CHRONIQUE
In extremis
Ce billet était au début un addenda purement formel destiné à protéger les billets précédents, car c'est dans les billets en cours que surviennent les désastres tels que : la page a expiré.
Mais en définitive des évènements indépendants de ma volonté m'ont obligé à différer d'un jour mon départ pour Deauville. Je ne parviens pas à prendre des vacances, comme tant d'autres, bien que je jouisse d'un temps disponible important.C'est dû à mes rendez-vous rares et sporadiques, mais incontournables, qui m'obligent à saucissonner mon temps libre, par ailleurs confortable.
Pour me consoler je suis allé ce matin, armé de mon coolpix, photographier cette rue Visconti, si mystérieuse. Lorsque j'avais encore mon encéphalite et mon amnésie, je la découvris, et, inexplicablement j'éclatai en sanglots. Les larmes succédaient aux larmes, pour employer l'expression de la dédicace de Faust.Cette rue devait être chargée.
Ces murs, témoins d'évènements cruels ou poétiques, aimants ou terrifiants m'envoyaient des messages qui pénétraient dans mon cerveau malade, sans barrières, sans défense contre ces fantômes de l'au delà. La rue Visconti était propice à ce genre de phénomène, car elle était parmi les rares voies sans passants et sans voitures, sans boutiques (à l'exception de mes marchands tout au bout de la rue, débouchant sur la rue de Seine, sur la vie, sur l'animation joyeuse des antiquaires. et des petits bistrots.
Par un curieux hasard, la galerie Mingei, le Toit du Monde (chamanisme népolais) et Ferrandin (Art nègre et fétiches habités) sont tous massés à l'extrémité de la petite rue.
Voir le portfolio Visconti dans le corps du blog.
Visite au Mont Athos
Est-il besoin de le dire ? C'est "un must". Bien qu'il y ait foule, l'exposition est d'une très haute tenue et on ne sait pas trop ce qu'il faut admirer, des icones, des tissus d'apparat cousus d'or, de l'orfêvrerie, et des magnifiques manuscrits dans un état superbe et leur reliure originale revëtue de brocard ou en argent.
En priant les détenteurs des droits leur indulgence pour ce petit blog pédagogique, et en les assurant du retrait immédiat des reproductions de manuscrits, je me hasarde à vous montrer les deux plus précieux codex datant de 1340 - 1341, pour l'Evangile, de 1344 pour le psautier. Ils sont tous deux l'oeuvre d'un célèbre copiste Chariton du monastère de Ton Hodegon. Les ors des miniatures et du premier feuillet du frontispice et des initiales, sont tracées à l'encre d'or (et non en lettres d'or en relief du manuscrit de Padoue, à peu près contemporain.
Evangéliaire, couverture renforcée par un luxueux revëtement metallique. Monastère de Vatopédi.
Psautier, monastère d'Iviron. Fond et initiales du premier feuillet en encre d'or.
On peut comparer ces livres somptueux à une autre qui ne l'est pas moins, le livres d'heures enluminé par Ramo de Ramedellis, le maître de lat.364 dans la BNF écrit en feuilles d'or (et non en encre d'or) d'un bout à l'autre. Padoue env. 1380. Heribert Tenscher. L'époque est donc à peu-près la même.
En revanche le psaultier anglo-saxon de Tenscher est bien antérieur. (vers 1190 à 1200). D'où son intérêt en tant qu'un des premiers manuscrits de style byzantin à être doté d'une expression individualisée.
En revenant à l'origine du Mont Athos, un magnifique manuscrit du XIIème siècle (ca. 1100) a été vendu au Metropolitan Museum sitôt proposé à la vente, par le marchand de Hambourg , le Dr. Jörn Günther, l'année dernière.
La couverture du catalogue du Dr.Jörn Günther.
Couverture du très beau catalogue de l'exposition du Mont Athos. au Petit Palais. Détail.
Le NOM DE LA ROSE
C'est le titre d'un ouvrage célêbre de Umberto Eco. Il laisse sous-entendre : "des roses fanées, il ne reste que le nom". Jean-Jacques Annaud en a tiré un film-culte, avec Sean Connery dans le rôle de Guillaume de Baskerville qui incarne la tolérance face au despotisme papal incarné par l'inquisiteur Guy, (F. Murray Abraham). Je viens de voir le passionnant bonus qui montre l'esprit qui a présidé la transposition du livre de Eco, sceptique. Annaud y a transfusé l'amour, la passion, et a tenté de faire une production européenne, très coûteuse certes, mais intelligente et aussi éloignée que possible des supernavets américains. Cela a été possible grâce à la coopération de grands historiens et spécialistes des décors. Tout a été minutieusement étudié de façon à se conformer à la lettre et à l'esprit du moyen âge. On a misé sur le fait que le public sent l'authenticité et qu'il marche alors. Pari courageux et réussi. Ce DVD si vous ne l'avez pas, il faut l'acheter, et le mettre dans votre discothèque imaginaire.
Par ailleurs des liens tenus relient les différents thèmes de mes récents billets. Le monastère perché sur une colline et vivant en autarcie, véritable ville monastique, ressemble tout à fait au monastère du Mont Athos. L'histoire, policière comme la Neuvième Porte tourne autour de la possession d'un livre introuvable. Comme dans le film de Reverte-Polanski, on tue pour en posséder un exemplaire, et la recherche est jalonnée par des morts conformes à un texte. Dans aucun de ces films on ne trouve la sentimentalité pseudo chretienne sucrée qui m'agace tellement dans le vulgaire Code Vinci. Le public ne s'y est pas trompé. Tant qu'à faire, dans le genre du thriller religieux, il vaut mieux lire Génesis qui est une vraie réussite, bien que non crédible et dépourvue de toute ambigüité. Du bon roman de kiosque de gare.
Bruno Lussato, le 4 mai 2009, 1h13.
Je m'en vais au lit, progresser un peu dans ma lecture de l'Oiseau Peint de Kosinski, et je vous dis : bonne nuit, et profitez de la vie, on ne sait ce que le lendemain nous réserve !
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