CHRONIQUE
FAUT-IL LE CROIRE?
UNE QUESTION DE CONFIANCE
A la question de Feydeau (ou est-ce Labiche), : Faut-il le dire? interprétée par Cochet, au Théâtre Mouffetard, le plus grand éclat de rire jamais vecu par votre serviteur, je fais écho: faut-il le croire? Ce qui ne me donne nullement envie de rire.
L'élément déclenchant fut l'attitude de la famille Poliakoff. Passe encore pour Axel, le fils, qui était coutumier des montagnes russes, c'est le cas de le dire, mais le père, Igor, m'avait juré que je faisais partie de la famille. Avant le traitement indigne qu'il me réservèrent voici un mois à San Remo, le fils manifesta la plus vive affection voire même une sorte de jubilation en ma présence. Il m'assura qu'il viendrait me voir, et me déclara que si j'avais besoin d'une aide quelconque il répondrait présent et le père me laissa un message de vive affection. Le résultat on le connaît : non seulement Axel fut injoignable, mais il donna des instructions pour que l'on coupe tous les ponts avec moi. Quand à Igor, censé m'inviter chez lui pour ma convalescence, il me laissa une maison de 1000 m2, vide, sans personne pour me servir ni me venir en aide. Il ne répondirent ni l'un ni l'autre à mes SMS, et je n'ai à ce jour aucun message de leur part. Le paradoxe est que cela survient à un moment où je donne tous mes biens culturels y compris des incunables digne du Vatican, à Axel, et que j'ai rendu un insigne service à Igor. Après cela je ne puis qu'écouter avec une attention morose ceux qui me disent : ce sont des Russes, on ne peut leur faire confiance, un jour ils vous portent aux nues, un autre, on ne sait pourquoi ils vous prennent en grippe, ou pire, vous n'existez plus. Il n'empêche que ce camouflet humiliant me rendit physiquement souffrant. Je me serais épargné cette desillusion si m'étais, avec scepticisme la question : faut-il les croire (leurs paroles affectueuses), faut-il le croire? (A leur amitié)
J'ai noué des relations quasi filiales pour une jeune femme. Elle me combla d'attentions, elle fit plusieurs fois le voyage de sa patrie lointaine pour me voir, me rapportant à chaque fois les cadeaux les plus précieux. Tout à coup un coin du voile se déchira, et derrière ce masque de sollicitude une inconnue apparut l'espace d'un éclair : une arriviste dure, impitoyable, dominatrice, froide comme un crocodile. Certes elle ne manquait pas, comme toute arriviste, de considération pour un homme cultivé et lui même considéré par des personnalités importantes, et même une sorte d'affectueuse sympathie. Mais devant ses habituelles embrassades, que croire?
Il me reste deux hommes pour qui je donnerais ma vie, - qui ne vaut d'ailleurs pas grand chose - et ils manifestent envers moi la plus vive sollicitude, une exceptionnelle présence, des actes concrêts pour adoucir ma vie quotidienne. Ils m'ont exprimé leur affection profonde. Faut-il les croire?
Oui, il faut les croire, car l'amour filial que je leur porte n'admet pas le scepticisme. Ce serait une forme d'ingratitude.
DU BLOG NOTES
PHOTOS A LA SAUVETTE
Michel m'a montré deux photos prises à San Remo. Elles sont naturelles bien plus intéressantes que les stupides photos à la Steinberg, toutes dents dehors, en train de guetter l'oeil du photographe.