CHRONIQUE
PREMIERS PAS
Dans un de mes précédents billets je vous ai raconté qu'Emmanuel Dyan avait rompu tout contact parce qu'il estimait qu'il ne trouvait plus d'intérêt à nos échanges. Il estimait que je réservais mes qualités de pédagogues aux riches et que je négligeais les besogneux. Plutôt qu'argumenter je préférai lui demander ce qu'il voulait que je lui enseigne. - L'organisation pour accroître l'efficacité de mon business en Inde, répondit-il. - Je suis professeur d'organisation c'est vrai, mais seulement pour de grands groupes particulièrement complexes. La PME n'a rien à tirer de moi. Ce n'est pas ma spécialité. Et d'ailleurs je n'ai jamais parlé de leur organisation aux puissants qui m'offrent leur amitié. Ils prendraient cela comme une intrusion. - Alors je voudrais que vous m'expliquiez comment progresser dans ma compréhension de l'Art. Avant vous me jouiez du piano en m'expliquant ce que vous faisiez et c'était passionnant. - Vous vous interessiez à Léonard de Vinci et je vous ai procuré quelques livres passionnants. Quant à la musique, vous en Inde, moi à Paris, comment voulez-vous que je puisse échangr avec vous? - Comment faites-vous avec vos riches? - Je ne fais pas. Ils ne s'intéressent pas à autre chose qu'à leurs affaires ou leur développement personnel. Je ne leur enseigne rien. - Alors pourquoi ils vous voient? - Parce qu'ils ne sont pas comme vous. Il n'y a aucune relation interessée entre nous. Seulement beaucoup d'amour et de fidélité? Cela compte.
Mais, poursuivis-je, eu égard au fait que vous avez créé mon blog avec beaucoup de talent, et que vous m'êtes utile, je vais essayer de vous guider dans le dédale infiniment subtil de la musique classique.
Ce billet a pour but de décrire les premiers pas qui vont amorcer un parcours ambitieux et qui peut demander une vie d'efforts constants. Je procède - nous procèderons - par tatonnements successifs dans l'espoir de découvrir le chemin fécond.
LA SONATE PATHÉTIQUE
Le premier principe à mettre en pratique est ,me semble-t-il, de partir du connu pour s'aventurer vers l'inconnu. Il est bien plus difficile à mettre en oeuvre qu'il ne paraît car ce connu qui sert de fodation et d'amorce au processus de connaissance, est différent d'un débutant à l'autre. Pour l'un c'est Clair de Lune de Debussy, pour l'autre la Sonate au Clair de Lune de Beethoven. Et que faire lorsqu'il n'y a pas de point d'ancrage, comme chez Emmanuel Dyan? Cela montre l'inanité des méthodes collectives normalisées. Dans ce cas, je prends la Huitième Sonate de Beethoven, Op.13, la première des plus populaires affublées d'un titre (Au Clair de Lune, la Tempête, la Pastorale, L'Aurore, Les adieux, l'absence et le retour, La Hammerklavier, La Sonate-Testament)
Mon ami Pierre M***, un bon vivant, peintre figuratif et fort amateur de musique affirma péremptoirement que si le premier mouvement de la sonate était assez intéressant, voire impressionnant, le reste était sans intérêt. Son ami, musicien professionnel de profession, homosexuel de condition, Genevois de nationalité, opina. Le dernier mouvement notamment était mauvais car le refrain était insuffisamment varié, ce qui dénotait un manque d'imagination.
C'est pour avoir proféré cette sorte de jugement que je rompis jadis avec Julius Katchen, pourtant d'une autre stature que mon musicastre genevois. Comment un petit musicien obscur peut-il se permettre de donner des leçons au grand Beethoven. Pense-t-il sérieusement qu'il n'était pas capable de contrôler le plan de son troisième mouvement, dont la beauté est éclatante et les parties secondaires d'une polyphonie accomplie? N'a-t-il pas d'oreilles pour apprécier la beauté qui ravit tout amateur débutant? Mais l'indignation m'égare. Relatons notre premier dialogue.
- Avez-vous les disques de la pathétique?
- Oui.
- Joué par qui?
- par Backhaus puisque, comme vous le conseillez, j'ai acheté tout le coffret de sonates.
- Avez-vous écouté la Pahétique?
- Oui. Une fois.
- Quelle impression ça vous a fait.
- Je ne comprends rien au premier mouvement.
- Vous allez l'écouter maintenant deux fois de suite, puis vous me téléphonerez.
...
- C'est fait.
- Est-ce que la seconde fois vous avez entendu la même chose?
- Non. La seconde fois c'était mieux. J'entendais quelques mélodies.
- Bien. Vous allez me suivre. Au début, vous souvenez-vous d'une introduction lente et solenelle, comme improvisée.
- Oui.
- Après cette introduction qui prépare le début, vous avez un morceau qui es répété deux fois.
- Oui, j'ai remarqué la répétition.
- Ecoutez cette section répétée deux fois, puis rappelez-moi/
...
- OK.
- Vous remarquerez que deux thèmes surnagent dans la bouillie musicale. Le premier, appelé thème principal est orageux. Le second est au contraire joueur. C'est le thème auxiliaires. Pour finir vient une variante du thème proncipal. C'est la coda, la queue du mouvement. Après quoi tout recommence comme avant ; Th. principal, Th. Secondaire, Coda. Ecoutez de nouveau ce passage puis rappelez-moi.
...
- OK. J'ai bien entendu les deux mélodies.
-Pourquoi sont-elles répétées deux fois. Est-ce parce que Beethoven manquait d'imagination?
- ...
- C'est tout simplement pour que l'auditeur puisse se familiariser avec les thèmes du premier fragment, nommé exposition. Demain, vous me téléphonerez et vous l'entendrez encore deux fois auparavant.
DU BLOG NOTES
TRANSBAHUTAGES
En principe tout est en ordre pour mon voyage en Russie et le jet vient me prendre au Bourget le 26. Mais d'ici là, que d'inconnues.
J'ai dû quitter le Château hier après midi, chassé par un mariage suisse. J'ai émigré au Grand Hôtel, un vrai hôtel avec de vraies chambres, un vrai air conditionné et une vraie Wi Fi qui me permet, pour la première fois de vous adresser mes billets sans complexes. Un seul problème : la cuisine est infecte et on n'ose rien manger de peur de s'empoisonner. Le jus d'orange est un cocktail de tropicana au rabais, les croissants sont luisants de graisse, et même les céréales sont de qualité inférieure à ce que vous trouvez dans un Carrefour. Je profite de mon séjour pour vous adresser ce billet. Au château non seulement les cartes d'accès à l'internet ne marchent pas, mais on vient de me les compter pour plus de quatre vingt euros !
De toute manière, je n'ai pas le choix. Je dois quitter ma chambre au Grand Hôtel, chassé par un mariage belge et je dois regagner le Château.
Bien que situé deux cent mètres plus haut il y fait nettement plus chaud. C'est que le Grand Hôtel est bâti sur des sources thermales qui rafraîchissent tout le parc et que vous voyez effleurer ça et là.
PRISONS
Le Président de la République estime qu'ils sont une honte pour notre pays. Pourtant les statistiques sont édulcorées. C'est ainsi qu'on ne comptabilise que ceux par pendaison en passant sous silence l'absorbtion de drogues, de médicaments et autres poisons. Et on ose s'indigner pour Guantanamo. Chez nous c'est pire, bien pire. En effet ce qui est particulièrement odieux, est la faculté d'un petit juge de faire incarcérer sa victime, sans prendre la peine de l'écouter (les avocats commis d'office font plus de mal que de bien). Il y a autre chose propre à notre pays d'égalité, de liberté et de fraternité. Une infraction au code de la route commise par un récidiviste, lui vaut d'être traîté comme le plus sanglant des criminels, égalité oblige. Tous dans un même sac !
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