Wozzeck discounté
On connaît la mode des versions en DVD à très bas prix et diffusées dans les kiosques. Il s'agit leplus souvent de rééditions de films populaires dans le meilleurs sens comm dans le pire.
Le Monde, qui nous a déjà donné Rashomon, le chef-d'oeuvre d'Akiro Kurosava, vient d'offrir au public pour un prix ridicule, l'opéra qui a marqué notre temps : Wozzeck d'Alban Berg, et dans la version de référence, celle de DImitri Mitropoulos. On me permettra à l'occasion de cette sortie dans les kiosques, quelques impressions concernant l'opéra de Berg.
C'était en 1955, à Paris, si je ne m'abuse. Un festival de musique contemporaine se tenait au Théâtre des Champs Elysées. Parmi les oeuvres représentées on citera Oedipus Rex , l'oratorio de Strawinsky, dirigée par l'auteur, récitée par Jean Cocteau et chantée par Eugenia Zareska et Wozzeck; dirigé par Dimitri Mitropoulos.
En ce temps là il n'y avait pas de sur-titrages, et on devait de contenter d'apporximations. Ce qui se passait sur scène était impressionnant mais de la fosse s'échappaient des sons aussi incompréhensibles que ceux chantés par les acteurs. La musique c'est comme le cinéma, ça s'apprend, dirai-je pour paraphraser Picasso, et je n'avais pas appris le chinois. Ma sensibilité n'allait guère au delà de Mahler ou Menotti. Je fus d'autant plus honteux de n'entendre que du bruit désagréable de ce qu'on présentait comme une oeuvre majeure, que la salle toute entière ovationnait la réalisation. A l'entre-acte j'entendis pérorér une dame endimanchée et parée comme une chasse devant un auditoire respectueux.
"Chers amis, disait-elle, ce qui me gêne un peu dans cet opéra, c'est son aspect désuet. Par exemple dans l'interlude avant la fin, ça ressemble tout à fait au Crépuscule des dieux.". Mon complexe d'infériorité eut le dessus sur mon sens de l'économie, et j'achetai le programme. Il y était dit que dans le dernier acte et le dernier interlude, les thèmes qui représentait les caractères de l'Opéra, défilaient tous,comme une procession funèbre". Je protestai auprès de la matrone : le passage dont vous parlez, dis-je, vous ne l'aviez pas encore entendu et d'ailleurs la ressemblance avec le passage correspondant dans "le pêcheur et son âme" est inaudible pour la moyenne qui vous applaudit à tout rompre. -.
Depuis, sous les conseils de René Leibowitz, klachetai la partition en réduction avec des portées de quatre lignes. Ainsi un équivalent visuel se superposait à l'extrême classicisme de l'oeuvre, toujours vivante mais difficilement compréhensible. Lue, l'oeuvre semblait d'un grand clacissisme, mais malheureusement trop subtiles. pour être appréhendées sans partition.
Aujourd'hui,je maintiens avec conviction que le plus grand opéra du XVIII siècle est Don Juan; suivi par Tristan au XIXe et par Wozzeck au XXe siècle. Le curieux c'est que les trois héros : sont tous des obsédés sexuells. et leur obsession les conduit à la mort.
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