Le journal du 10 mai : le sort funeste du musée du stylo et de l'écriture.
CHRONIQUE
Des merveilles et des horreurs
Le musée du stylo, de loin le plus important du monde, avait un double rôle pédagogique. D'une part c'était le Conservatoire National du Stylo et il y manquait à peine une cinquantaine de pièces importantes pour atteindre l'exhaustivité, d'autre part un rôle pédagogique destiné à la réflexion sur les notion de beau et de laid, de novation technique et de luxe et de quintessence.
Le point de départ de la réflexion fut un ensemble de plaquettes sur la quintessence dans les divers pays. De la quintessence, on en n'a ou on n'en a pas. Quand on en a, on en a et l'objet exprime l'âme d'un pays. Par exemple le Ray Ban, l'eau Perrier, la grand piano à queue Steinway, la baguette de pain, etc.
Nous sommes envahis dans notre monde par un tombereau de kitsch, de faux luxe, de tape à l'oeil. Un de mes clients m'a demandé de comprendre en quoi l'univers Hermès est si différent des autres, et le distinguer avec l'artisanat de très haute qualité, le luxe, le faux luxe, et les imitations.
Avant de poursuivre, je rappellerai la triste histoire du musée, dont les 95% des stylos ont fait l'objet d'un hold-up sanglant. Depuis, c'est au compte goutte que les gardiens s'en sont donnés à coeur joie. Ce fut pendant que j'étais à l'hôpital que disparurent quatre pièces d'exception, dont trois irremplaçables. La plus rare était un OMAS millénium aux vingt faces insérées de nacre, un tour de force unique. Il disparut pendant mon absence. Une autre pièce était un Namiki en laque témoin de l'art des laqueurs, le troisième un Parker en trois ors entrelacés. J'ai profité de la penshow pour proposer de racheter une de ces pièces quel qu'en soit le prix, mais il ne faut pas croire aux miracles, de toute la collection volée, aucune pièce ne refit sa réapparition. Enfin, sait-on jamais? L'appat du gain fait bien de choses pour de vugaires voleurs.
Le modus opérandi obéit à des cactéristiques communes cette fois. Pendant que j'étais à l'hôpital, semi inconscient et amnésique, entre la vie et la mort, un certain J-C A*** avait été chargé des inventaires. Cet homme était de confiance mais totalement incompétent et bien en peine de distinguer une millénium d''un Ancora. Pour l'inventaire le musée était fermé pour travaux et notre expert Kimyasu Tatsuno qui fonda avec moi la collection depuis le début chercha partout les pièces volées. En vain. Les supports étaient indemnes : coquille de cristal de Murano, plateau contenant avec le Namiki, une écritoire de laque japonaise m'appartenant, etc. Le musée était sous alarme et il était difficile d'y entrer.
Que faire sinon de proposer de racheter à prix d'or une pièce similaire ... ou la pièce volée, en profitant des canaux de la Pen Show? Mais j'avoue ne pas me consoler du vol de la plus belle pièce, le millénium.
Une entreprise de troisième type, Hermès.
On a profité de mon séjour à l'hôpital et de l'incompétence du chargé d'inventaires; pour voler deux pièces irrmplaçable, la plus importante de loin étant le millenium de Omas, du temps où la firme n'avait pas eu le malheur d'attirer l'enthousiasme de Bernard Arnaud. Je ferai n'importe quoi pour la récupérer. Cet extraordinaire tour de force porte vingt facettes incrustées de nacre et il n'en existe qu'un exemplaire. Citons aussi un témoignage de Namiki chef d'oeuvre des maîtres laqueurs japonais et une savant entrelacement de trois ors pour Parker. Et la liste n'est pas close. J'ai lancé une offre de rachat pour le Namiki et le millénium s sans trop d'espoir.
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