoup et qu'il m'a présenté une relation intéressante mais qui n'a pas eu de suite. Qu'importe? L'intention compte.
Qu'est-ce qui a valu ce soudain réveil de sollicitude?
- C'est qu'il se trouvait dans un somptueux yatch de 75 mètres, appartenant à un riche Russe, à bord avec le meilleur ami de mon fils Roderigo, marchese de Montegambero. La mer était radieuse et on apparaillait vers Capri !
Mon fils, de son côté, passait des week ends agréables après avoir été premier témoin du Mariage du Marquis de Montegambero avec Patricia Hutton : sky nautique et divertissements entre jeunes chez Igor junior, le frère d'Axel Poliakoff invité habituel de la maison où j'ai été si mal accueilli par Igor sénior.
Je n'envie pas cette joyeuse et insouciance jeunesse car mon tempérament me pousse à la construction de mon esprit par la fréquentation des grands artistes et des génies qui honorent l'humanité. Je suis la vivante antithèse de ce monde factice de courtisans et de courtisés, de cette connivence dans l'adoration de l'éphémère.
Marina s'étonnait du fait que certains de mes amis les plus puissants et les plus affectionnés, n'aient jamais pensé à m'inviter sur leur yatch même pendant leur absence, alors que j'en aurais eu bien besoin pour me retaper,, et qu'ils le mettaient à disposition de relations beaucoup moins proches que moi, s'il faut les en croire.
Je crois que j'ai eu hier la confirmation de ce que je pressentais.
Nous sommes à l'époque ou la table des seigneurs (hommes d'état, magnats hyperfortunés, vedettes de la télévision, du ciéma, du show biz) admet les parasites les plus éhontés, les courtisans qui les amusent, mais jamais des savants, des artistes sérieux, ou tout simplement des hommes sages.
Comme me le disait le grand poète Yves Bonnefoy au cours d'une visite qu'il me fit l'honneur de me rendre, il est des temps où les riches et les puissants acceptaient à leur table des artistes et des hommes de science. Ainsi cette semaine vous trouverez dans Le Figaro Magazine, un article sur François Premier. Il était de ce temps et avait contribué à le modeler. C'était alors, pour employer les termes de Bonnefoy, les hautes eaux. Mais aujourd'hui, les puissants et les riches font table à part, reléguant les hommes d'esprit à la table des mendiants. Ce sont les basses eaux, et nous sommes dans une période de basses eaux.
En d'autres termes il existe deux castes étanches.. Celle qui habite les somptueux bateaux, qui circule en jets et conduit des lamborghini, est en complète incongruité d'avec les professeurs et chercheurs. C'est pourquoi mes amis Socrate et Olaf, ne m'ont jamais invité sur leurs bateaux pour une croisière de rève. Tout simplement cela ne leur venait pas à l'esprit. Ils n'arrivaient pas à visualiser "Le Professeur", en un lieu ou plane le souvenir des courtisanes. Car l'acajou bien astiqué des cabines d'un yacht dégage des ondes, comme les vieilles pierres d'une fermette. On ne "voit " pas Edgar Morin, ni Pierre Boulez, en train de paresser sur le Phocea ! Ce n'est pas qu'on ne veuille pas les recevoir, mais on n'imagine pas un tel accouplement entre sérieux et la légèreté vide. Il ne restait à Edgar Morin qu'à accepter pendant un mois mon hospitalité du Centre Culturel des Capucins, zone franche.
Je me trouve, vous le savez, à Divonne. Le temps est nuageux, l'eau de la piscine est froide, on doit subir comme à San Remo la promiscuité d'émirs mal élevés, d'enfants brailleurs... Enfin, ce n'est pas un camping, mais un château reconverti qui a bien du mal à joindre les deux bouts. Le climat est excellent pour la santé mais le plaisir est, pour moi, pur méridional, la Méditerannée, et, ne fut-ce qu'une semaine, paresser sur un yacht de rève, serait un moment de bonheur que j'emporterais avec moi.
On pourrait penser que le terme "caste" emprunté à la civilisation hindoue est une métaphore. Mais ce n'est pas du tout mon intention., je prends tout cela à la lettre. Les deux castes dont j'ai parlé sont aussi étanches, aussi radicales qu'en Inde, mais d'une manière bien plus sournoise, plus subtile, non énoncée, inconnue du public dont la gauche-caviar attise la jalousie. Mais il ne s'agit pas d'une sépartion entre les riches et les pauvres. Je ne vois pas Gérard Mulliez tout fortuné qu'il le soit, sur le pont d'un magnat de la finance. Et bien des sans-le-sou comme Boris Borodine, sont admis dans le yacht qui est en train d'appareiller pour Capri. Non c'est une affaire de caste, c'est tout.
A quelle caste appartiens-je? La question vaut d'être posée car les deux castes : celle de la jet society, celle du milieu académique, me rejettent également. En dépit de mes titres et de mon statut d'ex-professeur à la Wharton School, je ne fus jamais reconnu par mes pairs. C'est que je dédaignais leurs séminaires, produisaise des livres plutôt que des "papiers" dans les revues qu'il faut, et que je menais une vie plus que confortable, me subventionnant moi-même. Cela est inconvenant selon leurs standards. Mon statut réel dans la caste des intellectuels était inférieur à celui d'un chercheur de l'université de Trifouillis-les-Oies. Depuis, je fais partie des sans-castes, des déracinés; des painted birds, des errants. Autrement dit à la caste la plus basse de l'Inde : les intouchables. Et cela se sait, cela se sent, et entache gravement ma réputation. C'est peut-être une clé de la désaffection et du mépris que témoignait cet été Axel Poliakoff à mon égard.
Comme on revit dans ses enfants; au moins théoriquement et biologiquement, je suis heureux qu'au contraire de son père, Pierre Lussato-Johäntgen participe de la caste d'en haut en tant que co-propriétaire d'un fond d'investissements prometteur, sans jamais toutefois renoncer à la culture où il suit mes conseils attentivement. Il fit un détour appréciable, seul de son groupe, par Taipeh, ex. Formose pour un pélerinage au Musée du Palais dépositaire presque unique des chefs d'oeuvres de la Chine, arrachés au régime maoiste. Quelle fierté de penser qu'en accord avec son épouse qui partage l'amour des polonaises pour la musique classique, il élèvera ses enfants dans le respect des grands musiciens et de cet humanisme qu'il peut revendiquer en tant que sémi-italien de culture française.
DU BLOG NOTES
VISSICITUDES DU BLOG
Toute la journée mon blog a fonctionné, non pas sur l’USB Bouygues, gratuit, mais sur carte Météore, lourdement payante. C’est ainsi que les quelques amis qui en ont l’habitude, ont pu prendre connaissance à 8 heures du matin de mes faits et gestes. Ils ont approuvé ma décision de préserver leur anonymat. Les intimes n’ont pas manqué une bribe de l’affaire Poliakoff dont ils connaissent fort bien les protagonistes et chacun y va de son explication. D’autres, issus d’une famille lointaine étaient très émus de lire « le journal des temps d’innocence » dont les parents ou les ancêtres étaient désignés. Bien entendu les antiquaires, marchands et collectionneurs trouvèrent ample matière à réflexion dans les articles sur la muséologie et le Mingei. C’est d’ailleurs ainsi que je fis la connaissance de Mme S.C. ancien conservateur au Louvre et collectionneur en primitifs italiens.
La baisse de fréquentation du Blog est paraît-il naturelle, comme naturelle est la décision de ne pas emporter son ordinateur quand on doit faire son marché, ou se prélasser sur une plage bondée. Et puis, il y a les sports nautiques, la découverte de contrées lointaines, plus rarement les festivals. La vie reprendra à la rentrée, avec la grippe A et le retour galopant de la crise. J’admire la manière triomphaliste avec laquelle les Américains accueillent non pas le remboursement de la dette et des fondamentaux, mais un ralentissement dans l’évolution de la déchéance. Cela me rappelle Harpagon à qui Frosine faisait valoir la riche dot de Marianne. La richesse consistait dans les économies qu’elle pourrait réaliser par rapport aux dépenses des coquettes dispendieuses de son âge.
La raison pour laquelle je suis si actif sur le blog est, outre le mauvais temps, une enfilade de contractures le long de la hanche gauche, qui ne fait qu’empirer et me contraint à ne pas bouger. Faire le tour de mon lit est un supplice. En revanche si je me tiens coi, je ne souffre pas ce qui me permet de dormir. Que faire dans ces conditions ? Ecrire mon blog.
Malheureusement l’imprévu fait de mon travail une route parsemée d’embuscades. Ce soir, en dépit de la connexion établie à grand frais, il m’était impossible d’avoir accès comme quiconque à mon blog. La préposée a essayé sans succès de s’y connecter. Je me suis donc résigné à utiliser Word, qui a entre avantages de ne pas coûter un sou. Mais une surprise m’attendait : le nuage qui ne bougeait jamais n’est plus, dans la barre d’outils, la vignette W pour Word avait disparu pour la première fois. Je finis à force de torturer les entrailles mon Apple, par le réinstaller, et c’est ainsi qu’en ce moment je puis entrer en contact avec vous.
Je pense aux merveilles qu’on nous promettait sans rire voici deux ou trois décennies. Je me souviens d’une annonce fait par M.Vergnes, PDG Europe, ou un de ses employés. Il s’gagissait de la dernière découverte technologique d’internet. La vie et la mort devenaient un jeu d’enfant pour l’homo informaticus . Voici un premier exemple.
Vous vous trouvez dans une ville étrangère et un malaise vous terrasse. Si nous sommes en France, les passants feront charitablement in détour pour ne pas vous piétiner et vaqueront à leurs affaires sans vous avoir fourni la moindre aide à moins qu’une personne âgée ne passe par là. Mais rassurez vous, IBM est là qui veille ! Automatiquement dès que vous avez pressé sur le bouton rouge, on vous énoncera un formulaire décrivant vos symptômes. D’après vos réponses, le logiciel établira un diagnostic et l’adressera aux spécialistes les plus renommés de la région. Seront choisis ceux dont le site sera le plus proche de l’endroit où notre homme est tombé.
Salzmann, sous François Mitterrand a été encore plus loin puisque le Président J.L. Servan-Schreiber, a fixé comme but à l’institut mondial de l’informatique, la diffusion dans les pays du tiers monde d’un bidule de 500g remplaçant le médecin traditionnel.
LA FAMILLE POLIAKOFF
Ainsi qu’on pouvait s’y attendre, le billet qui parle de ma mésaventure a été suivie par bien des protagonistes amusés ou indignés. Ils m’ont appris bien des anecdotes révélatrices qui ont contribué à dédramatiser la situation, mais aggravent l’impasse matérielle : le second avortement de la seconde fondation.
La première information concerne Axel, mon disciple préféré dont j‘admirais le sérieux un peu austère, sa capacité d’apprendre et de comprendre, la passion de s’initier aux mystères de l’art. J’apprends à ma stupéfaction que sur la côte d’azur il parade avec une Lamborghini blanche toute neuve et bien d’autres de ce acabit. Sa passion est la compétition sportive, comme Lindsay Owen Jones, l’ancien président de l’Oréal. Il ne fréquente que des bobos, des fils à papa la cervelle vide, de petits jeune hommes oisifs et ne sachant que faire de leur vie. Lui même fume, flâne, s’adonne aux plaisirs les plus vulgaires, admire le standing et le mode de vie de ceux qu’il pense être de sa caste. Il a raté de façon spectaculaire son mariage en se liant à une mégère qui ne cache pas son antipathie pour tout le clan des Poliakoff qui e lui rend bien. Son aîné ,au contraire, est sérieux, soucieux de sa famille, et grand sportif . Je suis d’autant plus à l’aise de transmettre ces potins, qu’ils viennent de sources diverses mais concordantes. Ils valent ce que valent les potins, des demi-verités.
La seconde information est plus sérieuse : la jalousie serait à la base de tout cela. Axel, aussi exclusif que secret, n’apprécie pas mon exceptionnelle relation avec Olaf Olafson. Marina me reproche à ce propos de trop l’étaler et d'en parler, ce qui suscite des jalousies chez les autres qui se disent « en quoi cela me concerne ? Je suis donc un laissé pour compte ? » La seule preuve à l’appui de cette thèse, provient d’Axel lui-même qui m’a dit la dernière fois que je l’ai vu, qu’il n’avait pas totalement confiance dans la sincérité de notre relation . "Vous ne mettriez pas votre vie en danger pour moi à la différence d'Oleg".
Troisième thèse, celle du pot-de vin. Mon insistance à le voir installer dans le merveilleux appartement proche du mien et où j’aurais voulu loger la bibliothèque de livres précieux dont la Divine Comédie illustrée par Botticelli est le fleuron, et qui faisait partie du don de mes biens culturels. Je me souviens que la dernière fois que je le vis, il semblait rayonner de plaisir à mon contact et qu’enfin j’avais conquis un peu de son cœur. Et puis, après qu'il eut avec insistance confirmé qu'il désirait prendre en charge comme mon successeur la seconde fondation, devenue la collection Lussato-Poliakoff, je m’enflammai pour le projet et je fis pression pour qu’il fasse confiance dans mes marchands de référence comme tous les collectionneurs sérieux. Je compris enfin qu’il se méfiait de mon jugement et voulait une expertise sérieuse. Il pouvait aussi supposer que je prenais une commission sur ces documents. L’expertise, je la pris sur mon budget personnel et elle confirma ce que je savais déjà : les prix consentis étaient proposés à un prix inférieur à ceux du marché.
Quatrième thèse, celle d’Olaf : derrière les Poliakoff se tient un ennemi caché qui a dû débiter je ne sais quelle calomnie sur mon compte, auquel cas je dois le démasquer car, comme un virus en sommeil, il peut se réveiiler à n'importe quel moment de faiblesse de ma part.
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