Ce billet fait suite au précédent où je donne quelques informations sur L'Isle. Je mentionne également le sommaire de la grotesque plaquette commémorative distribuée à tous les touristes dans les hôtels "de luxe" et en vente à la préfecture. J'annonce aussi mon intention d'en donner quelques extraits pour montrer à mes internautes la bétise en majesté. L'idée, on le sait, provient de deux extraits de l'Entretien, : Invocation à l'Océan, de tonalité prophétique, suivis de deux dédicaces à un Prince voué au cosmos. J'ai ressenti ces jours-ci le besoin de faire diversion en reproduisant l'antithèse de mon poème, qui provient d'une plaquette écrite avec la complicité de ma femme alors qu'on prenait le soleil violent des tropiques. Je suspecte d'ailleurs ce dernier d'avoir été responsable de ce florilège de l'imbecillité, mais il faut aussi savoir en décoder l'information derrière l'information.
A propos de soleil lion et de mancenilliers, voici trois courtes anecdotes authentiques qui vous donneront envie de visiter les tropiques.
Le jour de notre arrivée, se prélassaient sans complexe, un jeune couple en lune de miel, des anglais sans doute, tout blonds, roses et amoureux. Ils ne manquèrent pas une heure de ce délicieux soleil tropical, à peine sensible sous la caresse d'un brise rafraîchissante. Le lendemain, il disparurent. On ne les revit plus.
Le long de la plage des arbres majestueux portent un anneau rouge autour du tronc. Comme tout le monde ne le sait pas, c'est un triple signal de danger. Ces mancenillier ont une sève gorgée de vitriol et si vous vous endormez pendant que la pluie tombe, vous risquez de vous réveiller en sursaut... et défigurés. Heureusement l'anneau rouge est là pour vous mettre en garde (voir guide du parfait touriste, p.16, alinéa 326).
Les mancenilliers arborent de jolies baies d'un rouge cerise. Un jour, des amoureux, émules de ceux que nous avons cité, en on croqué une ou deux. La machoire tétanisée, ils furent transportés d'urgence en hélicoptère à l'Hôpital de Miami Beach,et on ne sait s'ils ont survécu.
Notre ami le sous-prêfet à qui on se plaignait de la laideur des plages du Bakoua et de Fort-de France, nous dit : allez vous baigner dans la plage tout à fait à l'extrémité de l'Isle. Il n'y a jamais personne et l'eau est propre.
Sitôt dit, sitôt fait. L'ocean aux flancs d'argent bruissait et ondulait invitant à la plongée. La profondeur était faible et l'eau turquoise comme celle d'un prospectus de tour opérators. Je nage quelques brasses, délicieux ! Tout à coup ma femme interloquée ne me voit plus! J'ai disparu ! En fait j'ai été happé par un rouleau d'une extraordinaire violence qui m'a roulé, broyé, concassé, sans que rien n'y paraisse à l'extérieur. Au sous-préfêt à qui je contai ma mésaventure, il laissa tomber négligemment : ah oui, la saison nous pourvoit régulièrement de son contingent de jambes cassées et ce côtes félées. Rien de mortel, mais on en a pour quelques semaines d'hôpital. On s'en remet. Je lui répondis que ces explications j'aurais préféré en bénéficier avant pas après!
Hommage à la Martinique
Parodie à double détente
Billet réactualisé le 6 décembre à 9heures
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