CHRONIQUE
CADEAUX
J'en ai reçu de toute forme et de tout format, mais celui qui m'a le plus touché, fut le mot que m'adressa Claude Mediavilla.
Ci-dessous, vous pouvez admirer la finesse et la précision des lettres qui ont dû être calligraphiée avec une plume de corbeau.
Cadeau à l'or fin.
Ci-dessous, un de mes plus chers amis s'est appliqué. Le résultat n'est pas le même , mais le coeur y est.
J'ai eu le plaisir et l'honneur de faire la connaissance de Heribert Tenschert au sujet duquel Mediavilla ne tarit pas d'éloges. Il s'agit tout simplement du marchand le plus important du monde, spécialisé dans les manuscrits à peintures, et qui en possede plus de dux cent dans sa maison de Bibermühle, sur les bords du Rhin, là où il est encore propre. Et quelles peintures ! Ses catalogues, d'énormes livres très documentés sont une source inépuisable d'information et permettent de se faire une idée de ce qui lui est passé entre les mains. On a fait connaissance par le blog, et il m'a apporté spécialement des chefs-d'oeuvre qu'il ne montre qu'à quelques élus. Parmi ceux-ci ce sont les grands collectionneurs qui ont sa faveur, et il ne tient pas à en avoir davantage pour éviter les rivalités.
Il n'aime pas beaucoup - comme moi - les conservateurs de musée qui sont extrêmement longs à décider et il préfère édifier de grandes collections qui un jour seront léguées à une fondation. Ma démarche l'a donc beaucoup interessé et il m'a fait l'honneur d'apprecier au plus au point les quelques volumes de l'Entretien que je lui ai montrés. Je crois même qiu cela a été une surprise pour lui.
De mon côté, j'ai été émerveillé, certes par l'ensemble des manuscrits qu'il a apportés chez Bresset, mais surtout trois qui avaient quelque chose de miraculeux, ceux qu'il avait apportés tout spécialement pour me les montrer.
Le premier est un psautier saxon, vers 1190-1200. Il serait de style purement byzantin, n'eût été l'extrême expressivité des visages. Comme tous les manuscrits de Tenschert, celui-ci est dans un état extrême de fraicheur, comme s'il venait d'être peint. Je signalerai aussi que je n'ai jamais vu de reliure de l'époque à l'état de neuf, avec leurs fermoir et leur cuir repoussé; celle de ce manuscrit est du XVIe siècle, donc relativement récente.
Le second chef d'oeuvre est une Biblia Sacra, de 1250-1260 environ, soit cent ans avant celle qui s'est vendue à Drouot la semaine dernière pour 1,8 millions et qui est un petit in-folio. Celle-ci est d'une grande finesse, et d'un format double. Sa rliure hélas n'est pas d'origine, mais elle est d'un état de préservation remarquable. Mais j'ai déjà vu des manuscrits qui lui ressemblement dans les grands livres d'art. Ce qui n'est pas le cas du manuscrit suivant.
Celui-ci est provient de Padoue, 1305-1308. Une partie est influencée par les fresques de la Chapelle Arena, de Giotto, l'autre moitié des miniatures ne porte aucune trace de cette influence.
Le dernier exemplaire miraculeux, date de Padoue environ 1380. C'est un livre d'heures sur peau de vélin avec 14 miniatures d'un certain Ramo de Ramedellis. Il est écrit en lettres d'or à la coquille d'un bout à l'autre. Un travail inhumain!
Tenschert me dit que la dernière bible de Gutenberg a été vendue et hors de portée des mains privées, ce que conteste C***. Il me montre cependant une merveilleuse Bible de 48 lignes imprimée sur peau de vélin, datée du 14 août 1462 et complète (évidemment) en 481 feuillets.
Tenscher approuve l'achat des Grolier qui vient du collectionneur le plus important du siècle : Otto Schäffer, et à qui il a acheté plusieurs manuscrits exceptionnels. Il me félicite pour la Divine Comédie, dont j'ai le seul exemplaire complet en mains privées.
Ce matin je retourne le voir pour mieux examiner les exemplaires miraculeux ! Au contact de Tenschert, j'ai affiné mon concept des ii (indicateur d'insubstituabilité). Tous ont pris l'habitude d'utiliser un à plusieurs i.
i : objet très rare, dont il faudra des décennies pour en retrouver un équivalent : exemple, un groupe de trois Grolier (cinquante ans).
ii : objet unique et n'existant plus que dans les musées. (ex. un parisii classique)
iii : objet unique dont les musées ne possèdent que des versions médiocres. Ex : la monnaie d'Hadrien ou incomplète. Ex ; La divine Comédie de la seconde fondation.
iiii : objet unique, absent des musées. S'il vient à être détruit, c'est comme s'il n'avait jamais existé.
Il ne faut pas confondre les i avec l'indice de rareté R. Pour mériter un i, il faut que la pièce soit d'une importance majeure, dans la meilleure qualité existante, et être seule de sa série ou unique dans cette série. Par exemple la classe 2 des Parisii est supérieure à la classe 5, une chouette d'Athenes archaïque à une classique etc. La chouette en or, ii, est seule de son espèce. Rien de comparable ne peut lui être substituée.
Les indices i, indiquent le degré de vulnérabilité à la récession et aux crises. Lorsque le marché se porte mal, les pièces i ne baissent pas de prix. Elles disparaissent purement et simplement et ne sortent que lorsqu'il est au plus haut, ce qui est le cas aujourd'hui pour les oeuvres d'art.
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