Chronique
Sur le chemin aride qui parcourt cette chaîne abstraite de concepts, je m'égare dans une zone dangereuse.
D'une part le signet nous indique la difficulté du texte pour professionnel - la difficulté, due à l'extrême concentration conceptuelle est bien au rendez-vous, d'autre part le signet ment car des concepts familiers aux vrais professionnels : psychologues, psychothérapeutes du travail, cliniciens et étudiants à la recherche d'un doctorat, n'ont pas été évoqués, alors qu'il portent tous les soubassements de la recherche en psychologie. Que faire alors? Ajouter un deuxième signet , on n'en finirait plus!
Or il se trouve que j'ai depuis l'age de 17 ans intimemement mêlé à ces questions. La plateforme des mes connaissances a été une galaxie de grands hommes que j'ai explorée, comme mes camarades sur les bancs de l'école, et parmi laquelle on trouve les illustres Herbert Simon, Pribram et Miller, Sir Karl Popper, Sir John Eccles, Sir Charles Osgood, et Jean Piaget qui a , avec Paul Fraisse honnête bureaucrate des sciences psychologiques, compilé mon livre de chevet, le Traité de Psychologie Expérimentale en XXII volumes, pur produit magistral de l'enseignement académique à la Sorbonne. Etudier Simon ou Piaget, c'était comme pour un physicien apprendre Einstein ou Heisenberg. Loin d'être démodés, il sont la source inépuisable de toute réflexion épistémologique.
Les années, les voyages ininterrompus, un labeur acharné et constant, on fait que dans une seconde phase de ma vie j'ai créé une sorte de fondation dédiée à l'apprentissage culturel, aux arts et aux technologies de pointe. Elle était très richement dotée avant d'avoir été honteusement plumée par diverses institutions et d'honorables chefs d'entreprises de renom, ce à quoi il faut ajouter des marchandages fiscaux indignes de notre pays et deux cambriolages et holdups qui m'expédièrent à l'hôpital et la spoliation par un très riche et très vertueux client que j'aidai pendant plus de dix ans à monter son entreprise, aujourd'hui célèbre et prospère. Il profita en commettant de véritables abus de conscience. Par la suite il se repentit mais j'avais perdu "Les Capucins", cette magnifique fondation unique en son genre. J'y avais rassemblé un magnifique Klee sur lin datant de 1914, deux des plus beaux Schwitters, des Legers, Malewitch, un splendide Bösendorfer Impérial, un home cinéma de encore aujourdh'ui, insurpassé, tout ceci dans le monastère fondé par Anne de Bretagne et meublé en un décor contemporain. Les manifestations les plus raffinées et qui restent dans toutes les mémoires des participants (j'y tenais tous les jours table ouverte) plusieurs fois plébiscitées dans la Marche du siècle, ce rêve qui ne demandait qu'à se développer, fut guillotiné net par un riche voulant soutirer son bien à un pauvre, car je n'avais que le Centre pour tout bien, conçu et dédié à un idéal culturel.
Lors des séances des Capucins, j'eus l'immense honneur d'accueillir et d'approfondir mes échanges avec tous les illustres personnages, auquels il faut ajouter Mirò, Tàpiès, Matta, Hartung ou Yves Bonnefois. Marina Fédier, ma soeur se consacrait à Moore, à Soulages à Liechenstein, à Francis Bacon, et aux autres grands peintres et sculpteurs américains.
Toute cette proximité laissa des traces profondes qui influèrent sur les contacts américains qui contribuèrent aux découvertes majeures de la psychologie. J'ai pensé que ces contacts sont infiniment plus vivants et enrichissants qu'un exposé théoriques et qu'il vaudrait mieux évoquer le contexte personnel où ils se déroulaient autour d'un déjeuner amical, ou d'une promenade aux Capucins.
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