CHRONIQUE
DU LOINTAIN
Ce Dimanche a été bien solitaire : pas de visites à cause des défections dont j'ai parlé, deux coups de téléphones du lointain : Tatiana appelle du Japon, où elle va visiter sur mes suggestions les musées du Mingei, Alexandre (un autre!) Mulliez, fils d'Arnaud et petit-fils de Gérard, le fondateur appelle d'Argentine. Je le considère un peu comme mon petit fils adoptif, mais cela n'a rien à voir avec le sentiment qui me lie à l'autre Alexandre, fils de Sergei Pugachev. Avec Alexandre Mulliez, considérablement plus juvénile, plus spontané, plus transparent, le coeur sur la main, je suis à l'aise. Je le vois fort bien devenir plus tard le patron d'Auchan, et le successeur de son grand-père car il a du caractère, et une pulsion intérieure puissante. Et pour lui qui un pur-sang, de la race de ceux qui ont du feu dans les veines., de pourrait être une vocation familiale. Il pourrait ainsi comme d'autres membres de la tribu lilloise, explorer de nouvelles pistes et fonder sa propre entreprise au sein de la galaxie. Mais que de discipline, que de ténacité, faudra-t-il pour en faire un homme. digne de ce nom, possédant la dose nécessaire d'humilié et d'acceptation des critiques.
Quelques années seulement séparent les deux Alexandre, mais des décennies en ce qui concerne la maturité. N'oublions pas que ce dernier est déjà père de deux petites filles, a mené à bien en Russie un très important programme immobilier et par son travail acharné s'est rendu indispensable à son père. Mais son ego monstrueux est placé tout autrement. Il ne supporte pas de devoir quoi que ce soit à qui que ce soit, et veut toujours agir seul, sans pressions, quitte à nier l'aide qu'on a pu lui apporter. Cet ego le rend inhumain, glacial, et la capacité de séduction et de transformation caméléonesque dont il est capable, couvrent les glaces de l'enfer d'un glacis de naïveté charmante. Par ailleurs il est très respectueux de ceux qui à la base, travaillent dans l'ombre et entretient la plus grande méfiance à l'égard des diplômés prétentieux. Cette qualité en fait un grand entrepreneur moderne.
Sandrine nous a téléphoné à Marina et à moi, de l'île de Paros en Grèce. Elle occupe une suite dans le meilleur hôtel de l'endroit et elle est ravie. J'aimerai tant visiter les îles Grecques avant de mourir, mais c'est un rêve qui ne sera jamais exaucé.
Musée du stylo et de l'écriture
Vous savez que j'ai très envie d'acquérir une magnifique collection de stylos Waterman, les plus rares et les plus précieux. Je pourrai ainsi faire revivre le musée du Stylo sur une base thématique simple: tous les ans présenter le parcours complet de la production d'un grand constructeur, mais Schaeffer est moribond, Wahl-Eversharp, Conklin, ont disparu, Montblanc inaccessible, Parker dispersé, il ne reste que deux figures historiques dont on peut acquérir la production totale : Omas et Waterman.
Mon fils et mon entourage sont radicalement opposés à cette acquisition en temps de récession, alors qu'il vaut mieux se réserver pour des achats plus culturels. Ils ont sûrement raison. La seule possibilité envisageable est un doublement de la subvention versée au musée du stylo par Waterman et par Pilot. Subvention qui n'a jamais été réactualisée depuis dix ans, ce qui se justifiait étant donné le vol des principales pièces. Voici un cas que je puis d'autant moins résoudre, que je suis dans l'incertitude de mon sort. Il est évident qu'une telle revanche sur cette perte n'aurait de sens que si je suis vivant dans des conditions acceptables pendant une bonne année.
Photo de famille
J'ai eu la joie de recevoir une magnifique photo de la famille d'Henri Mathias et de sa chère épouse Anita, une fan de notre blog.. Elle représente pour moi le modèle de la famille idéale, telle qu'on n'en trouve que dans la province des villes du Nord. Il suffit de jeter un coup d'oeil sur cette photo, pour se trouver moral remonté, après la description des fausses familles américaines basées sur le pouvoir, l'argent et le sexe.
Deux quatuors de Beethoven
Ce soir je me trouvais bien seul, alors j'ai écouté le splendide quatuor N°12, op.127. Beethoven l'écrivit dans le prolongement de la IXème Symphonie, et ce premier quatuor de la dernière période, est de proportions monumentales. Malheureusement j'ai beaucoup peiné à entendre toutes les notes. Trois hypothèses :
1. l'enregistrement et l' exécution sont confus,
2. mon installation vieille de décennies est morte
.3. Ma grand-mère était sourde comme un pot, mon père, comme Beethoven, il était normal que mon ouïe soit affectée par cette tare.
Et effectivement J'ai perdu une bonne partie de mes fréquences aiguës, ce qui est très gênant, car ce sont elles qui colorent la sonorité, donnent vie aux cordes et font entendre les sons cristallins du triangle et du carillon, ce qui me manque terriblement. Demain en arrivant à Paris, je mettrai sur ma chaîne les quatuors que je viens d'écouter, par le quatuor Amadeus ou tout autre bonne version.