Le texte authentique
Les sanglots longs
des violons
de l'automne
blessent mon coeur - - - - - - - - - - - - - - - - ► au lieu de bercent mon coeur
d'une langueur monotone.
Tout suffoquant
et blême, quand
sonne l'heure;
je me souviens
des jours anciens
et je pleure
L'origine du mal perçu
L'association blessent - langueur est un oxymoron. Le terme langueur monotone suggère un lent balancement un peu hypnotique, celui qui mène au sommeil. Il est donc congruent avec le bercement évoqué par bercent. C'est une redondance équivalente d'une bonne forme dans un texte. Elle est donc privilégiée.
En revanche le terme blessent contredit "langueur monotone". Mais c'est précisément cette improbabilité qui accroît la valeur informationnelle du texte. Par ailleurs elle est loin d'être arbitraire. En effet le verbe blesser se rapporte , non à la langueur monotone, mais à sanglots, qui dénotent une douleur aigüe bien en accord avec une blessure.
En déformant le message initial on tombe sur une incohérence : on ne comprend pas comment le poète bercé par une langueur monotone, soit blême et suffocant. En revanche la blessure causée par les sanglots prolongés du vent et de la pluie, explique la suffocation et la pâleur du poète.
De tels détails se trouvent souvent dans l'interprétation musicale, et les déformations de rythmes jugés pa les classiques. Mozart est particulièrement affecté par ces réinterprétations lénifiantes sous prétexte de bon ton et de goût mozartien. L'analyse de la sonate N°8 en la mineur, montre au contraire que l'oeuvre est riche en dissonnances, véritables oxymorons musicaux, et des décalages rythmiques analogues à "et blême quand/".
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