Chronique italienne N°18
Champs de ruines
Voici bien des années, un 14 juillet de la fin des années 90, plusieurs amis ont voulu m'emprunter le balcon de mon appartement, situé au cinquième étage du Rond-Point des Champs Elysées. Ils voulaient assister au défilé de Goude. J'ai accepté, mais ils ne sont plus mes amis.
Les autres invités, nous ont rejoints ma femme et moi, à l'auditorium de mon Centre Culturel des Capucins, où nous avons donné le Requiem de Mozart en mémoire des victimes des massacres et des génocides de la Révolution Française. La prise de la Bastille, sinistre farce, où on libéra le seul prisonnier, dément fort heureux de sa condition, et où on massacra de malheureux suisses qui, épouvantés, déposèrent leurs armes. Ce n'était qu'un début, portant la terreur, comme l'utopie porte la dictature. On vit les pires excès : les chefs corrompus comme Danton, fous sanguinaires comme Marat, fanatiques intégristes comme Robespierre, imams laïcs haineux comme le Père Duquesne, tous se liquidant les une les autres au nom de la liberté, de l'égalité et de la fraternité. Egalité certes, pour les victimes du génocide vendéens où l'on tua vieillards, femmes et enfants pour être nés de souche "contre-révolutionnaire". Egalité préfigurant le communisme, le stalinisme et tous les régimes sanglants se prévalant de notre folie sanguinaire drapée dans la charte des droits de l'homme. Oui, mes amis authentiques, prièrent avec Joseph Krips, accompagnés par les accents de terreur apocalyptique et d'infinie tristesse du plus touchant des requiems.
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