La houle et le rocher
Je remarque que les billets qui passionnent le plus, et de loin, les internautes, sont dignes des pages d'un catalogue de Surcouf. Il en est qui s'enthousiasment pour les différences entre telle ou telle interprétation et détaillent avec finesse, les détails géniaux de telle page. Ceux-ci comparent des bits et des pixels, avant d'élire l'idéal technologique, en termes dithyrambiques, pour un jour le passer avec mépris par pertes et profits. J'avoue que j'ai plus de sympathie pour les objets qui prennent de la valeur et de la modernité avec le temps que pour les gadgets à qui on demande un minimum de performances. On va me rétorquer que j'ai tort de faire la fine bouche et que je suis bien content de bénéficier de mes gigabits. Certes... pour de la conversation spontanée, de l'enseignement, mais je n'ai jamais prétendu faire de l'art ni donner le meilleur de moi-même dans ces modestes billets. On pourra accroître la définition des pixels grâce à la full définition, la profondeur des noirs, la taille de l'écran,; mais cela ne sera pas considérablement supérieur à mon home cinéma sony tri-tubes et certainement inférieur du point de vue de la fidélité sonore.
Je pensais à tout cela en jouant sur mon Steinway modèle D, que j'ai depuis 40 ans et qui n'a jamais eu le moindre problème en dépit d'une utilisation intensive. Et puis je constate la vogue des enregistrements dits historiques, dont certains datent des années 50 ou 60 et sont d'une qualité insurpassée. Il est vrai que les instrumentistes leur insufflent une vie qui manque à nos représentations d'artistes sautant d'un jet à l'autre pour chanter aujourd'hui à Moscou, demain à Boston.
Du temps de Mozart, il y avait la vraie fidélité, celle de la musique de chambre, jouée par les maître et la maîtresse de maison, le cocher, le cuisinier et les deux femmes de chambre. Il est vrai q'uon était en Allemagne et que la musique mécanique n'existait pas encore.
C'est Steinway précisément qui avait pris pour devise un constat désabusé. " Dans le monde, on est battus par les flots déchaînés, tous bouge, tous change, seuls quelques rochers assurent la permanence de la perfection. Steinway est un de ceux-la.
Je puis en témoigner.
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