Emplettes de Noël
Mes chers internautes,
en dépit de vos festives occupations, choix d'un arbre équilibré, des boules multicolores, des petits cadeaux enveloppés dans du papier mordoré ou éclatant, (y compris la saucisse pour le chien !), sans compter les victuailles : foie gras, champagne, bûche, marrons glacés, en dépit donc de ces moments affairés et heureux ( et des petits conflits qu'ils accompagnent : huitres ou caviar?), plus de six cent d'entre vous ont trouvé un petit moment pour faire un coucou dans ce blog. Il faut dire que vous n'avez guère été gâté tous ces temps-ci, où, je l'avoue je n'étais pas au meilleur de ma forme ! Mais je vais dorénavant essayer toute allusion trop directe à mon insignifiante personne qu'elle soit Dinosaure, Moineau,Monsignor Lussato ou le Rabbi Mardochée Luzzatto (qu'est-ce qui m'empèche de choisir ce délicieux prénom : Mardochée? Je gagnerais peut être le respect de Monsieur Méduso, qui préfèrerait peut-être en ce qui me concerne Mcchabée?
Je me permettrai cependant d'évoquer quelques souvenirs de Noël, fête que j'aime passionnément sans avoir toujours pu en profiter.
Lors de mon enfance, les restrictions de guerre avaient limité les cadeaux. Pas d'arbre de Noël mais il y avait "la Beffana", le huit (l'épiphanie) et on trouvait toujours le matin dans les bas de maman d'inattendus petits cadeaux, tellement minuscules qu'ils ne laissèrent aucune trace dans ma mémoire ni celle de ma soeur. Sans doute, une bobine de laine et des aiguilles à tricoter, ou un petit journal illustré "d'avant-guerre" (le pays de cocagne, le temps heureux). Et il y avait la crèche. J'étais fou des crèches. J'en fabriquais, j'allais les admirer à la Cathédrale, et quelle belle musique dorée !
Mon fils bénéficia d'un tout autre traitement. En Allemagne, c'était l'abondance, et Pierre, était l'idole de ses grands parents. Les paquêts envahissaient tout le salon (dont la saucisse pour Bautzi, le teckel hargneux et l'os à ronger). On mettait le Messie de Haendel et le lendemain à la Cathédrale de Lebach, on donnait des messes superbes, avec les meilleurs violonistes dun coin, des chanteurs et des chanteuses qui s'étaient préparés pendant des mois... Ah, Noël en Allemagne !
Avant de me marier, j'allais à Saint Germain l'Auxerrois, cette merveille qui répond à la colonnade du Louvre. Ou encore, à l'Aglise américaine, Av.Georges V. Je vous la recommande si vous voulez retrouver la convivialité des cérémonies allemandes, sans la raideur ni la lourdeur. Le Noël prochain allez à minuit à cette église oecuménique. Cela ne vous empêchera pas d'assister le lendemain à un rite catholique classique.
Mais la plupart du temps, je me promenais dans la solitude de la Forêt de Recloses. Les pins et les bouleaux vibrent de l'hymne du vent dans les arbres, tout autre chose que la sinistre fréquentation de la grève désolée de l'océan désert. Des rouleaux éteints, animés par la bise, émanaient ces spectres apocalyptiques qui donnaèrent naissance à l'Entretien. Du calme majestueux des bois déserts de Nemours, des rochers des gorges de Franchard et du Loup, surgissait une présence apaisante, pleine de messages du lointain, émanant de voix familières, autant de bouteilles à la mer. Le soir, après une journée gélée, je me retrouvais dans la vieille salle de l'Auberge de la Glandée à Recloses au tour d'une bonne soupe. Et je jetais des notes de solitudes et de nostalgie, certes, mais heureuses, imprégnées par Celui qui ce soir nous apportera la bonne nouvelle.
Aujourd'hui, le temps de Recloses et de la Forêt mystérieuse parsemée de rochers est fini. Et je me retrouve errer dans un autre espace, tout aussi habité, celui que est le votre aujourd'hui. J'espère que même les agnostiques, les sceptiques, les adversaires de nos rites judéo-chrétiens, ceux qui viennent des déserts et des terres saintes, j'espère que même eux, en me lisant, trouveront au fond d'eux mêmes comme un timide écho, une résonance de ces paroles éparses. Elles ne viennent -vous le savez- ni d'un bigot, ni d'un dogmatique. Quant aux autres, les croyants, ceux qui bénéficient de la foi du charbonnier, qu'ont-ils besoin de mes exhortations? Ils sont dèjà riches de leur convictions, dans l'Eglise Catholique, Apostolique et Romaine.
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