La force de l'image
Le débat Royal-Sarkozy
Commentaire de Harry M.Bronstein.
Elle a été bonne. Comédienne accomplie. Sarkozy a perdu une bonne occasion de se taire en avançant le cas des handicapés. Elle en a profité pour piquer une "saine colère" et de se poser ainsi en révoltée par l'injustice, une femme de coeur, sans compromission. C'était d'une grande tragédienne. Vraiment bien fait.
Lui n'a pas été mauvais. Il faut actuellement que ses lieutenants dissèquent les propos de Royal et montrent qu'elle ne connaît pas les dossiers.
Décodage de deux couvertures
Ici Sarkozy regarde de côté, il est mal rasé, l'oeil un peu torve. L'air dubitatif. Les mains sont crispées dans un geste peu élégant. Le mot-clé : perdre.
En revanche, Segolène Royal apparaît triomphante; le sourire confiant et conquérant, le visage dressé, les yeux tournés vers le ciel en une vision d'avenir. Le mot-clé est battre.
Une remarque inquiétante : l'image positive pour Ségolène, vient d'un magazine de gauche, ce qui est parfaitement normal, l'image négative pour Sarkozy vient d'un magazine réputé de droite, ce qui l'est moins. Ces deux images illustrent assez bien le débat : elle, femme de caractère, animée par une vision rayonnante, des convictions fortes qu'elle saura défendre, lui, comme un personnage plus calme, rationnel, et sans flamme.
Le point de vue de notre avocat
Il a été mauvais. Elle l'a dominé constamment. Elle était bien maquillée, faisait plus jeune que lui. Il était désavantagé par la prise de vue, semblait plus vieux, un peu bossu, mal maquillé. Il a passé le temps à s'excuser au lieu de montrer l'imposture, la provoquer pour la faire sortir de ses gonds, l'attaquer au plan économique, crier à l'incompétence. Quant aux handicapés, ce n'était pas là un sujet national, et il a été maladroit de l'évoquer alors qu'il ne se situait pas sur son terrain. Aucune vision d'avenir. Il a perdu. Il a été constamment en retrait et dominé. Les cartes sont brouillées et nul ne peut dire ce qui va se passer. La prestation a été négative.
Le point de vue d'un membre d'octopus
Il a essayé avant tout de convaincre les indécis et de contrer l'image d'excité incontrôlable qu'en ont donné les TSS. Il a paru de ce fait assez falot, trop respectueux, dépourvu d'une chaleur intérieur. Elle meme a été remarquable, pugnace, déterminée, mais a fait plusieurs bourdes, notamment à propos de la Chine et du nucléaire.
Le point de vue de H.L.Bronstein
Ce débat a manqué de hauteur. On avait l'impression que Nicolas Sarkozy briguait Matignon et s'était laissé tirer vers le bas par Ségolène Royal. Cette dernière fuyait sans cesse et se montrait très agressive, véritable agressivité lors de la première partie de la Campagne, colère surjouée dans la seconde partie. De même Sarkozy a qui on avait fait la leçon s'exerça à la patience, retournant en miroir l'accusation d'agressivité, sur son adversaire. En définitive, ce médiocre débat laissera intactes les positions respectives des candidats. Aucun projet ambitieux pour la France, aucune envolée, aucune vision enthousiasmante, de petits pas et du bon sens chez Sarkozy, des assertions infondées, voire des chiffres mensongers assénés avec aplomb chez Royal. Cette dernière a été remarquable de présence alors que son adversaire se réfugiait en ligne basse.
Le point de vue de Solon S. Bronstein
Elle fuyait constamment et dès que les questions devenaient trop précises, elle se réfugiait derrière les référendums et le appels au peuple. Puis elle ne cessait de couper la parole à son adversaire, sur un ton qui contredisait sa prétention à un dialogue ouvert. De même son sectarisme démentait sa prétention à construire une France Apaisée et son aversion pour les deux blogs. Elle s'est ridiculisée avec ses chaperons de femmes policières et elle a été déconfite par le débat sur les 35 heures. L'allusion à la taxation des plus values boursières aurait des conséquences catastrophiques pour l'épargne notamment des petits porteurs, dont l'état serait associé aux bénéfices mais non aux pertes.
Sarkozyn visiblement débordé n'a pas pensé de profiter de son temps d'avance pour conclure sur l'anecdote des enfant échappés à la mort, à Neuilly, grâce à son sang froid et son courage.
L'information derrière l'information (ISD)
Tout a été dit sur le contenu - ou le vide - des débats. Réfléchissons sur l'arrière plan des principales séquences.
1. A propos des deux femmes qui viennent d'être violées, elle propose de faire raccompagner chaque policière par un policier qui la conduirait chez elle pour la protéger. Sans rire, elle dit "voici un moyen d'augmenter les effectifs de la police".
L'information derrière l'information
Le premier axiome sous entendu dans cette proposition absurde, est " les policières sont plus vulnérables que les policiers qui étant plus forts, doivent les escorter". Mais pourquoi jusqu'à leur domicile et non dans la rue ou dans un parc. Outre que c'est établir une différenciation par le sexe contraire à la vulgate Medusa, pourquoi ne pas protéger également des policiers malingres ou trop vieux?
2. On ne sait pas les raisons du viol. Cela peut aussi bien être de la sexualité ou de l'appétit de domination sur fond de haine raciale ou de pulsions viscérales... Rien ne prouve que c'est la policière qu'on a attaqué en elles et non la femme. Dans ce cas il faudrait que la police escorte toutes les femmes qui veulent rentrer chez elles.
L'information derrière l'information
Il apparaît qu'il s'agit ici de l'exploitation de deux faits divers à des fins électorales. Une fois de plus Ségolène sous prétexte de lutter contre le machisme, l'induit en différenciant la femme comme étant plus faible et vulnérable. Mais alors, si une policière ne peut se défendre en rentrant chez elle, comment peut-elle exercer sa fonction qui la met en présence avec des criminels et des bandes aussi dangereux? On ne peut à la fois proclamer l'égalité des sexes face à l'emploi et en même temps établir une discrimination positive pour compenser une inégalité bien réelle.
3. Voici pourquoi il ne faut pas diminuer les postes de fonctionnaires. Les gardes du corps qui protègent des policieres ne peuvent que se multiplier car les voyous que l'on protège ne peuvent changer rapidement en admettant qu'ils changent. Les récidives ne sont pas dues uniquement au manque de formation, mais plutôt à une apesanteur hiérarchique, une confusion des valeurs de bien et de mal qu'enseigne la religion. Mais en attendant le jour béni de la conversion, on est bien obligé de protéger les citoyens honnêtes, et de s'attaquer aux multirécidivistes. Le rendement d'une telle mesure serait nul. En effet comment voulez-vous éduquer un jeune qui en prison subit l'influence de prisonniers plus agés et en sort révolté.
4. Les handicapés
Pourquoi en parler. Le sujet n'a pas sa place dans un débat mettant en jour la République. Nicolas Sarkozy, trop confiant s'est laissé entraîner par un des très mauvais conseillers qui profitent des circonstances pour ouvrir des portes ouvertes. En fait Sarkozy n'avait pas sous la main les chiffres exacts, qui contredisaient ceux imaginés par Ségolène.
L'information derrière l'information
Elle est cruciale et nul n'a paru la remarquer.
On a toujours portaituré la "madone en blans" comme une madone en blanc. Sa bouche sourit toujours, et les mauvaises langues parlent de tranformations esthétiques. Toujours souriante, sobre dans son tailleur, Ségolène devient un vrai totem. Mais, la voici qu'elle se met en colère et le masque concocté par les esthéticiennes, tombe. Le sourire devient tour à tour ironique, culpabilisateur, cruel prêt à mordre. Les yeux se dardent sur l'adversaire taxé d'immoralité et de bien d'autres tares. Cette attaque de la vie privée n'a soulevé que de maigres critiques tant l'image fantasmatique de la candidate, maternelle, tolérante, souriante et sereine est forte. Elle est normale dans le contexte communique de voici quarante ans.
Oui. Le masque tombe et l'instant décisif, lorsqu'elle hurle un sourire crispé aux lèvres , en substance : -non je ne me tairai pas, non je ne vous laisserai pas la parole, oui, je voue empècherai de parler car je suis en colère et la colère face à votre immoralité est saine etc..
En quoi réside l'immoralité de Sarkozy, déclarant les efforts qu'il va consentir pour les handicapés? Peu importe, car Ségolène avait trouvé une occasion de "se révolter" , d'humilier et d'agresser un adversaire à priori taxé d'immoralité. Malheureusement gageons, qu'alors que les photographies Bush ou de Sarkozy les plus monstrueuses sont étalées dans les journaux, on ne trouve pas une seule image de Ségolène prête à mordre comme un cobra ou le regard dur, qui soit publiée.
Personnellement nous trouvons que le masque furieux, la bouche tordue de haine, le rictus méprisant, le doigt accusateur, sont effrayants. Ils correspondent à ce que nous savons du personnage, autrement dangereux que Sarkozy. On a peine à imaginer les passedroits, les dénonciations, les contraintes administratives et tous les mauvais coups avalisés par le "je veux!". Lorsque Sarkozy lui montre l'impossibilité de basculer l'argent de l'Etat dans les associations et les établissements non solubles avec la bureaucratie spoliatrice, elle répond "moi je le pourrai" - mais comment cela? "J'ai ma recette. Et cela marchera parce que je le veux. Je le veux et cela se fera!
J'ai conseillé à France-Soir de publier à la une cette face haineusen mais, trop tard, on la retrouvera dans les pages internes du journal.