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Wednesday, 3 June 2009
CHRONIQUE
MEMOIRE
Je me vois forcé, informatique oblige, de reporter la suite du 2 juin 2009 au billet d'aujourd'hui. Je n'ai trouvé personne pour m'expliquer les données les plus sommaires qui permettent de contrôler mon apple. J'ai fini par utiliser les grands moyens, qui sont aussi les plus frustes. Demain, j'envoie Michel chez Apple et qu'il voient comment ils s'y prennent dans leur Mac,
1. Pour entrer dans mon blog.
2. Pour éditer un nouveau billet.
3. pour savoir comment afficher la boite à outils : taille des caractères, gras, italique, couleur.
4. comment reporter ce que l'on vient d'enregistrer dans le blog.
5. Comment arrêter l'ordinateur.
Demain je vois mon petit fils adoptif, Alexandre Pugachev. Il devait venir Lundi, mais une grippe l'en a empêché... et j'avoue que je n'avais aucune envie qu'il me la passe. Demain ce sera différent. Si le temps est aussi radieux que ces jours bénis, nous pourrons déjeuner dehors, et converser dans mon minuscule jardin.
Cette rencontre est indispensable car je veux être fixé sur sa décision d'acheter un appartement auprès de moi, comme son père le sénateur le désire, ceci étant préalable au don que je lui fais de la plupart de mes manuscrits qu'il faudra bien les mettre quelque part.
Et puis je voudrais savoir ce qui va advenir des livres et manuscrits qui constituent l'essentiel de la Troisième Fondation, celle qui sera le point de départ d'une brillante carrière de mécène, dans la lignée des Thyssen ou des Getty. Honneur digne de la glorieuse famille des Pugachev, qui, on le sait, ont joué un rôle important dans l'histoire de la Russie.
Il était prévu qu'il achète le totalité de la collection, mais bien qu'il m'assurât à plusieurs reprises que je pouvais compter dessus, ce qu'il confirma à Clavreuil le libraire de référence, j'imaginai au cas où il reviendrait sur sa décision, plusieurs tranches par ordre d'importance, qui nous rendront crédible pour faire patienter les marchand sérieux. La 1ère tranche absolument déterminante est chez Clavreuil : Copernic, l'héliocentrisme, 'Christophe Colomb, la découverte de l'Amérique, Galilée, les dialogues, Grolier, le dernier volume de la série, et le plus beau. Chez Heribert Tenscher : le psautier byzantin du XIIème siècle, le manuscrit en lettres d'or de Padoue, de 1380.
Tuesday, 2 June 2009
CHRONIQUE
RETOUR AU REEL
Le regard jeté sur la solitude, matérielle ou spirituelle, était emprunté à de sources littéraires. J'aimerais bien y ajouter mon expérience et l'enseignement que la réalité récente m'a appris.
ANTONIO
Comme je l'ai écrit dans le billet d'hier, le soupçon d'homosexualité qui pèse sur Antonio, est naturel dans une culture occidentale récente, ou amour et sexe sont intimement entremêlés de sorte que l'exaltation de l'amour implique "ipso facto" une relation sexuelle. Mais il n'en a pas été ainsi avant le XXème siècle. La dissociation entre les deux notions, signifiait qu'un amour même excessif peut saisir deux individus de l'un ou l'autre sexe, être comblé ou rejeté par l'aimé(e). La terrible nostalgie, peut d'ailleurs atteindre deux amants parfaitement accordés, c'est alors la crainte de perdre ou de voir vieillir l'être cher qui jette une ombre intolérable sur la plus parfaite des relations, justement ) cause même de cette perfection. C'est ainsi que les amants de "Belle du Seigneur" d'Albert Cohen, se suicident pour conserver intact le bonheur parfait, insurpassable, qui ne peut que décliner. L'amant, un homme splendide, dit à sa magnifique compagne qui lui déclare un amour total, désintéressé, absolu, " M'aimerais-tu autant si j'étais bossu, les yeux torves, et une taille de 1m.55?" Ce que notre époque ignore, est qu'il peut se trouver que deux hommes (ou deux femmes) entretiennent une relation encore plus forte que le lien sexuel. On peut citer évidemment la relation père-fils, fréquemment d'une profondeur touchante. Je citerai comme exemple l'amour rayonnant qu'Alexandre Pugachev (un peu mon successeur) porte à son père, le Sénateur. Lorsqu'il est en sa présence, sa physionomie sévère s'adoucit, sa froideur naturelle, son indifférence polie s'évanouissent au profit d'une lumière intérieure irrésistible. Quel père ne souhaiterait pas avoir un tel fils?
Mais il peut aussi y avoir une affection viscérale, organique entre deux hommes, comparable en intensité et en force, à celle d'un couple. On connaissait fort bien ce sentiment-là dans la littérature romantique. Il suffit de relire "Les souffrances du jeune Werther" de Goethe, ou encore se souvenir de la relation entre Brahms, Schumann et Clara. On sait que par fidélité à la mémoire du cher disparu, ni Clara ni Brahms ne s'unirent. J'avoue que moi-même, en dépit de profondes divergences et d'une forte réprobation, je restai toujours fidèle de corps et d'esprit à Christa. Or il survint que la dernière année de sa trop courte existence, elle subit une transformation stupéfiante. Elle prit conscience de tout le mal qu'elle avait pu faire, du fait que sa mère et moi étions les seuls à l'aimer vraiment, et elle devint un ange du Seigneur. Elle rajeunit, elle embellit, elle retrouva ses traits d'enfant, un sourire étonné, comme émerveillé... Certes, les drogues y furent peut-être pour quelques chose, mais je n'y crois pas. Depuis, ces derniers moments passés avec elle, pendant que j'écrivais Décodages resteront, magnifiques et déchirants dans ma mémoire. Non seulement je ne me remariai jamais, mais la seule idée de la tromper affectivement me fut tout à fait étrangère. Elle remplit mon äme et mon coeur et son portrait est toujours sur mon bureau.
Christa était mondaine et très socialisée. Elle se serait très bien vue comme épouse de notaire de sa province natale.
Je n'ai éprouvé ce sentiment que récemment, et c'est une grâce que le Seigneur m'a octroyé dans ma fin de vie comme pour concentrer en moins de deux ans, tout ce dont j'ai été privé toute ma vie.
Je fais allusion à la relation que j'entretiens avec Olaf Olafson.
Lorsque je fis sa connaissance c'était l'un des hommes les plus admirés de la côte qui va de Seattle à Vancouver. Son fils cadet avait pris la relève de l'affaire, supplantant sa jumelle et ses deux aînés. Il avait un caractère fougueux et intraitable et son père qui avait un faible pour lui et pour son dynamisme, ne savait comment le contrôler. Le jeune homme n'avait pas peur de la mort, il n'avait d'ailleurs peur de rien. Hegel disait que lorsque deux hommes s'affrontent, c'est celui qui n'a pas peur de mourir qui l'emporte. De même Harald Olafson, l'emporta au cours d'une confrontation sanglante avec les représentants de la mafia à Seattle. Les mafiosi estimèrent qu'il valait mieux s'attaquer à des proies plus commodes et moins risquées.
Olaf, se plaignit auprès de moi, de la nature cruelle et intraitable de son fils. "Comment le rendre humain? " m'implora-t-il comme si j'avais accès aux bas-fonds tortueux du garçon. Je répondis que je ferai de mon mieux pour lui faire découvrir les grandes oeuvres universelles.
Or, à mon grand étonnement le jeune homme demanda à me voir, lui qui refusait toutes les visites d'homme d'affaire, de banquiers, et d'entremetteurs de tout poil. Tous étaient impressionnés, mais ils le furent encore plus lorsque je mis fin à notre rendez-vous au bout de cinq minutes. Il fut certainement surpris et désarçonné, car il me donna un autre rendez-vous. On se disputait, je remettais à sa place et il ne devait guère en avoir l'habitude. Olaf était ravi. A la fin, après une discussion plus vive que d'habitude, je lui-demandai ce qu'il voulait de moi. "I want you" me dit-il. C'est là que j'eus l'idée de mettre un terme à notre relation tumultueuse : je lui demandai de satisfaire quatre covenants, que j' appris chez IBM.
1."Confiance absolue"
2."Respect absolu"
3. La ponctualité et des rencontres qui n'excèdent pas six semaines.
4 " Eternité".
La relation ne devait s'éteindre qu'avec la mort de l'un d'entre nous. Harald mit du temps pour accepter la dernière proposition, mais dès qu'il y consentit, il fut d'une sollicitude de tous les instants. Voici un exemple de relation forte, plus forte que ce que l'on nomme amitié, ou amour.
Monday, 1 June 2009
CHRONIQUE
SOLITUDES
J'ai reçu bien des coups de téléphone, qui tous dénotaient d'une manière ou d'une autre,la maladie d'esseulement.
Le livre de Kosinski, "Cockpit" que je suis en train de lire est désolant. Il montre la pire des solitudes : celle d'un homme qui est coupé de communication affective même avec son double. Cet homme pétrifié, glacé, rationnel, objectif, mesurant tout en fonction des objectifs matériels qu'il poursuit, ce bureaucrate sans coeur, ni même le semblant d'âme que l'on peut déceler dans une tortue, cet homme est souvent indiscernable. Il n'a pas de persona, mais des masques dont il change à volonté. Derrière ces masques nulle méchanceté, nulle cruauté, mais le néant. Cet homme peut ainsi sauver ou condamner des millions de victimes de la barbarie, il confond l'amour de l'autre avec le sexe égoïste, qu'il peut éprouver intensément comme le gourmet goûte le canard confit de Bocuse, mais aussi fugitif, aussi évanescent que le vent des côtes de la Manche.
La solitude peut être purement matérielle, physique, visible du dehors. Dans "Giulietta degli spiriti" ( Juliette des esprits ) le chef d'oeuvre absolu de Federico Fellini, on assiste à la découverte progressive par son idéaliste de femme, de la trahison de son mari adoré, ses petits mensonges, ses demi-vérités, ses grandes absences, son indifférence aimable.
Elle a passé les loisirs de sa jeunesse à se cultiver, à fréquenter les grands génies : Dante, Leopardi, Guido Gozzano, Alfieri et Manzoni. Elle a négligé les artifices du sexe, et de toute manière elle vieillit et ne peut rivaliser avec les médiocrités aux cheveux platinés; à la poitrine généreuse.
Au petit matin qui conclut le film, voici notre Giulietta Masina (car l'actrice est la femme de Fellini) abandonnée à elle même, à son affreuse solitude; et on la sent capable de quelque extrémité. Peut-être pas d'ailleurs, elle errera toute sa vie dans les landes arides du désenchantement. Mais voici une multitude de voix pressantes qui l'interpellent : "Tu n'es pas seule, tu n'es pas seule, nous sommes avec toi, les esprits gentils (que tu as aimé et fréquentés dans les livres de ton adolescence!)
Edouard Herriot disait que la culture est ce qui subsiste quand on a tout oublié. C'est en partie vrai, car ce qui reste est pur de toute érudition, cette maladie de la culture. Mais relisez le "Marchand de Venise". Antonio, le marchand voue une passion payée de retour avec Bassanio. Antonio est un armateur célibataire, dont l'affection éternelle exclusive, se porte sur le jeune et beau Bassanio pour qui il se sacrifie. Ce dernier bien qu'amoureux de la riche Portia met en jeu leur union en se séparant de sa bague de mariage au profit de l'avocat qui a sauvél des griffes de Shylock. son ami de coeur. Antonio devrait être heureux de cet amour partagé, et du succès matériel de son protégé. Mais il souffre d'une tristesse incurable. La nostalgie est ce qui reste, quand on a bénéficié d'une affection intense même partagée. En effet, Antonio aime de tout son coeur, de toute son âme, un jeune homme dont il ne connaît que trop le fond de la personnalité. Il est conscient du caractère superficiel de l'objet de sa tendresse, Bassanio, qui lui a demandé de s'endetter pour plastronner devant la riche Portia dont il espère de se faire épouser, bien qu'il aime toujours au moins autant le marchand de Venise, n'a rien de plus pressé que de s'adresser à l'usurier Shylock. Le pire ennemi d'Antonio ! Tout ceci Antonio ne l'ignore pas, d'où sa tristesse. A la fin de la pièce Antonio a toute satisfaction : tous ses désirs sont exaucés : Bassanio richement doté lui est dévoué par dessus tout, il a retrouvé sa fortune , mais pour paraphraser Herriot, la solitude est ce qui reste quand tous les désirs ont été satisfaits.
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