Thursday, 5 March 2009
CHRONIQUE
Mingei
Il s'agit, on s'en souvient (voir mon précédent billet) de l'art populaire japonais par opposition à l'art de cour précieux et raffiné réservé aux aristocrates et aux hommes puissants ou cultivés. Le Mingei a été l'année dernière, en France, à l'honneur dans plusieurs expositions, dont la plus importante et la première, fut consacrée à la collection Montgomery, la plus importante du monde après le Japon. Je crois savoir que Montgomery veut se dessaisir de cet ensemble muséal pour la coquette somme de1,5 millions d'euros, ce qui est au dessus des moyens de la Première Fondation à Uccle. J'ai donc décidé de constituer un ensemble rival pour une fraction de ce prix avec l'aide de Monsieur Boudin de la Galerie Mingei, et ce faisant j'ai beaucoup appris sur ce qu'est l'esprit Mingei et je pense pouvoir vous en parler sans dire beaucoup de bétises. Le problème majeur est le temps qui m'est imparti. Il faut que je réunisse un ensemble significatif avant trois ans alors que Mongomery a plutôt bénéficier de trois décénnies! J'espère m'en tirer à cause d'un plan dirigé vers une pédagogie pour le public et la constitution d'un musée Mingei, alors que Montgomery avait l'esprit d'un collectionneur et que ses choix étaient, ce me semble esthétiques, dédaignant les petits objets modestes et quotidiens tels que les Oribé. Leur petite taille faisait d'ailleurs l'objet de la critique de Marina Fédier, une autre enthousiaste de la fondation, qui n'aime pas la prépondérance des petites pièces, qui font bric à brac. Elle est comme Montgomery sensible à l'aspect esthétique des pièces exposées et pense qu'un musée se doit de montrer des grandes pièces majestueuses et prestigieuses. Vous pouvez vous procurer un très beau livre, non encore épuisé, sur la collection Montgomery, sous le titre de Beauté éternelle l'Art traditionnel japonais aux éditions du Seuil. Mais le plus intéressant à mon sens est hélas épuisé, mais peut être pourrez-vous le trouver par l'internet : " Michael Dunn, Formes et matières. Les arts traditionnels du Japon. 5 continents Milan 2005."
L'ambiguïté de l'esprit Mingei d'après Yanagi Sõetsu.
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Elle provient de l'esprit Mingei tel qu'il a été défini par l'école de l'illustre maître Sõetzu Yanagi. La philosophie de ce dernier est énoncée en 5 points dont les 3 et 4, postulent que les objets mingei sont vendus à des prix économiques et produits en grande quantité, qu'ils ont une apparence naturelle et saine plutôt que l'élégance affichée de l'art pour l'art, Outre l'aspect subjectif et arbitraire de ces assertions (qu'est-ce qu'une apparence saine?) la pratique les contredit d'une manière flagrante , à commencer par la maison de Sõetzu et son fils Sori proche du designe a fait un siège horriblement cher et particulièrement inconfortable pour notre séant! Beaucoup des objets de Sõetzu dont les magnifiques calligraphies sont visiblement dépourvu de toute fonction autre qu'esthétique et poétique et sont produits en faible quantité.
En revanche, le Maître a raison lorsqu'il écrit en 1933 : il doit être modeste mais non de pacotille, bon marché mais non fragile. La malhonnêteté, la perversité, le luxe, voilà ce que les objets Mingei doivent au plus haut point éviter : ce qui est sincère, sûr, simple, telles sont les caractéristiques du mingei. (Cité dans les cahiers de la céramique et du verre, tiré à part du N° 163, Novembre 2008).
Là où le bât blesse, c'est l'insistance doctrinale sur l'anonymat, les grandes quantités produites, l'élégance affichée de l'art pour l'art, le bon marché. Ces conditions conviennent à une catégorie de produits : ceux produits industriellement, encore que la modestie ne soit pas toujours de mise (qu'on pense à tel objet de masse dont le prototype (signé et revendiqué par un designer célêbre) est horriblement coûteux. C'est ce qui explique les affinité, et même la consanguinité entre la doctrine de Sori et du design moderne et la collaboration fructueuse entre l'occident chic et épris de nouveauté, et le Japon. A l'exposition Mingei qui s'est tenue à la Maison du Japon, on trouvait des calculettes, de la vaisselle bon marché, des aspirateurs, des appareils de photo, et autres objets usuels soit banaux saoit frisant le gadget. La banalité issue de l'invasion des produits dans les étalages et de la qualité souvent médiocre et non durable. Souvent ces formes vieillissent mal et visent l'effet plutôt que la sincérité. Tant qu'à faire on préfère infiniment les réalisations des maîtres issus du Bauhaus, tels Saarinen, le créateur des tables et des chaises tulipes, ou l'inusable Mies van der Rohe.
Ce parti-pris est particulièrement pervers et anti-humaniste dans la mesure où il nie l'individu et son talent particulier. Son fonctionnalisme obtus l'apparente aux dictatures gauchistes ou hitleriennes ou au réductionnisme américain. Il faut au contraire affirmer avec force ce qu'un coup d'oeil dans la production mingei, que pour un objet donné comme une poterie ou un vêtement de pompier en cuir, tous les objets ne se valent pas, loin de là. Les prix sont calculés en conséquence et il faut une patience infinie bien souvent pour obtenir le haut du panier. Montgomery et moi-même en savons quelque chose.
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Wednesday, 4 March 2009
CHRONIQUE
La nuit
Celle à laquelle je fais allusion n'a pas de rapport avec le poétique et talentueux billet de S*** qui nous fait regretter de ne pas le voir suffisamment dans ce blog. Mais il est si occupé. Entre les affaires, sa famille, ses amis, que lui reste-t-il comme temps disponible? En ce qui me concerne, le cas est bien différent et je ne sais si je dois m'en réjouir. Je vis en solitaire, bien que de nombreux amis de coeur me soutiennent et m'aiment profondément.Je l'ai découvert en cette occasion. Mais il est difficile de dormir avant 7 heures du matin. Je mer attrape par un petit somme l'après-midi. M.Billy, mon kinesithérapeute utilise des méthodes quelque peu chinoises. Il me masse la plante des pieds, et presque aussitôt, je tombe dans un lourd sommeil.
En ce moment, j'emploie mes nuits à terminer l'énorme travail de révision de la deuxième fondation, projet admirable dont l'existence dépend de l'accueil qu'aura le nouveau plan. Socrate, le proprétaire des collections veut toujours plus de cohérence, plus de ce qu'il appelle la logique mais qu'il n'arrive pas à définir. Cela est désespérant. Demain après-midi tout sera achevé et prêt à être envoyé sous scellés, comme une bouteille confiée aux bons soins d'une mer agitée.
Pour ne pas devenir fou ou obsédé, j'alterne ce travail ingrat avec des lectures. Je relis en ce moment Steps de Jerzy Kosinski un chef d'oeuvre d'écriture que je vous ai déjà conseillé, et que vous pouvez commander chez Smith à Paris, ou trouver au hasard de l'internet, en version française. Je me suis aperçu que ma lecture, voici trente ans, avait été superficielle et s'était arrêtée vers le milieu du livre. Je comprends à présent pourquoi. Les critiques disent que l'angoisse que secrètent les nouvelles qui composent l'ouvrage est inexplicable. Il ne s'y passe rien, et en apparence il n'y a rien d'impressionnant dans cetrte suite de récits qui se succèdent comme des rêves éveillés et se terminent en queue de poisson. On attribue cette atmosphère angoissante à l'écriture transcendante du styliste qu'est Kosinski. Mais cela n'est qu'imparfaitement exact. Le personnage qui se raconte dans un style existentialiste, sans aucune trace d'émotion, est troublant. Et d'ailleurs d'une séquence à l'autre est-ce le même personnage qui se révèle. N'y a-t-il pas une femme aussi qui prend le relais. On pense ici aux sonnets à M. W.H. de Shakespeare, eux mêmes relayés par Le Jardin des Grenades d'Oscar Wilde. Une confusion des sentiments, décrite admirablement par Stefan Zweig envahit comme une brume nostalgique les propos pourtant neutres du conteur. On sent, sans pouvoir le définir, un mélange de bisexualité, de cruauté et même de sadisme pointer à fleur de texte, cette peau de l'oeuvre.
En reprenant la lecture de Steps je compris à la fois pourquoi j'en arrêtai la lecture à mi-chemin, et d'où venait l'horreur latente présente dès le début. Le conteur -on ne sait si c'est le même personnage du début- se révèle un véritable monstre de perversité et de sadisme. Imprégné par les pires évocation de ce que le nazisme avec ses camps de concentration, le stalinisme et ses camps de rééducation, Pol Pot avec son renversement des valeurs, ont pu imaginer de plus affreux. Le fanatisme en moins à l'image du sinistre Dr. Mengele et de ses expérience sur les juifs. On saisit alors la problématique posée par Coetzee dans Elisabeth Costello, cet esprit du mal qui par son évocation fait mourir une seconde fois les victimes des tortures hitleriennes. Pour Coetzee, le mal est quelque chose de vivant, de concrêt, qui peut nous contaminer comme un virus contagieux. On ne peut impunément le convoquer sans en être atteint. C'est cet esprit du mal, dépourvu de tout fanatisme, détaché de toute haine qui s'est emparé du héros de Kosinski. C'est lui qu'on reconnait dans la cruauté des enfants s'amusant à démembrer un papillon, en lui arrachant successivement les ailes, les pattes, les yeux, en faisant durer le plus longtemps possible l'agonie de l'animal. C'est également ce qu'expérimentent dans une classe de potaches le souffre-douleurs attitré, en proie aux humiliations les plus perturbantes, objet de paris sur sa resistance, en attribuant la palme à celui qui le fera le premier craquer. J'ai vécu cela dans mon adolescence, et cela m'a marqué comme un fer rouge. Alors?
Alors je pense au soir de ma vie, qu'il ne faut se souvenir que des bonnes choses, que de l'amour et de la considération que vous portent vos proches, de bannir toute pensée de vengeance sans tomber dans l'angélisme et le relativisme. Laisser impuni un scélérat, est porter tort à toutes les victimes qu'il est encore susceptible de faire. Mais le but est toujours positif et inspiré par l'amour du prochain. Mais cet amour doit s'exercer comme je viens de l'écrire avec discernement et le scélérat doit être pardonné quand il prend conscience de ses méfaits et qu'il se repent sincèrement.
De quel droit puis-je m'arroger la prétention de juger du bien et du mal? Aucun c'est là affaire de foi et il est facile de me critiquer pour mon orgueil. Mais si au contraire j'adopte une position neutre, je me rallie au tout se vaut, et je donne raison au bourreau de Kosinski, comme aux négationnistes et aux oppresseurs légaux.
Je me fais la réflexion que si mon plan est rejeté, mon travail ruiné, ma deuxième fondation tuée dans l'oeuf, cet effort m'aura permis de me familiariser avec la numismatique, l'histoire, la bibliophilie, et la spendeur des grands livres d'heure que j'ai pu tenir dans mes mains commele Marmion-Bening de Tenschert. Celui-ci pour qui j'éprouve le plus grand respect pour son extrême exigence de qualité, et j'espère initier une amitié qui me comblerait, fait partie de marchands comme Clavreuil et des experts comme Claude Burgan, qui ont apporté à l'éternel étudiant que je suis, leur immense compétence et leur passion. Mon but est d'ouvrir cet enseignement plein de feu et de discernement, à des hommes de bonne volonté qui souhaitent sincèrement se cultiver. C'est là le but de mes fondations. Loin d'être le fruit d'une fringale de collectionneur, ou de l'instinct irraisonné d'un amateur cultivé, mes collections sont faites pour circuler dans le monde, pour être touchées, ressenties, expliquées par des humains et non des logiciels!
Une extraordinaire compensation m'a été donnée par mon sponsor, appelons-le Aristote, qui m'a pris pour partenaire spirituel pour la fondation à laquelle il a donné mon nom et celui de ma soeur, à UCCLE, près de Bruxelles. En dépit de difficultés dues à la crise qui l'a durement touché, il a tenu à honorer ses engagements avec une rare noblesse de coeur et d'esprit. La fondation Lussato-Fédier n'ouvrira pas ses portes avant un an à cause des lenteirs administratives qui en Belgique sont encore plus pesantes qu'en France. Mais cela ne nous empêche pas de rassembler les oeuvres que nous comptons exposer. Mon but, particulièrement ambitieux est de rassembler un ensemble qui tienne le second rang mondial et le premier en Europe, voire aux Etats Unis. Une des niches que nous avons découvert, est l'art populaire du Japon, dit Mingei, à l'opposé de l'art précieux des hauts dignitaires. Une autre niche est le chamanisme du Nepal, au pied de l'Himalaya, qui est en pleine investigation et pour laquelle je bénéficie de l'aide de François Pannier (Galerie Le toit du monde). Nous pouvons avec l'aide de notre marchand spécialisé, constituer non seulement une collection significative, mais aussi organiser des séminaires pour experts, sponsoriser des études dans ce domaine. Mais alors que le musée Mingei se développe rapidement grâce à l'aide précieuse de M.Boudin qui tient la galerie Mingei rue Visconti à Paris, il est beaucoup plus difficile à avoir accès à des pièces majeures de l'Himalaya. Dès à présent, la collection Mingei comprend 75 pièces soigneusement sélectionnées et parmi les meilleures qu'on puisse trouver : textiles, masques, objets courant mais de haute qualité, merveilleuses poteries, et même une paire de paravents représentant l'accouplement nuptial des renards, décrit par Kurosawa dans le premier de ses rêves !
J'espère consacrer le prochain billet à un survol illustré de notre collection Mingei. En attendant, je me remets au travail éreintant de la mise au point du plan "logique" de la deuxième fondation. Bonne nuit. Bruno Lussato, 1h50 le 5 mars 2009.
Monday, 2 March 2009
Actuellement et jusqu'en juin se donne une exposition formidable " la Nuit par Van Gogh" à Amsterdam. J'espère bien pouvoir m'y rendre. En attendant, la nuit offre ce merveilleux moment, où le tumulte des hommes s'apaise et pour un moment il est possible de communier avec le monde en oubliant les égoïsmes et les petitesses qui parsèment nos jours. Ma contribution personnelle à une perception de la Nuit essaye de témoigner de ce calme nocturne... S***
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CHRONIQUE
La vente du siècle.Suite de la saga
J'ai reçu hier la visite d'une charmante journaliste qui couvre la vente et qui a bien du mal car nul ne veut parler. L'omertà semble être de rigueur et j'avoue que je comprends cette prudence, ne sommes-nous pas en France, pays de la suspicion, de la malveillance envers tout ce qui dépasse la norme, de la jalousie, de l'arbitraire? J'ai accepté à condition qu'il ne soit pas fait mention de mon nom, car je me suis promis de ne jamais sortir de l'ombre où mes sponsors et protecteurs me cantonnent. La seule exception - toute relative - est ce blog, qui vous l'aurez noté respecte rigoureusement l'anonymat des gens que je critique.
En revanche j'ai obtenu, et je continue d'obtenir des informations ahurissantes qui laissent apparaître cette vente sous un jour inédit. Par exemple un des clous de la vente était une paire de têtes provenant du palais de l'empereur, contestée par la Chine qui veut les récupérer comme étant un bien volé voici bien longtemps et qui a fait un prix record. Or il parait que ces pièces sont frappés par la malediction de l'empereur, puisque l'acheteur se rétracte. Il ne peut simplement pas payer. Par temps de crise, tout peut arriver. J'ai appris aussi que le grand catalogue officiel à la disposition des acheteurs ne porte aucune indication permettant de savoir que les Della Robbia (que j'ai acheté) sont apocryphes. Le catalogue édité par l'internet est en contradiction avec le catalogue officiel de même que l'annonce du commissaire priseur qui s'est bien gardé de rectifier l'estimation et d'annoncer la vérité. Le seul moyen pour un quidam comme moi, était d'assister aux premières minutes de la vente! Alors que je faisais la queue pour consulter le catalogue officiel, également mensonger!
Je souhaite que toute cette affaire se termine dans l'élégance par égard à l'honorabilité de Pierre Bergé.
A suivre
Saturday, 28 February 2009
Chronique
Photos de la vente du siècle
Je devrais recevoir prochainement les photos officielles de la vente avec autorisation de les diffuser sur le blog. En attendant, je vous communique quelques images prises à la fin de la dernière session. Auparavant vous voyez la version Jésus de L'Entretien dont je vous entretiendrai plus bas.
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Me voici avec l'équipe impressionnante et hyper efficace des téléphonistes de la
vente du siècle.
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.Me voici à la fin de la vente, auprès du podium, tout content d'avoir acquis un lot, qui s'est révélé apocryphe;
Potins de la vente
On dit qu'une grande partie des tableaux achetés chez Alain Tarica, ne se sont pas vendus. J'avous pour ma part que Tarica ait vendu des Gericault au couple, lui dont le père dédaignait mes Tàpies.
Lorsque je visitai l'exposition de Koons à Versailles, la foule était indescriptible. J'attribuai cet engouement à la la curiosité,, par la provocation de l'artiste. Mais point du tout! Nul n'avait entendu parler de Koons. On était là uniquement pour voir Versailles!
De même l'enthousiasme pour la vente du siècle ne toucha que peu nos couches populaires. France-Soir n'en a fait aucune mention, ni mon employée de maison. Cette dernière qui sait mieux manier un ordinateur qu'un grille-pain, n'avait que vaguement entendu parler de l'évènement. Mon avocat et ami Me Daninos, me fit don d'un livre extraordinaire de Leo Perutz : Le Judas de Léonard, datant de 1959 et traduit de l'allemand en 1987, éditions Phébus. Saisi d'un soupçon, j'interrogeai mon employée : savez-vous qui est Léonard de Vinci? - Oui, ça me dit quelqie chose,ce n'est pas un roi? Réponse digne de "Le Homard de Vinci". Est-ce l'effet de la télévision, de l'Education Nationale, de l'environement? Le fait est là. Pourtant la télévision française couvrit remarquablement bien l'évènement.
La mise au net de L'Entretien
Vous vous souvenez peut^etre de ce manuscrit à peintures, sélectionné par la BNF pour figurer, honneur suprême, dans la salle des manuscrits anciens à Richelieu. L'ouvrage original comprend plus de vingt volumes de grand format, mais la première mise au net était calligraphiée avec des couleurs précieuses: or à la coquille, vermillon naturel, Lapis-Lazuli etc. Les petits volumes in-8 qui servent de support à ce travail monastique, sont une interprétation moderne de la reliure du journal de Samuel Pepys, célèbre chroniqueur, volumes vendus voici 30 ans chez Rizzoli 5 th Avenue à NewYork. Cette merveilleuse libraire en acajou et bois précieux vendait des fac-similés culturels : posters, livres d'heures, et des livres de pages blanches dont le Pepys. L'emboitage annonçait : "tout ce qui manque à ce livre de faire un chef-d'oeuvre, c'est vous. " Ne pouvant me payer un original, je relevai le défi en réalisant mon propre "chef d'oeuvre" (Au sens d'oeuvre de compagnonnage". Ce fut le célèbre calligraphe Claude Mediavilla qui m'initia et traça l'alphabet du "chef d'oeuvre". Je remplis ainsi un volume et un autre qui resta en suspens. Une des raisons à cela, est que je perdis mon acuité visuelle et je fus obligé de porter des lunettes. Une autre était le temps pris par la réalisation d'une page : plus de trois heures et demie. Ce temps était trop lent pour suivre ma pensée qui était bien adaptée à la spontanéité et la tolérance à l'erreur des livres carrés, aujourd'hui les originaux. Depuis j'en tirai un grand nombre de moutures imitant les livres de J.M.Ricci ou encore des innovations numériques,sur photoshop.
Aujourd'hui je décidai de faire le ménage dans ce texte foisonnant et choquant dans bien des pages. A ne pas mettre entre toutes les mains! C'est un grand travail de re-création et j'avais le choix entre deux solutions : de grands volumes format Jésus, très majestueux et permettant une exécution rapide. Vous en avez un exemple en tête de ce billet. Les matières employées, sont de qualité moyenne : gouaches Uni Posca, Or et argent Pentel, grands titres au feutre calligraphique etc....
L'autre possibiliité fut de continuer le manuscrit Pepys, abandonné voici trente ans pour les raisons que j'ai mentionnées. Il y en avait une autre. Dans un souci de variété, j'adoptai une caroline (du temps de Charlemagne) mais je m'aperçus que ni cette écriture, ni la gothique, ne me convenaient. Elles étaient pour ma main, contre-nature. Mon écriture normale, prevenant sans doute de mes ascendances florentines, est l'humaniste: droite ou cursive, dite de Chancellerie (Cancelleresca).
Je me procurai chez Sennelier les matières précieuses nécessaires : poudre d'or et d'argent, gouaches à l'oeuf, aquarelles Rowney etc. (voir ci-dessous) sans compter les précieuses plumes calligraphiques Brause, de 2mm et de 5 mm. Hélas des déconvenues m'attendaient, dues à la perte d'un savoir-faire des grands fournisseurs de ces produits nobles. Si c)ela vous interesse, continuez la lecture sur le corps du billet..
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De bas en haut : petits pains d'or (pur) et d'argent à la coquille. Mortier pour broyer les couleurs, pierre à encre et son bâton, brunissoir en agathe, boite de voyage Rowney contenant un réservoir d'eau et un godet, couleurs Rowney et Windsor et Newton, tempera à l'oeuf Sennelier.
Ce matériel est de qualité bien inférieure, de son équivalent d'il y a trente ans. Par exemple la boite portative d'aquarelles Rowney est d'une finition grossière à la peinture, alors qu'elle était jadis cuite au four. Les temperas de Musii à l'oeuf et au miel, utilisées pour retoucher et retoucher les tableaux anciens, ont disparu, il est impossible de s'en procurer et la liste est illimitée.
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Chronique
Les dessous douteux de la vente du siècle
J'enrage! Une fois de plus. J'ai suivi scrupuleusement toutes les directives d'Emmanuel, non seulement en enregistrant constamment les billets, mais en veillant à ce que toutes les heures, je fermele billet pour le réactualiser. J'ai donc fait un important billet, un des plus détaillés que j'aie commis, et tout d'un coup tout est effacé. Je devrai tout recommencer. Mais la même mésaventure peut encore survenir. En attendant l'arrivée d'Emmanuel, je vais donner un bref condensé du contenu du billet.
1. Le commissaire priseur qui m'a vendu le Della Robbia, s'est bien gardé de l'annoncer comme un copie postérieure. Il s'est couvert en disant que dès le début de la vente, la copie apocryphe était annoncée et qu'on n'avait qu'à consulter le catalogue complet (et non le guide qui ne signale pas la supercherie). Mais le catalogue n'était plus disponible depuis Dimanche, ou il a été pris d'assaut par des gens soucieux de garder un souvenir. Pis encore, la consultation sur place avant la vente n'était pas possible, l'unique exemplaire mis à la disposition du public pour consultation étant pris d'assaut. Le temps d'y accéder, j'aurais perdu l'annonce de la fraude. Je mle suis donc fié à l'annonce du commissaire priseur qui aurait dû annoncer non pas "de l'atelier de della Robbia, 1520, mais",copie apocryphe d'un della Robbia". L'annonce était donc mensongère et délibérément fausse. J'ai bien entendu une foule de témoignage d'amis et de collectionneurs qui peuvent témoigner de cette bévue.
2. Je ne doute pas que Pierre Bergé, dont j'ai dit dans un précédent billet, l'admiration que je lui porte, essayera de réparer ce dommage. Cela m'est arrivé dans le passé, où la Galerie Louise Leiris m'a donné satisfaction à propos d'un faux Léger, alors que légalement elle n'y était pas obligée, afin de sauver l'honneur de Kahnweiler.
3. La provenance d'une pièce est primordiale. C'est le grand marchand qui fait la collection (comme Alain Tarica pour les tableaux modernes) et il faut le suivre et coopérer avec lui de façon permanente.Cela a été la règle pour Pierre Bergé, et Yves Saint Laurent. Mais la pièce que j'ai acheté ne faisait pas mention d'une quelconque référence, pas plus d'ailleurs que le Bouddha, que je ne regrette plus d'avoir manqué. On voit le résultat. C'est la raison pour laquelle les grandes fondations comme Getty, et les grandes collections, préfèrent payer le double un marchand plutôt que d'acheter directement aux enchères. La Deuxième Fondation suit ce principe: Claude Burgan pour la numismatique,Heribert Tenscher pour les manuscrits à peintures, ou Stéphane Cavreuil pour les livres anciens.
4. Les estimations sont souvent absurdes et entrainent des résultats absurdes.Je pense à ceux qui ont payé un bloc de Pyrite à jeter à la poubelle. (evidemment sans provenance).
5.J'attends les photographies officielles de la vente pour illustrer le blog.
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