J'ai enfin pu avoir accès à mes commentaires et j'ai commencé à y répondre. Demain 1er Mai vous aurez la reprise du journal et une "masterclass". excusez mon absence. Bruno Lussato
Bruno Lussato ayant des difficultés à communiquer avec son blog, il m'a dicté par téléphone un court résumé du journal du 28 avril qui ne vous parviendra in extenso que plus tard. Le sujet en est la "guerre des connotations". La guerre des représentations, nous savons ce que c'est: les bélligérants combattent par image médiatique interposée. Les événements, les êtres et les choses sont projettés sur une carte imaginaire, la carte des représentations. Il ne s'agit pas de programmes qui seront appliqués après l'élection, mais d'une réponse aux désirs supposés des électeurs: un peu plus de collectivisme par ci, un peu plus de libéralisme par là. Mais une représentation n'accroche le public que si elle est porteuse de signification. Les sémanticiens distinguent deux types de significations: la dénotation et la connotation. Celle-là est fondée sur une observation relativement objective des faits, donc fasifiable; celle-ci, sur des des associations s'appuyant non pas sur des preuves mais sur une intime conviction, non falsifiable puisqu'elle échappe à la preuve. C'est ainsi qu'à propos de la pression supposée de Nicolas Sarkozy sur les médias visant à étouffer son débat avec Ségolène Royal, François Bayrou a déclaré qu'il avait une certitude mais pas de preuves.
Qu'est ce qu'une certitude sans preuves? une inférence, c'est à dire l'interprétation subjective d'observations factuelles sélectionnées. Pourquoi Bayrou a-t-il précisé "sans preuves"? par honnêteté, sûrement pas; tout simplement pour éviter d'être démenti. Onne peut en effet ni prouver ni démentir une certitude sur l'intention de l'adversaire. Si on le pouvait, c'est que l'on aurait des preuves. Or la désinformation se nourrit de connotations émotionnelles, c'est à dire de glissements sémantiques. Celui employé par Bayrou est le suivant: 1. On choisit les médias qui s'opposent au débat (Canal+). 2. On constate que les propriétaires de ces médias sont des financiers (ce qui est le cas de tous les médias, y compris Libération et Le Monde). 3. les propriétaires d'un journal imposent leur loi aux journalistes. 4. Certains de ces propriétaires sont amis avec Sarkozy. 5. Sarkozy leur a demandé de boycotterle débat par la menace et la terreur. 6. les propriétaires ont obéi et ont fait pression sur les journalistes en les menaçant d'exclusion. 7. Conclusion: Sarkozy fait peser une grave menace sur nos libertés. Les failles de ce que l'on ose appeler un raisonnement sont les suivantes: 1. Tous les journaux appartiennent à des pouvoirs d'argent car ils en ont besoin pour subsister. 2. La France possède 6 titres influents qui militent activement contre Sarkozy: Le Monde, Libération, Le Canard enchaîné, Le Nouvel Observateur, Marianne, L'Humanité. Les autres sont subordonnés au terrorisme intellectuel. Par exemple, Plassard du Nouvel Economiste m'a avoué qu'on pouvait parler des patrons voyous, mais pas des employés voyous, pour des raisons de "sensibilité" de l'opinion. En fait, à part Valeurs Actuelles et France Soir, les journalistes sont plus influencés par l'intelligentsia de gauche que par ceux qui les financent. 3. Même s'il le voulait, Sarkozy ne pourrait supprimer nos libertés faute de contrôle de l'intelligentsia. La suppression des libertés vient plutôt de l'autre côté. On fait la chasse aux sorcières et puis on accuse la sorcière de se poser en victime. Que serait-ce si le parti de la désinformation l'emportait? Pour Bruno Lussato, Kevin B. Bronstein.