**** Sondages...
Voir aussi notre article du 5 mai sur les perles du débat présidentiel, catégorie : canulars . Conventions et mode d'emploi remis à jour.
Ils donnent largement vainqueur le président de l'UMP. Et de fait, tout concourt à assurer son succès, sauf ... les sondages. On sait que les classes moyennes et les libéraux, sont hédonistes et soucieux de leur confort. Ils sont également sceptiques et trouvent de bonnes raisons de s'abstenir lorsqu'ils y sont incités par un beau temps assuré ce qui est le cas pour le prochain week-end. Chacun se dira : étant donné un écart d'au moins six points, ce n'est pas ma voix qui y changera grand chose, de toute façon il passera, alors à quoi bon se priver de vacances? Ce raisonnement est encore plus pertinent pour les hésitants qui se disent, après tout on n'aime pas tellement Sarkozy, pourquoi donc se fatiguer? C'est ainsi que se met en route un processus paradoxal de victoire à la Pyrrhus.
Par ailleurs on assiste ici, encore, à la confusion entre la carte (les résultats du sondage) et le territoire (les résultats du scrutin).
On m'objectera qu'il en est de même pour le camp adverse. Mais ce n'est pas exact car il est mû par une des passions les plus fortes, qui se nourrit même de ses échecs : la haine.
La "une" de Libération.
Cette haine qui ne dit pas officiellement son nom transparait de manière de plus en plus évidente au fur et à mesure que l'on s'approche du scrutin. Finie l'image sainte de la madone en blanc au sourire radieux et aux mains largement écartées comme pour bénir ou apaiser. Depuis la colère sainte... pardon, saine, jouée devant l'écran pour provoquer son adversaire, comme voici dix ans, provocation ratée le 2 mai, c'est plutôt une araignée en noir, lilith ou furie implacable que l'on a contemplé devant une foule de "jeunes" fanatisés. 18-24 ans, c'est la tranche d'âge qui vote pour la star, c'est aussi celle où les hormones parlent de la voix la plus puissante, que la prudence et la maturité n'ont pas encore produit leur effet.
L'héritage de Mai 68, dénoncé par Sarkozy de façon quelque fois maladroite (on le rend responsable du veau d'or) est au contraire justifié dans Le Figaro du 4 mai, par un député PS européen, Henri Weber, qui taxe sa description sarkozienne, d'imaginaire. Il loue la beauté d'un mouvement romantique, qui a produit la lutte contre la société de consommation, l'existence terne du métro-boulot-dodo,, exprimé certes dans un langage marxiste et délirant dans certaines de ses composantes. Mais on lui doit le MLJ, le Front homosexuel d'action révolutionnaire, la liberté de la contraception et de l'avortement, la possibilité pour les femmes d'ouvrir un compte en banque sans autorisation préalable du mari, reconnaissance des droits des homosexuels, etc. Il faut donc, conclut notre député, en conserver l'élan et la ferveur.
On peut néanmoins lui poser une question simple : toutes les conquêtes qu'il vient d'énumérer n'auraient-elle pas eu lieu sans l'énorme gaspillage humain et économique de cette fausse révolution? Est-ce que dans d'autres pays, notamment ceux du nord ou les pays anglo-saxons qui en ont fait l'économie, ces avancées de la civilisation n'ont elles pas également eu lieu?
Et puis, le culte de Mao, de Che Guevara, la licence sexuelle effrénée dans les universités, la destruction de toute hiérarchie, (le mot chaire bannie, les professeurs d'universités devenus des enseignants, le chaos pris pour la liberté) pourquoi Weber ne les désigne-t-il que comme une dérive marginale alors qu'ils faisaient l'unanimité dans le discours politique de gauche et dans l'intelligentsia dominée par des Sartre-Beauvoir, des Jean Louis Barrault, des Althusser? Et lorsque Mitterrand qui soutint ce mouvement fut au pouvoir, vit-on la société de consommation et les affaires de corruption, régresser? Les jeunes avaient été honteusement manipulés par un groupe de "penseurs", issus du mouvement communiste stalinien, résidus vénimeux de ce que j'ai appelé "Diamant Vertueux", l'ordre stalinien. On profita de leur immaturité. Au lieu de "L'imagination au pouvoir" vantée par les bobos, c'était "La bêtise au pouvoir" qu'on aurait dû prendre pour slogan. Un homme qui a bien connu les évènements de 68, a déclaré récemment en substance: "nous étions alors des imbéciles". Cet homme c'est Daniel Cohn-Bendit. Mais il ne s'agissait nullement d'une imbecillité innée, mais la vulnérabilité des jeunes à la manipulation idéologique, leur absence de sens critique que l'on constate dans le comportement des jeunesses hitlériennes, des jeunesses staliniennes, des jeunes martyrs islamistes... Mais en ce temps-là, le jeunisme était une tendance vantée par les vieux intellectuels, et il est encore reconduit. Ce mot magique de "jeune" excuse tout. Comment s'étonner que ce soit la classe la plus manipulable, et la plus manipulée à l'école et à l'université, qui ait massivement voté Ségolène Royal alors que les classes d'âge les plus mûres, les plus ancrées dans le réel, ont voté en majorité pour Sarkozy?
Si l'on prend comme base le jeunisme, c'est à dire l'avantage donné aux "jeunes" sur les "vieux", le langage de la gauche est cohérent et justifie la discrimination positive de la classe d'âge. Si au contraire, on estime avec les grecs fondateurs de la démocratie, que le vote ne doit être exercé que par des individus mûrs, compétents et responsables, l'éclairage change.