CHRONIQUE
L'authentique et ses copies
Pour ne pas parler des imitations. Quelque fois la différence est si subtile que les meilleurs experts s'y laissent prendre. C'est surtout le cas dans la peinture chinoise de paysage peu familière à l'oeil occidental, comme de la statuaire nègre. Comment les experts n'en profiteraient pas? J'ai connu Jacques K... qui m'a ébloui par sa compétence et sa passion. Il m'a montré la différence entre un masque mort et un masque "qui a dansé". Sous son influence j'ai commencé à comprendre que la variété et le génie de ces témoins d'une civilisation tribale perdue sont bien supérieurs à la plate statuaire grecque, déclinée à un style unique et tournée totalement vers la beauté et la perfection. Même La Victoire de Samothrace serait un produit commercial, n'ayant jamais dansé, en dépit de son envol apparent. Certes il ne faut pas tomber dans le piège, certaines oeuvres de la civilisation grecque, indubitablement authentiques portent la main et la marque du génie. Roger Peyrefitte qu'a bien connu ma soeur était justement amoureux de sa statue de Phidias (je crois), admirable miracle d'expression, égalant le David de Michel-Ange (lui-même issu de cette civilisation grecque dont je déplorais la monotonie). On peut en dire autant pour les magnifiques déca-drachmes frappés par Euinatos et par Kimon, chefs d'oeuvre de numismatique grecque-sicilienne, dépassant l'ampleur de la numismatique pour atteindre le génie.
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