Chronique
Les paladins de la grève
La France est assise et attend... de se coucher.
Les paris sont lancés. Ou Nicolas Sarkozy tient bon, et contient la base déchaînée et fermentée par les levains mauvais, et les manoeuvres syndicales comme le travail de destruction systématique de notre pays connaîtra un temps d'arrêt, ou il cédera, et on sera revenus à période insurrectionnelle, et au chantage voilé qui ont submergé la France depuis Mai 68 et qui on fait d'un pays riche, prospère et tranquille, ce qu'on voit aujourd'hui.
Au delà la base peut ne pas être contrôlée par les syndicats (qui ont probablement déjà signé un accord avec le gouvernement, mais ne peuvent l'annoncer de peur des réactions de leur base) ni par les partis socialistes, (notamment sur les étudiants qui peuvent être soit considérés comme une masse marginale, soit comme la chair de la nation -n'avons nous pas tous des enfants?)
Mai 68 a été déclenché par la bombe A étudiante qui a servie d'amorce à la bombe H ouvrière pour enflammer d'un feu factice tout le pays. Miterrand et Mendès-France se voyaient déjà à l'Elysée et à Matignon en toute illégalité. Il suffit de sept minutes pour que le Général de Gaulle ne laisse apparaître le côté fantasmatique de la révolution, qui s'effondra aussitôt devant les premières paroles d'adulte du pater terribilis.
Si une partie de bras de fer s'ouvre entre le président élu des Français et les corporations hostiles à la volonté du peuple et passant outre, il faudra que Nicolas Sarkozy "tienne" un an s'il le faut, comme Tatcher et Reagan de leur côté. On sera enfin purgés pour quelques années des virus médusa qui infestent notre nation, qui dès lors prendra place parmi les pays occidentaux "normaux". Quelques années de répit qui permettront de souffler, de panser les plaies et surinfections du virus medusa, et de commencer prudemment à réhabiliter un tissu gravement délabré. Un objectif bien modeste par rapport aux promesses électorales, mais n'est-ce pas le jeu nécessaire pour gagner les élections? Sinon, la chute se poursuivra sans contrôle et consommera le statut de pays sous-développé de ce qui n'est encore qu'en voie de sous-développement. Le résultat : des mouvements de trashumance, exode des riches et des compétents, des entrepreneurs et des travailleurs, envahissement du territoire par des populations sous-formées, souvent haineuses, inintégrables et semant, protégées par la chape de plomb médusa, la perturbation par voie directe (manifestations violentes, criminalité) ou indirecte : poids sur le système de chômage et de santé.
Pour l'instant, nous avons toute chance de contempler le noble visage des valeureux défenseurs de la liberté, contre ce que Marianne désigne comme une tyrannie insupportable, une dictature ignoble, une domination des nantis, des riches et des bourgeois, pilleurs de ressources et s'en mettant plein les poches, contre les combattants de la justice sociale? les paladins de la paix. essayez de les imaginer au pouvoir ! De vous figurer de quelle justice nous bénéficierons, et l'apport créatif aux valeurs matérielles sociales et spirituelles d'un ordre juste, qui en découlera.
Commentaires