Catastrophes
L'expression catastrophe dans la théorie éponyme n'est pas nécessairement liée à des événements terrifiants ni même négatifs. Elle est cependant associée à juste titre à des manifestations d'angoisse, de stupeur, de désorientation, et souvent de remise en cause. Au sens de Thom, une catastrophe est une discontinuité dans le déroulement d'un processus, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase, ou encore un changement brutal de paradigme. Dans le billet de Marina Fédier qui précède ce journal, elle parle du basculement soudain d'un paquet d'ondes à des particules minuscules, ou encore elle pose la terrifiante enigme du passage de la physique normale à la fnatasmagorie quantique. Ce sont des catastrophes. Un Hai-ku japonais exprime mieux qu'une longue dissertation le caractère traumatisant d'une catastrophe :
Semailles et moissons
Le nuage qui ne bougeait jamais
n'est plus
Alors qu'une sécheresse jamais vue frappe les moissons et les semailles, que Vienne, Autriche connaît des pics inédits de chaleur alors que Berne est sous les eaux, cette citation est tout à fait à propos. Nous continuons à semer, à moissonner comme si le nuage qui ne bougeait jamais devait continuer à délivrer son ondée bienfaisante. Le mot "jamais", l'usage de l'imparfait, et le présent implacable qui conclut le haï-ku forment des oxymorons éloquents.
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