L'homme qui parle
L'interview du Président Sarkozy
On s'y attendait tous... ou du moins le beau monde parisien. Il a tellement parlé, que le Poivre d'Arvor se tenait coi, et la mère Chabot, plus pincée que jamais dut ravaler son poison, sous l'accusation de pratiquer la "pensée unique". Pour excuser les défavorisés, qui poussés par une compréhensible indignation, non exempte de bavures (on ne fait pas d'omelette sans casser de oeufs), ont massacré quelques policiers, symboles d'un état répressif, la Chabot a tenté de les accrocher derrière la locomotive vertueuse des pauvres chômeurs et de leur juste combat. Et voici que le Président s'obstine à faire la différence entre la majorité des chômeurs : des honnêtes gens (qu'en sait-il au juste?) et les voyous et assassins (a-t-il scruté leur âme à la loupe de Derrida-Guattari?). Il s'est montré ainsi, contrairement à Ségolène Royal, grande rassembleuse consensuelle, comme un diviseur des français, un répressif, un dictateur.
Par dessus le marché, il parle un langage que tout le peuple comprend mais qui agace légitimement l'élite parisienne et politique. Depuis quand l'habitant de l'Elysée, dit-il ce que tous pensent et ce que les autres taisent?
On lui reproche tout, mais surtout, de parler. Mitterrand était un sphynx mystérieux, le Général laissait tomber des oracles, Chirac grimaçait des lieux communs, point zéro de la parole. Sarkozy énonce son crédo diviseur : la séparation entre ceux qui veulent s'en sortir et ceux qui vivent aux crochets de la communauté en la vandalisant, et il aime les premiers, ceux qui travaillent. Il estime que la police n'est pas un club sportif et qu'elle doit garder une réserve par rapport à la population. Sarkozy aime les militaires, ça se sent, ça se voit, il rêve d'une dictature dépressive.
Et puis il prétend accroître le pouvoir d'achat d'une manière tout à fait politiquement incorrecte. Il prend de front les gens de bien, généreux, pour qui il suffit de casser la tirelire, de payer mieux les gens sans leur extorquer des heures supplémentaires. Grâce à ces cadeaux gratuits pour tous, en se gardant bien de mieux payer ceux qui travaillent plus (ce qui est une pénalisation qui profite aux riches et divise la France des paresseux et celle des travailleurs), tout ce pactole va profiter à la communauté : ventes de téléviseurs, de plasmas, de jeux video, de jeux récréatifs, de nikes amusants et autres gadgets made in China ou Taiwan. On fera ainsi progresser les commerçants asiatiques, et leurs importateurs. C'est un système équivalent qui avait été mis en place par le Président Mitterrand, ce qui avait abouti à la fermeture des frontières françaises, et amorcé le premier exode des mal aimés de François Hollande et de Faustine, vers l'étranger. La plus importante transhumance après l'Edit de Nantes.
Nicolas Sarkozy, lui, pense à l'envers. Il croit qu'avant de dépenser, il faut gagner de l'argent, apporter des richesses à la communauté. On dépense après, ce qu'on a produit. Toujours la même obsession : le travail est saint, les employeurs sont des bienfaiteurs du pays... On les enrichit de telle sorte qu'il n'osent même pas réclamer le fameur paquet fiscal. Les socialistes, disent que c'est la preuve qu'ils sont tous des fraudeurs. Ils ne pensent pas un instant, qu'un contrôle fiscal est souvent plus pénalisant pour une entreprise que les sommes réclamées et que les contrôleurs sont tenus à rapporter un tableau de chasse. On n'est pas en Angleterre ici, mais au pays de Marat et de Hollande.
Nicolas Sarkozy a hérité d'une situation désatreuse, forgée par des décennies de lâchetés idéologiques. Elle a encore empiré, par les grèves illégales et les actes de violence de ceux qui veuleent détrure la nation, pour ensuite lui reprocher de manquer ses buts. On lui demande en quelques mois de rectifier les anomalies marxistes-léninistes, et d'apprendre le réalisme de notre siècle à des gens qui sont maintenu dans le culte de la Révolution Française et des saints avantages Zaki.
Il a dit qu'il le ferait. Il ne l'a pas fait. Il simplement parlé. Il eût dû par sa simple présence, par le choix de valeureuses équipes opérationnelles, en quelques mois retransformer le pays en une nation moderne et compétitive, tirer un trait sur les idéologies mortifères, transformer une masse de paresseux et d'incapables en des travailleurs zélés et compétents, intégrer les gens qui ne connaissent ni notre langue, ni nos coutumes, qu'il haïssent par ailleurs, en de bons français infusant la richesse de leurs diversité (tchadiens, congolais, algériens) pour la prospérité de notre pays, conformément au voue de métissage formulé par qui vous savez (et qu'il af ait oublier depuis). Voilà ce qu'on attendait de lui : l'homme qui agit, pas l'homme qui parle.
Vous me direz qu'il faudrait que la France fût autre qu'elle n'est, et que seul un miracle peut permettre une transformation aussi radicale et rapide, avec, à ses basques, des idéologues et des médias harcelants, des chiens enragés accusant tout le monde de leur rage. Oui seul un miracle pouvait permettre un tel prodige : la transmutation de la parole en acte. Jésus l'a accomplie, comme Moïse et Muhammad. Mitterrand a réalisé egalement ce tour de force, à ruiner le pays en un temps record par sa seule Parole. Mais c'est qu'il était un peu chaman : souvenons-nous comment par miracle une rose apparut dans son poing à sa sortie du Panthéon. Sarkozy n'est pas un Chaman. Il n'est pas Jésus, ni Moïse, ni Muhhamad. Il n'est que lui-même. Il nous reste à attendre que les choses qui doivent arriver arrivent, et que le verbe présidentiel se transforme en actes concrêts et décisifs par le miracle du prophète.
Commentaires