Commedia dell'arte
Continuant cette chronique, un peu en avance sur la journée de demain, je ne sais à quelle catégorie la rattacher. Certainement pas décodage des médias, tant le déguisement est transparent, ni à désinformation, car il n'y a pas du tout d'information à déformer tant les messages sont devenus transparents. En définitive, ce qui se passe est tellement extraordinaire que cela pourrait passer pour un canular, un hommage que la réalité politique fait à cette commedia dell'arte où les acteurs montés sur des planches rustiques improvisent un rôle convenu.
Voir dans "suite"au journal, un portfolio des noeuds sémantiques et leur définition par Nicolas Sarkozy
Avant d'aller plus loin, voyons comment notre Ségolène-Colombine va réagir face aux deux adversaires qui s'amusent à lui faire des grimaces : Nicolas-Guignol et les-sondages-Arlequin. Va-t-elle se ressaisir et reprendre son rôle de blanche colombe, ou au contraire mettre un nouveau masque, celui de la sorcière agressive et péremptoire? Voici quelques extraits choisis des propos de notre madone:
(J'ai la) responsabilité de lancer une alerte par rapport au risque de la candidature ... du candidat soutenu par Berlusconi, Aznar et Bush ... par rapport au risque de la candidature de (l'ancien ministre de l'Intérieur), par rapport aux violences et aux brutalités qui se déclencheront dans le pays... cette candidature est dangereuse, ... tout le monde le sait mais personne ne le dit, il y a une sorte de tabou. .. . Il "ne peut se rendre dans les quartiers populaires sans être encadré par des centaines de policiers"
Voici pour Guignol-Sarkozy. On n'a pas à décoder, mais à tirer des inférences de ces propos en les reformulant d'une manière axiomatique :
1. La candidate en vilipendant son adversaire ne fait pas oeuvre electorale. Elle ne se bat pas pour l'Elysée. Elle ne fait pas valoir ses idées. Elle exerce la responsabilité qui lui échoit (en faveur de quoi? de citoyenne, ou de Présidente potentielle?) pour, Cassandre politique, avertir la Nation du danger mortel qui la guette.
2. La pythie prophétise des violences, des brutalités, le feu dans les "quartiers populaires", zones de non-droit, qui terrorise dès à présent le candidat, au point qu'une poignée de gardes du corps ne suffit pas pour le protéger. Le danger dès à présent est tel qu'il lui faut des centaines de policiers. Demain, s'il est élu, le président de la France ne pourra plus pénétrer du tout dans les quartiers où se trouve le peuple.
Mieux encore, la population autre que celle de ces banlieues sera livrée aux violences et aux brutalités que nous avons connu lors des saccages de magasins et des voitures en flamme. Ce sera la guerre civile.
Il y a une autre interprétation de l'oracle : les violences et les brutalités, seront le fait de la police sarkozienne, qui matera par la force, les quartiers populaires qui se révolteront et menaceront le président, s'il a le front de s'aventurer dans leur domaine.
En ce qui concerne les sondages, on pourrait croire que la candidate les démentira, car elle, elle sait ce qu'est la France. Elle l'a écoutée pendant des semaines et cela vaut des chiffres manipulés par le Grand Capital.
(les sondages) sont complaisamment delayés par les médias amis du pouvoir. ...
Elle même est une maman mère de nombreux enfants et gardienne des traditions. Elle maternera les français comme une mère ses petits.
Je serai une présidente protectrice, je vais bien m'occuper de vous.
On peut déduire de tous ces propos que la guerre civile éclatera, et que face à l'insurrection la gauche et le peuple des quartiers populaires devront faire face aux "brutalités et aux violences de forces sarkoziennes". La liberté sera enterrée et il faudra entrer en clandestinité. Maman Marie-Ségolène est là pour nous éviter ce danger mortel et nous protéger. Une voix s'élève cependant pour protester contre ces prophéties apocalyptiques :
(Je ne suis pas) de ceux qui considèrent que Nocolas Sarzozy est une menace pour la République française et que demain il va falloir rentrer en résistance et se préparer à je ne sais quelle clandestinité" (La gauche doit) assumer la confrontation d'idées" (et montrer en quoi le projet de Nicolas Sarkozy est dangereux).
Qui est l'auteur de ces propos raisonnables qui dégonflent cette vision fantasmatique de Sarkozy? C'est Julien Dray, le porte parole de Ségolène Royal ! On se trouve en pleine schizoïdie.
Dans la même page du journal, on trouve sous la plume de l'éditorialiste : "Nicolas s'obstine à dire qu'il s'agit d'une opposition vindicative à sa personne" et que Ségolène ROyal est une femme libre qui sait que le destin de la France se construit dans les cités plus que dans les beaux quartiers, qu'il y a là des trésors d'invention et de tolérance et non un simple gibier à Kärcher.
Je voudrais bien savoir ce que Laurent Joffrin (car le journal que je cite est Libé) a trouvé comme invention dans les cités où sévit le rap qui traite la France de garce bonne à violer, et comme trésor de tolérance chez des gens qui obligent le président de la République élu par une majorité de Français, à s'entourer de centaines de policiers pour pénetrer sur leur "territoire"., Je voudrais savoir aussi en quoi de tels propos peuvent réduire le clivage en deux blocs. En vertu de quoi on peut opposer les cités en les beaux quartiers, et dire ensuite qu'on est contre la fracture sociale. Dans la colonne de droite de l'éditorial on trouve le titre suivant : "Dérapage mal contrôlé de la candidate. Royal a évoqué des risques de "violences" si Sarkozy est élu. "
Prévisions
Tous les sondages donnent Sarkozy gagnant. Au pire l'écart serait de 4% (48-52) ce qui rendra sa marge de manoeuvre difficile, au mieux, de 8% (46-54). Henri L. Bronstein avance même le chiffre de 57% comme une possibilité et de 58% pour le bloc de droite aux legislatives. Il estime que Sarkozy doit démontrer par des actes immédiats sa crédibilité, en mettant en oeuvre les mesures financières qui permettront à des capitaux étrangers qui n'attendent que cela, de regagner leur pays d'origine. Faire entrer de l'argent dans les caisses, c'est une première priorité. Bien des Français qui ont fui à l'étranger et qui ont le mal du pays, voudraient bien regagner leur patrie, et des investisseurs que notre pays inquiète, pourraient constater que la sinistre "exception française" tend à disparaître.Mais Bronstein fait le pari sur la détermination de Sarkozy à tenir parole. Rarement le relèvement d'un pays n'aura autant tenu à un homme. Recemment deux femmes s'en chargèrent : Tatcher et Merckel, mais rien à voir avec la mère protectrice, élégante et sectaire que nous a envoyé un démon moqueur.
Irréalité
L'impression d'étrangeté s'accentue avec le recul. Cette élection ressemble moins à une tranche d'histoire, qu'à la représentation d'une tranche d'histoire. Vous vous souvenez que j'avais émis l'hypothèse d'une guerre des connotations. Que les adversaires se faisaient face, portant un masque de comédie et jouant une pièce. C'était visible et remarqué par tous les commentateurs : Royal essayant de gagner des voix, Sarkozy de ne point en perdre. L'une ratant sa provocation et surjouant la colère, l'autre réussisant le rôle zen préconisé par ses conseillers et surjouant l'obséquiosité. La machiavélique Ségolène sachant qu'il transpirait abondamment au dessus de 21 ° et qu'il avait pris un anti-traspirant, au dernier moment imposa, en violant l'accord pris sur cette température, qu'on l'élève, sous le prétexte qu'elle avait froid! Si cela est vrai, cela donne une idée de l'étoffe du personnage et confirme l'adage " le femmes sont meilleures ou pire que les hommes". Sarkozy, on le sait a quitté épuisé et mécontent la salle, l'effort consenti doublé d'un malaise physiologique, l'avait vidé. C'est pourquoi, si j'ai l'occasion de le voir prochainement la première question que je lui poserai, est celle de la préméditation de ses "Madame! Oh Madame! Si vous permettez Madame! mes respects madame! " (C'est du Shakespeare, La Nuit des Rois) mais aussi du Molière.
Sinon c'est de l'improvisation talentueuse, cette "commedia dell'arte" à mi-chemin entre la comédie écrite et la farce spontanée. Je crois à la Commedia dell'Arte à cause des dérapages, des coups de théâtre involontaires et aux formules inférieures à des mots d'auteur, comme "le monopole du coeur", ou "vous êtes l'homme du passif". La suite des évènements semblent donner tort aux spécialistes qui pensaient que le débat factice n'influerait pas sur les positions respectives des candidats. Autrement dit, match nul. Il semble au contraire que Sarkozy ait été plus apprécié, même si Ségolène paraissait dominer le débat. Aujourd'hui bien des illusions sont tombées. Royal n'est ni Merckel, ni Tatcher. Elle joue la femme politique, faisant valoir sa féminité, et ignirant que politique n'a pas de gender. Une politicienne n'est pas plus femme qu'un politicien n'est homme. Ils sont une espèce asexuée dans l'exercice de ses fonctions vitales.
Noeuds sémantiques
Le discours de Nicolas Sarkozy est remarquablement en phase avec Virus. Voici plusieurs mois, on lui avait remis un remarquable condensé des thèses et des définitions de "huit leçons sur la désinformation". Il en résultait une vision claire des forces en présence qui transcendaient la notion de parti. Ces forces sont des complexes sémantiques cohérents et partagés par une fraction de la population. Vouloir tenir un discours électoral nègre-blanc était mélanger des entités incompatibles et semer la confusion. Pourtant nombreux étaient ceux qui avaient poussé Nicolas Sarkozy à éviter les "purs malts" au profit des "blended malts" afin de ne heurter personne et de ratisser large. On sait maintenant que si Ségolène perd, ce sera dû notamment à cet affadissement de la doctrine. Sarkozy a opté pour l'autre voie. Défendre sans compromis un noeud sémantique : celui que l'ISD-Kevin Bronstein a nommé "Force de la terre" sans essayer d'y englober "Médusa", "Matrix", ni Djihad. Il lui a fallu beaucoup de courage, sans doute c'est le premier après le Général de Gaulle qui ait tenu un langage "idéologique" cohérent. En cela, en dépit de son parler vernaculaire, de ses foucades et ses pulsions, il s'est montré président en puissance. Le débat a montré en outre qu'il était capable de modifier son comportement, et d'écouter ses conseillers en réprimant ses instincts.
Je vais rappeler ici les deux noeuds sémantiques décrits par Nicolas Sarkozy notamment dans son interview au Figaro Magazine.
Un noeud sémantique est un complexe cohérent de croyances inoculé, donc partagés par une masse de fidèles.
Médusa
vu par Nicolas Sarkozy
(Cette campagne marque) la fin d'un cycle qui a commencé avec Mai 68, quand on a proclamé qu'il n'y avait plus de règles, plus de normes, plus de morale, plus de politesse, que tout se valait, qu'il n'y avait plus d'hiérarchie de valeurs; plus de différence entre ce qui est bien et ce qui est mal, entre ce qui est grand et ce qui est médiocre, que tout était dû, que rien ne se méritait. L'idéologie de Mai 68, c'est le citoyen qui ne doit rien à son pays, qui n'a que des droits, qui n'a aucun devoir. Cette idéologie a fait et continue de faire beaucoup de mal à la France.
Médusa.
Bobos se défoulant
Médusa
Simulation des rites premiers
Régression
Force de la Terre, vu par Sarkozy
Mes valeurs sont à l'opposé. Je veux construire une France qui aura rompu avec cet héritage. L'idée de la France pour laquelle je me bats, c'est une France où les valeurs de respect, d'autorité, de mérite seront à l'honneur. C'est une France où la morale, le civisme, le patriotisme ont de nouveau droit de cité. C'est une France où il en est fini de la détestation de la famille, du travail, de la réussite. ... Il suffit de vouloir. Il nous suffit de bien comprendre la nature du choix et de prendre nos responsabilités face à ce que nous voulons pour nous-mêmes, pour nos enfants, pour notre pays. Mais cette rupture avec le système de pensée, avec l'éducation, avec la politique que l'idéologie de MAi 68 a engendrés, elle ne se fera pas toute seule. Je ne la ferai pas tout seul. C'est à vous de la rendre possible.
La famille
L'église,
vue par Médusa.
Les catholiques pratiquants sont dépeints comme des nantis, rigides et constipés, sinistres et imbus de leur personnalité.
La hiérarchie
vue par Médusa:
le statut, le masque social.
La récompense du mérite
vue par Médusa
L'autorité
vue par Médusa
Le "para" est synonyme de répression.
La répression
vue par Médusa
CRS= SS
Le patriotisme
La défense des frontières européennes contre la concurrence chinoise. La préférence communautaire.
Les vignettes ci-dessus, illustrent en négatif la manière dont Médusa conçoit et donne à voir, les valeurs de Force de la Terre. Il faut réctifier les propos de Nicolas Sarkozy. D'une part il méconnaît que l'esprit de Mai 68 date de la conjonction de Adorno et de Benjamin, de l'école de Francfort et est elle-même issue de "Diamant vertueux", le communisme stalinien, dont il est une voie d'accès. En effet, les tares que reproche Sarkozy à Mai 68, et notamment la destruction méthodique et implacable des valeurs occidentales de Force de la Terre, n'en sont pas pour Médusa, dont le but est précisément cette destruction. Ainsi du chaos naîtrait une renaissance, un monde meilleur, égalitaire, fraternel, libre par décrêt, le meilleur des mondes.
Sarkozy ne souffle mot d'un noeud sémantique en opposition à la fois avec les classes moyennes et les artisans de "Force de la Terre" et de Médusa : Matrix. Matrix, c'est l'esprit de Davos, la croyance dans les bienfaits de la globalisation, de l'ultra-libéralisme, l'admiration béat devant les réussites de l'Amérique, qui n'est en réalité qu'un grave échec social et humaniste. Matrix a cependant avec Force de la Terre, une détestation de la culture désinteressés. "A Renaissance Man" est considéré comme une insulte dans les milieux d'affaire américains. Matrix a conduit au gigantisme, à la dissolution de la culture humaniste, à la spéculation boursière, à la dilapidation du patrimoine écologique de la planète, à la solitude et à la déshumanisation technologique, à la distraction du plus bas niveau. Le Star system, la culture de masse dans ce qu'elle a de plus médiocre mais qui rapporte gros, sont favorisés par Matrix. Or Sarkozy peut être accusé de négliger la culture approfondie des humanistes, comme un frein à l'efficacité et à l'action.
Un hyper
vu par Médusa et par Force de la Terre, comme un cauchemar
La massification
une vue de la bourse par Gursky, qui pourrait être aussi bien une rave party ou un meeting.
La paperasserie centralisatrice
caractéristique des structures centralisées et des administrations étatiques.
(La langouste bureaucratique)
Le symbole de Matrix : l'ordinateur mainframe.
C'est l'équivalent technologique de la paperasse bureaucratique
Le crétin technologique
et pixellisé
Un produit de Matrix
Autre sujet non traité par Nicolas Sarkozy : la lutte contre DJIHAD, l'islamisme envahissant qui menace l'identité française. Aucune société ne peut survivre lorsque le nombre d'étrangers à sa culture, dépasse la repidité d'assimilation dont elle est capable. Or c'est le cas de la France qui depuis Mai 68 connaît une altération grave de sa culture judéo-chrétienne et gréco-romaine sous les coups de boutoir conjoints de l'islamisme et de Médusa. Plusieurs civilisations ont ainsi disparu : la Grèce d'aujourd'hui n'a plus rien en commun avec celle du temps de Périclès, et que dire du berceau de la chrétienté : Istambul? La menace s'est réalisée et l'immigration non intégrée et quelquefois non intégrable et non contrôlée, a atteint un point de déferlement où le quantitatif se transforme en qualitatif. Il en est résulté deux phénomènes :
1. Une pression électorale importante qui influe sur les décisions des électeurs.
2. Un terrorisme intellectuel et des pressions sur les traditions et les croyances de la France. Par exemple on n'écrit plus dans certains musées : 400 ans av. J.C., mais 400 ans avant notre ère.
Sarkozy a lutté contre le facteur quantitatif (immigration choisie au lieu d'immigration subie promue par Medusa) mais a cédé sur le facteur qualitatif (construction de mosquées alors que l'Etat se dit laïc, discrimination positive, politique anti-israélienne et anti-sioniste).
Un des effets du facteur quantitatif de l'immigration subie : le communautarisme.
Medusa qui infiltre la gauche poursuit son plan de destruction des valeurs occidentales et de l'identité française (Force de la terre). Elle milite pour une France métissée voire africaine, et une immigration subie au non de la fatalité démographique. Sarkozy est obligé de lâcher du lest (notamment en aidant les frères musulmans) afin de préserver la paix sociale. Mais cela peut changer. Une des raisons de son succès est la profonde aversion des Français pour la dictature de l'islamisme et le racisme qui ne dit pas son nom : le racisme anti-blanc.