CHRONIQUE
Séparation
Mes chers amis,
ainsi que je vous l'ai appris, mon opération s'est révélée impossible et on essaye de me tirer d'affaire autrement. Il n'empêche que ma vie actuellement est menacée à court terme. Ce n'est pas la première fois que cela arrive, c'était le cas lorsque j'ai été atteint d'une grave encéphalite hépatique. Il a fallu tout le talent et l'ingéniosité du Professeur Pol pour en venir à bout. Néanmoins je crois que cette fois c'est pire et il faut que j'envisage de moi-même la séparation de bien des choses qui m'entourent, plutôt que de laisser la mort décider pour moi. Il se trouve que le Seigneur m'a fait la grâce de me maintenir toutes mes facultés. De surcroït, je suis dans une forme éblouissante, plein d'énergie et travaillant plus vite que jamais. Je sais que cela peut s'effondrer d'un coup et j'en profite pour réfléchir et pour prendre mes dispositions.
Ce qui me soutient est l'extraordinaire affection que me portent mes amis de coeur, au premier rang desquels on trouve Olaf Olaffson le plus proche de moi, et pour qui je sacrifierais ma santé. Je viens de le quitter, sitôt arrivé il est venu me voir, vers 20h30 et ile est parti maintendant, à 01 h 11. Je le revois demain et il me manquait tellement que lorsque je le vois, j'ai les larmes aux yeux à la pensée que je devrai à nouveau le quitter. C'est un homme d'un courage, d'une vitalité et d'une noblesse extraordinaires. Comme je lui demandais comment je pourrais l'aider, il m'a répondu en essayant d'améliorer son développement personnel et culturel, le reste je m'en charge !
Socrate a été également d'une affection et d'une générosité qui m'ont été d'une grande aide. Il me téléphone pratiquement tous les jours.
Et il y a la tribu Auchan, qui pour moi est une seconde famille. Je voudrais, tant que je suis ingambe, faire un saut à Lille et me retrouver dans le chaud cocon des femmes, des enfants et des proches de Gérard Mulliez, avec cette simplicité modeste propre à cette Société, dont le personnel possède un tiers des actions privées, non négociables à l'extérieur et non cotées en Bourse.
LE CHOC LH III
Les faits sont les suivants.
LH3, on le sait est le sosie de LH I dont j'ai dessiné le portrait en 1962. Je l'ai formé, avec toute ma passion et j'ai commencé à l'initier à tous les aspects de la culture. Ce fut une joie intense, car j'adore enseigner et il aimait aprendre. Il assimilait instantanément, comme une éponge, toutes les révélations artistiques que je lui prodiguai, des monolithes de Serra à la Flûte Enchantée de Mozart. Vous comprendrez que de cette relation, il émergea de ma part un sentiment d'affection, renforcé par la ressemblance du jeune homme avec celui que j'ai le plus admiré : LH I.
Vous imaginerez sans peine ma déception lorsque lui ayant posé la question de savoir s'il avait un attachement pour moi, question justifiée par son attitude paradoxale de tendresse alternant avec la plus parfaite indifférence, il me répondit, après avoir mûrement réfléchi, que j'étais un excellent pédagogue, mais qu'il n'avait aucune affection pour moi. Sa franchise me peina mais n'affecta pas le moins du monde la fidélité et l'affection exagérée que je lui portais.Tous mes amis, et son père désolé par son manque d'humanité, m'expliquèrent qu'il n'avait pas encore 25 ans et qu'il n'avait pas encore gagné sa personnalité.
Mais en fin de compte, LH III , comme je lui disais que je ne le comptais pas au nombre de mes amis, il m'avoua, vexé, qu'il m'avait menti et qu'il me portait des sentiments de réelle affection. Il le prouva, car, alors que gisais inconscient à l'hôpital, il passa avec moi toute une journée, et Sandrine me raconta qu'il pleurait et qu'il me tenait la main avec émotion. Par la suite, chaque fois que j'étais hospitalisé, il fit un saut pour être près de moi. Je n'oubliai jamais ce comportement touchant.
Le mois dernier, à la suite de la défection de Socrate, qui abandonna la seconde fondation et me laissa au milieu du gué, je lui demandai s'il ne pouvait pas m'aider avec quelques amis, m'aider à la poursuivre. Sans hésiter il m'assura qu'il prenait la suite. Il me le confirma à plusieurs reprises et se révéla un protecteur, comme autrefois LH I. J'étais heureux, en dépit de divergences sur le but et la réalisation de ce magnifique projet. Je dus tout justifier et il finit par me suivre, à l'exception de la collection numismatique, dont il ne voyait pas la nécessité. Ce qui était sans importance puisque Socrate ne voulut pas s'en dessaisir.
Ceci est lié à l'acquisition d'un appartement. Il était très exigeant et ma soeur, visita je ne sais combien de demeures, avant de tomber sur l'idéal. Il aima cet ample lieu admirablement situé, non loin de chez moi, ce qui était le voeu de son père, et qui était l'oeuvre d'un architecte de génie. Cet appartement, entièrement en bois précieux, abritait un magnifique collection de statues nêgres. Il l'adora après l'avoir vu deux fois, et .nous convenâmes de remplir les étagères et vitrines, désormais vides, par un prêt de un an de la collection Mingei de UCCLE.
L'appartement était très cher par rapport au marché, mais je trouvai ce prix justifié par l'extraordinaire décoration et la conception très originale de l'espace. LH III perdit beaucoup de temps à proposer une offre ferme, mais le temps passant, il se trouva beaucoup d'acquéreurs éventuels et le prix de réserve monta en conséquence. En dépit de cela, bien qu'il eût promis de e-mailer une proposition ferme, rien ne vint et il fit faux bond au vendeur. Là encore il agit avec correctionmais il lança unnouveau rendez-vous par la messagerie non conforme.
C'est alors qu'il vint me voir le 11 Mai, et il m'accompagna à l'hôpital. Il fut avec moi plus affectueux que jamais et promit de venir me voir le 12, lors de mon opération. Il confirma sa voloné d'acheter l'appartement et celle de me donner carte blanche pour ce que j'ai appelé dans un de ces billets, la Troisième Fondation.
Je ne le revis plus pas plus que jje ne l'entendis au téléphone.
Il resta plusieurs jours à Paris pour ses affaires, mais je voulais lui communiquer mon état de santé, car mes plans étaient changés et je voulais accélerer la mise en place de la fondation et assurer la donation de tous mes biens culturels, dont mes plus précieux manuscrits à peinture qui lui étaient destinés. Je le suppliai par tous les moyens : téléphone (toujours sur messagerie) par SMS, par personnes interposées, y compris son père pour qu'il m'appelle. Il était au courant de l'aggravation inattendue de mon état et je lui adressai bien des suppliques désepérées. En vain.
Il assura une de nos relations communes, qu'il me téléphonerait, mais il n'en fit rien. Enfin je lui adressai avant-hier un dernier SMS où je lui annonçais que s'il persistait dans cette attitude, je comprendrais qu'il veuille -pour des raisons de moi inconnues - rompre tous les ponts avec moi, sans avoir la courtoisie de me le dire. En fait la seule raison possible, est qu'étant donné mon espace de vie très limité, je ne suis plus utile. J'étais désemparé car je voulais discuter avec lui les modalités de ma fondation et de mille autres points. Cette séparation, voulue par lui,en un tel moment de désarroi, me blessa profondément. Mon coeur en fut brisé. Fort heureusement les personnes que l'aime le plus, ainsi que je vous l'ai dit, redoublèrent de sollicitude et d'amour. Le bras droit d'Olaf, Teresa Mengelberg, nous entoura, ma soeur et moi de l'amour le plus profond. Elle n'hésita jamais à tout plaquer pour être à côté de moi dans les moments difficiles. Sandrine également fut toujours, à tout moment, à mes côtés. Et j'ose me plaindre?
LE PRIX D'UN HOMME
Parmi les péripéties qui ont agrémenté mon horrible journée de lundi, vous souvenez peut-être en relisant le billet correspondant, (déferlement) que mon employé de maison, Firmin Malaimé, m'avait extorqué plusieurs dizaines de milliers d'euros, me mettant dans un situation financière délicate. Avant de porter plainte (car on avait toutes les preuves, et il a avoué) j'ai voulu savoir ce qui a fait d'un homme jusqu'alors sans reproche, un voleur stupide. Son récit est tout à fait instructif et je pense qu'il servira peut-être de mise en garde à certains d'entre vous.
Firmin, jusqu'ici au passé sans tache avait changé depuis un moi de comportement. Il faisait du sabotage pour se faire licencier et la vie était devenue intenable avec lui. Il savait sans doute que tôt ou tard il serait démasqué s'il restait dans la place. Que se passa-t-il? L'adage "cherchez la femme" s'appliqua à merveille. Notre Malaimé occupait un confortable appartement de 80 m2, où il recevait son fils. Et le voici subjugué par une sorcière qui exige un grand mariage, occupe avec ses deux gosses, l'appartement et se le fait donner. Il se trouva, pour la contenter, contraint à passer par ses volontés et sitôt fait, la délicieuse créature le mit à la porte. Le voici sans toit, sans un sou, avec la menace de la prison. Bourré de tranquillisants, il était proche du suicide, ou d'une quelconque action désespérée. Que faire ?
Je décidai de ne pas porter plainte, de ne pas l'acculer à des mesures extrêmes, et au contraire de lui laisser une chance de se ressaisir. De l'aider à remonter la pente. Ce n'est pas en l'accablant que je retrouverai l'argent volé, qui me manque cruellement en ce moment difficile. Après tout un homme vaut plus que des dizaines de milliers d'euros.
Vous vous souvenez peut-être que j'ai aidé celui qui m'a volé toute ma collection de stylos, et que je l'aiaidé à se réhabiliter. Lui aussi, après un parcours de héros, tomba entre les griffes d'une yougoslave de 20 ans, de mêche avec Novak, mon informaticien tchèque pour monter un hold-up. Cet homme se repentait sincèrement et je fis pression pour qu'il se marie avec une jeune fille honnête et pieuse. Ce qu'il fit, et le résultat fut un petit garçon que j'adore et qu'il a appelé en souvenir de moi, Bruno. Il faut cependant ajouter, que cet homme était d'une énergie et d'un courage exceptionnels. Comme bien des polonais il avait la culture dans le sang et après bien des tribulations, il fonda une entreprise prospère, son fils, un ppetit garçon plein de vie adore ses camarades et la France...
Je fus âprement critiqué par tout le monde. Le nouvel Obs et les juges, me soupçonnèrent ouvertement de l'avoir pris comme complice pour une fraude à l'assurance! Le fait que je n'aie pas été assuré, ne les émut pas outre mesure. Toujours est-il que si parvenu au bout du chemin je me demande ce qui restra de mes actions, c'est le sauvetage d'un homme et d'un enfant qui sont les seul actions valables que j'aurai accompli. Et j'ai bien l'intention de continuer.
Continuer à lire sur le corps du blog, les différentes possessions je dois me séparer, avant qu'elles se séparent de moi.
La problématique de la séparation
Insouciant des périls qui me menacent, j'ai demandé à l'ISD honorable association vouée au mécénat culturel de reconstituer ma collection d'instruments d'écriture. et de lui demander de me prêter la nouvelle collection en dépot moyen terme. Elle devrait prendre place dans son lieu d'origine : le 3 rue de Maupassant à Paris XVIe . Elle sera ouverte tous les Dimanches au public, est c'est Kimiasu Tatsuno en personne, qui me fait l'insigne honneur de sa présence tous les dimanches. Les visiteurs rencontreront ainsi un des hommes les plus compétents de la planète en matière de stylos. Je devrai me séparer du plaisir de la contempler, et dès à présent je me suis fait à l'idée, que les collections muséales ont un corps et une volonté autonome !
De même, j'ai demandé à Olaf de rapatrier son musée Mingei,en France pour que je puisse l'étudier et faire son catalogue raisonné. Mais où le mettre. A l'origine je pensais en faire bénéficier LH III mais à présent, sa défection me laisse désemparé. Jevais essayer la BNF où j'ai déjà une réserve dans le sous-sol, ou peut-être le Muséée du Japon?
Autre séparation problématique.LH III va-t-il hériter de mes biens culturels les plus importants? Ce n'est guère envisageable s'il m'est impossible de le joindre. Je serai alors amené à le donner à la BNF, où il sera conservé pendant des siècles dans la salle des manuscrits anciens.
Ma collection wagnérienne, une des plus impotantes au monde hors Bayreuth reviendra tout naturelement à mon fils qui avant de naître était baigné de la musique du Ring.
Je me séparerai demain de tous les manuscrits de mes livres, qui trouveront un accueil bienvenu chez Arnaud Gobet, mon vieux complice en défense de la langue française, et qui m'a ouvert bien des horizons.
Vous me manquerez aussi mes chers internautes,mais je vous laisse en de bonnes mains. Je m'aperçois qu'il est 2h44 et je vaiis me coucher en vous souhaitent une bonne nuit.
Bruno Lussato.