Décodage des médias
Monday, 24 September 2007
Chronique
La controverse Del Valle, "Poil à gratter"
J'ai été surpris et heureux de constater que dans cet échange difficile à arbitrer, les convictions de chacun ont évolué.
Le sujet est connu, on le décline en deux temps:
1. Faut-il effectuer un travail de mémoire et exprimer la repentance, ou au contraire tourner la page afin de se tourner vers l'avenir, et libérer des sentiments récurrents de haine et de méfiance ?
2. La shoah occupe-t-elle une place à part dans les génocides et les horreurs, dont le XXe siècle européen nous a gratifié, ou au contraire s'agit-il d'une surestimation des dommages subis pas les juifs?
Voici une réponse qui me parait acceptable:
a) on ne peut remonter au déluge et d'exiger un pardon des juifs pour la crucifixion de Jesus, leur rabbin le plus populaire, pas plus que leur demander de nous pardonner pour les progroms. Ainsi on n'en finit plus d'accabler les paras français pendant la guerre d'Algérie, Napoléon pour sa complicité dans la colonisation, et d'exalter le courage des communistes pendant la résistance.
b) En revanche, on ne peut tourner la page avant que le travail de deuil ait fait son effet. Il a été accompli pour la shoah, en France par Chirac, au Vatican par Jean-Paul II.
Or ce travail de deuil, cette liquidation du passé par la reconnaissance honnête des crimes commis, n'a pas été accomplie pour le léninisme et le stalinisme, le maoïsme, le génocide turc, les liquidations par le Che de suspects. Aucun procès d'ensemble non plus pour les bourreaux du FNL aujourd'hui au pouvoir, pour les atrocités de la Révolution sous prétexte qu'elle a accouché des droits de l'homme.
c) Il est vrai que la shoah est un crime collectif spécifique par son accomplissement officiel, sans fard ni alibi, ce qui est le cas des autres génotypes. Mais les déportations, d'ethnies, suivies du dépérissement volontaire par une famine organisée, en Russie, ne sont-elles pas comparables à la solution finale des nazis, à cela près qu'un alibi a couvert le génocide?
Je raconterai à ce propos une anecdote rigoureusement authentique..
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Thursday, 20 September 2007
Journal d'automne
Ce billet fait partie des hors blogs. Sa lecture est tout à fait déconseillée à la majorité des internautes car elle fait allusion aux états d'âme de Bruno Lussato, qui n'interessent personne. Elle n'est réservée qu'à ceux qui recherchent une empathie avec le blogueur, communication personnelle qui peut projeter du sens sur la genèse de L'Entretien. Pour y accéder il faut cliquer sur ►♦♦♦
L'homme le plus puissant de France
D'après la couverture du Point de cette semaine, c'est Claude Guéant. Mais à l'intérieur, en tête de l'article on ajoute "après Sarkozy". Qu'est-ce qui a poussé le rédacteur à faire une pareille bourde? La réponse serait instructive : accrochage marketing, flagornerie, ou malveillance?
A gauche, Guéant est premier ministre bis. (Juin 2007) . A droite, le voici l'homme le plus puissant de France ( 20 septembre 2007). Une promotion !
Une de mes relations citait avec complaisance les critiques d'une amie contre Claude Guéant, décrit comme dur, autoritaire, sectaire, désagrable, exerçant une influence détestable pour ne pas dire pire. Comme je manifestais mon incompréhension, cette relation m'apprit que l'avis de cette amie bien renseignée était irréfutable : elle avait vu deux ou trois fois le Secrétaire Général en comité restreint et surtout, elle était sortie major de l'ENA à l'age de ... je ne m'en souviens plus mais elle était sans doute très jeune. Major de l'ENA... Tout s'expliquait ! No comment.
Il se trouve que j'ai recueilli depuis plus de vingt ans des jugements innombrables de personnalités aussi différentes que possible par les convictions, l'âge, la condition, l'origine, et partout l'ancien directeur de la police nationale fut décrit comme le type même du grand serviteur de l'état, d'une probité et d'une intégrité exemplaire, d'un jugement très sûr et d'une capacité d'écoute peu commune. C'est le seul homme ayant touché à la politique que je considère sans suspicion. Le portrait qu'en fait Le Point est remarquablement fidèle. Certes il ne contient pas la moindre critique, mais ce n'est pas par complaisance, mais parce qu'à ma connaissance je n'en ai jamais entendu une seule depuis des décennies. S'il n'existait pas, Claude Guéant, il eût fallu l'inventer, ne serait-ce que pour donner l'exemple, et en particulier à la petite prétentieuse géniale et suffisante par définition.
Il reste que la couverture est désastreuse. Tout d'abord parce qu'elle est volontairement mensongère. Guéant est un fidèle compagnon et complice de Sarkozy, en aucun cas son autorité n'empiète sur le pouvoir réel, celui du président. Ensuite parce qu'elle ne peut que nuire à celui qui a reçu ce cadeau empoisonné. On l'affuble d'une soif de pouvoir, d'une sorte d'auréole à la Fouché, qu'il ne peut que désavouer, en vain, car il n'est pas de fumée sans feu, et on l'accusera d'avoir inspiré cet article. De surcroît la photo, posée, avec un sourire qui n'est pas le sien et un rideau qui évoque les daguerréotypes de portraits les plus conventionnels. La photo de Challenge était plus naturelle, mais aucune ne correspond à ce mélange de gentillesse, de sérieux, d'humour dissimulé, et d'écoute de l'autre, qui frappe lorqu'on le connaît.
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Tuesday, 18 September 2007
La désinformation du point de vue de la guerre des représentations
Cher professeur,
J'ai beaucoup aimé votre dernier texte ainsi que celui de Marina Fédier. Et après avir relu votre théorie de la désinformation contenue entre autres dans VIRUS, je vous propose ce billet.
La Guerre des Représentations
Les représentations géopolitiques sont des perceptions collectives (politiques, religieuses ou autres) déployées pour mobiliser les groupes antagonistes. Leur but est :
- d'émouvoir; - de légitimer son camp; justifier sa violence, sa cause;
- et de délégitimer l’Autre, le diaboliser, discréditer sa cause
Les plus mortelles sont les représentations identitaires, (« conflits d’antériorité »). Faisant appel aux mythes essentiels, aux religions, à l’Histoire fondatrice, aux intérêts nationaux vitaux, les représentations géopolitiques ou politiques sont de véritables armes de destruction de masse représentatives (ADMR) .
La guerre des représentations à proprement parler, ou guerre non militaire, mentale, représentative, visant à gagner la paix, inhiber l’ennemi, discréditer l’adversaire pour mieux remporter le combat, s’attaque:
- aux valeurs fondamentales, au cœur du système de légitimité de l’Ennemi, de l’Adversaire ou du concurrent économique majeur, donc au moral et à la Légitimité des troupes adverses.
- au noyau dur immunitaire de l’Autre, dans le but de lui faire « perdre le nord », de brouiller, voire de renverser ses repères.
Comment ? En détruisant les capacités de défense de l’Adversaire, en retournant contre lui ses Valeurs et sa Mémoire, en imposant des « cartes mentales » (langage, cartes, images) diabolisantes, culpabilisatrices, délégitimantes. Bref, en innoculant un virus neuro-linguistique, psychologique, idéologique, métaphorique ou affectif disqualifiant et démoralisant (Mucchieli).
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Sunday, 2 September 2007
Syllogisme hollandais
Monsieur François Hollande fait une déclaration, ce soir, au journal télévisé, qui doit ravir tous les amateurs de pièges sémantiques.
Il nous annonce sur un ton responsable et sérieux, qu'il faut relever la France, la rendre compétitive et favoriser les entrepreneurs. Il pense que c'est le point de vue de Monsieur Nicolas Sarkozy, mais que lui, ne sait pas s'y prendre. Il veut favoriser les riches, rétablir la méritocratie à l'école et à l'université pour les rendre à peu prés décentes dans le concert des nations développées.
Monsieur François Hollande, n'aime pas les riches. Ce qu'il appelle riches, sont ceux qui gagnent autant que lui ou plus encore, y compris les affreux spéculateurs et les parachutistes parachutés comme l'ex président de Vinci. Il estime que Nicolas Sarkozy ne doit pas les favoriser, bien au contraire, il faut les taxer plus durement.
Le problème, est que la plupart des entrepreneurs sont riches selon Monsieur Hollande. Et qu'ils peuvent voter avec leurs pieds et quitter la France. Et puis, afin de rendre la France compétitive Monsieur Hollande propose de travailler moins que nos concurrents, de supprimer la méritocratie inégalitaire et payer davantage les pauvres pour qu'ils deviennent presque riches.
La solution est claire. Pour relever la France et la rendre compétitive, tout en respectant les valeurs du premier représentant d'une opposition vigilante et constructive, y a qu'à :
1. choisir des entrepreneurs qui ne soient pas riches, et autant que possible qui ne soient pas payés davantage que leurs employés.
2. Que les employés en arrêt maladie prolongé pour cause intéterminée soient payés comme les entrepreneurs afin de mettre fin à l'odieuse ségrégation qui divise notre pays.
3. Que les universités, les écoles, les établissements de recherche soient tous arrosés de manière égalitaire par la manne publique. Contrairement au principe inégalitaire pour riches, prôné par Monsieur Sarkozy, les derniers doivent être les premiers, les mauvais élèves doivent traîner les profs qui les morigènent ou veulent les mettre dehors, devant les tribunaux, les voleurs doivent être dotés d'un travail bien rémunéré qui les dispensent d'en arriver à des extrémités criminelles. Ainsi la France deviendra-t-elle juste, prospère, compétitive, et avec de telles pesures, rétablira la confiance et la motivation des entrepreneurs. Alleluia!
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